Avatar 2 : La Voie de l’Eau aura droit à sa cohorte de superlatifs. Il faut dire que James Cameron est un habitué du genre : Terminator (1984), Aliens, le retour (1986), Titanic (1997) et Avatar (2009)… Le réalisateur canadien dispose d’un CV culte. Cette suite du gigantesque succès de 2009, qui a propulsé le septième art dans l’ère de la 3D performante et immersive, est un spectacle total.
Fort des avancées technologiques de la dernière décennie, James Cameron va offrir aux spectateurs un show son et lumière grandiose à défaut d’être inédit. Le choc du premier Avatar ne peut plus être dupliqué, car le public est désormais habitué à la 3D. Pourri-gâté même. Les salles obscures sont devenues des petits bijoux de technologie avec des sièges qui bougent, de la 4D, du son Atmos, de la résolution IMAX, des contrastes inédits… Les images en 4K ou 8K sont à présent partout, y compris dans nos salons et nos téléphones portables. Le choc est moins aisé.
Les derniers grands block-busters, des Marvel ultra-populaires à la SF plus pointue comme le Dune de Denis Villeneuve, ont prouvé que les effets spéciaux avaient atteint un niveau stratosphérique. Pas essence, difficile à dépasser. Avatar 2 réussit l’exploit d’être un cran au-dessus de toutes les autres productions passées sur l’aspect purement technique. C’est spectaculaire à voir, mais la différence n’est pas aussi nette, aussi historique, que ne l’était la sortie du premier Avatar. La faune et la flore de la lune Pandora restent médusantes à observer et les scènes d’action bénéficient d’une fluidité presque perturbante grâce à la 3D en plage dynamique élevée (HDR) et à la fréquence de 48 images par seconde.
À écouter
ON VOUS EN REPARLE – Avatar 1, la superproduction devenue culte dès sa sortie en salles en 2009
00:03:40
Là où le film brille, c’est lorsque la caméra s’arrête sur les visages de nos héros. Les pores, les reflets dans les pupilles… Les résultats sont toujours aussi saisissants. Les scènes avec certaines créatures volantes et les sourires béats de quelques personnages donnent parfois l’impression de regarder un jeu vidéo. Un excellent jeu, mais plus un film… Techniquement, c’est très propre, mais certains plans nous font sortir de l’illusion…
Pour le reste, préparez-vous à en prendre plein des yeux pendant les 192 minutes que dure le film. Les scènes spatiales sont très belles (on en voudrait d’ailleurs un peu plus) et le nouvel environnement aquatique de nos héros en fera rêver beaucoup. La caméra est presque systématiquement entre air et mer, pile sur la ligne d’horizon et l’oscillation entre le spectacle aérien et sous-marin reste un vrai plaisir. Mais Avatar 2 est-il un gigantesque clip technique pour montrer la beauté d’images aux couleurs saturées, comme il en passe en boucle dans un magasin de téléviseurs, ou est-il un vrai bon film de science-fiction ?
La coimmunion avec la faune locale est toujours au cœur d'”Avatar 2″
Crédit : 20th Century Studios
Plein la rétine
Nous n’allons pas ici vous spoiler sur l’intrigue de ce deuxième film et simplement évoquer les thématiques et la construction narrative de cette suite. Vous pouvez donc lire la suite de cette critique en toute tranquillité. Si vous ne voulez absolument rien savoir de La Voie de l’Eau, nous vous conseillons alors simplement de revoir le premier film avant de vous rendre au cinéma. Avatar 2 ne commence pas par un récapitulatif franc et direct du film précédant, mais James Cameron réussit assez subtilement à nous faire revenir à Pandora et à nous présenter à nouveau ses personnages par petite touche.
Comme pour les spectateurs, le temps a passé. Jake Sully (Sam Worthington) et Neytiri (Zoe Saldana) sont désormais des parents et leur petite famille vit en toute tranquillité dans la tribu Na’vi de la forêt où nous les avions laissés. Les humains sont toujours dans le coin et en particulier quelques scientifiques qui entretiennent de bons rapports avec les habitants de Pandora. L’un d’eux, le jeune “Spider” (Jack Champion), fils du méchant du premier film, est une sorte de Tarzan 2.0. Enfant bondissant aux dreadlocks blondes, le jeune Spider fuit régulièrement la colonie humaine pour retrouver les Na’Vi et les enfants de Jake et Neytiri pour vivre parmi eux…
Dans ce contexte presque idéal, une (pas si) nouvelle menace plane sur notre petite famille. Un clone de Miles Quaritch (Stephen Lang), qui dispose des souvenirs du colonel abattu à la fin du premier film, est bien décidé à se venger. On retrouve là une structure narrative extrêmement classique. Notre clone dispose de la même personnalité et suit presque exactement le parcours de sa version originelle. Il veut capturer Jake Sully, considéré comme un traitre de l’humanité et sa famille toute entière est dans son viseur.
Rencontre avec le réalisateur James Cameron à 3 jours de la sortie en salles du film “Avatar, la voie de l’eau”
Laissez-vous tenter
Le film est un long duel entre le couple et le colonel qui vit dans un Avatar lui aussi et essaye, avec une petite grappe de mercenaires sans personnalités, de s’emparer d’une nouvelle substance très précieuse de Pandora. Après le métal rare pour créer de l’énergie de Avatar 1, l’humanité veut extraire une substance animale offrant la vie éternelle dans Avatar 2… James Cameron continue sa fable écologique mais n’offre que peu de nuances et un duel trop manichéen pour véritablement marquer et faire réfléchir. La technologie c’est mal, la nature c’est bien. L’argent c’est mal, la famille c’est bien… La morale manque de finesse.
Le film nous propose un petit goût de déjà-vu avec des personnages qui n’évoluent qu’à la marge, des ambitions prévisibles et une absence presque totale de surprises. À l’exception d’un événement final qui (comme avec la mort du Dr Grace Augustine – Sigourney Weaver – dans le premier film) vient donner un coup d’accéléateur émotionnel bienvenu dans les dernières 20 minutes, Avatar : La Voie de l’Eau flotte tranquillement. Pas de vague, pas d’aspérité.
Coeur et technologie
Comme pour le premier Avatar, James Cameron brille par sa capacité à créer l’émerveillement en revanche. En présentant de nouveaux personnages (les enfants de Jake et Neytiri, Spider…) et un nouveau royaume aquatique qui accueille nos héros exilés, le réalisateur nous fait voyager. Il prend le temps (peut-être un peu trop) de présenter cette nouvelle culture Na’Vi très inspirée par le folklore polynésien. On regrettera peut-être que cette inspiration soit trop marquée pour être crédible (on se trouve sur une lune très lointaine de la Terre tout de même, plus d’inventivité aurait été appréciée pour ce film de SF).
Les rivalités entre les adolescents, les dynamiques familiales “père-fils”, “frère-frère” fonctionnent et offre un peu de relief à La Voie de l’Eau. Les amoureux des documentaires animaliers sous-marins seront aux anges avec certains plans sublimes conçus par le réalisateur pour magnifier la faune et la flore des océans. Ceux qui n’y sont pas sensibles pourraient trouver le temps long… Les fans de Titanic retrouveront certains clins d’oeil immanquable à la fin du film. Comme pour le premier film, certains aspects de l’intrigue se résolvent grâce à un “Deus ex machina” facile voire fainéant. Certaines réactions, comme la loyauté vacillante du jeune Spider (dont le jeu d’acteur est souvent discutable), manquent de logique et donc de crédibilité.
“Spider” dans “Avatar 2”
Crédit : 20th Century Studios
La fable écologique et familiale destinée à un public très large restera probablement à tenir loin des yeux des plus jeunes : la faute à la durée du film et des scènes violentes (beaucoup d’armes, de soldats empalés et une amputation trop drôle pour être honnête). On apprécie malgré tout l’envie de James Cameron de placer la cellule familiale au coeur de son intrigue (même si certains membres sont mieux traités que d’autres). On peine encore à voir où le Canadien veut nous mener avec les prochains films tant la fresque qu’il essaye de dépeindre nous échappe encore. Peu de questions restent en suspens à la fin du film et le destin de Pandora et ses mystères restent encore à écrire…
En somme, Avatar : La Voie de l’Eau est un spectacle visuel (et auditif) prenant. L’action et la beauté des images nous emportent. Le rythme pourrait-être plus maîtrisé, la durée réduite et le scénario manque encore d’ambition dramatique pour véritablement marquer les esprits et les coeurs. James Cameron nous raconte sans cesse dans cette franchise que les machines et l’argent ne peuvent triompher face à la nature et aux émotions. Mais, au final, c’est bien le budget et la technologie qui l’emportent sur l’histoire. Une trajectoire que les prochains volets pourraient aisément rectifier cependant…
We would love to thank the writer of this article for this awesome content
“Avatar 2” : au-delà du tour de force technologique, “La Voie de l’Eau” conte-t-elle une belle histoire ?
Take a look at our social media profiles as well as other related pageshttps://nimblespirit.com/related-pages/