DVDFr | MacArthur, le général rebelle : le test complet du Blu-ray

Film de guerre produit par Franck Mc Carthy pour
Universal, doté d’un casting de stars et d’un gros
budget.

Un discours à l’école militaire de West Point (qu’il
considère comme sa véritable demeure) est l’occasion pour le
général américain Douglas MacArthur (1880-1964) de se
remémorer sa vie. Vainqueur de la guerre contre l’armée
japonaise aux Philippines durant la Seconde guerre mondiale
puis gouverneur militaire (1945-1950) du Japon sous occupation
américaine, enfin à nouveau général combattant durant la
guerre de Corée (1950-1953) où il s’oppose au président Truman
concernant la stratégie. Auréolé d’une grande popularité,
MacArthur fut candidat malheureux à l’élection présidentielle
américaine en 1948. Il était convaincu que Dieu lui avait
donné pour mission de défendre la liberté et de vaincre le
communisme : mission qu’il accomplit brillamment lors de sa
victoire d’Incheon en Corée.

MacArthur le général rebelle (MacArthur, USA
1977) de Joseph Sargent est une production à mi-chemin entre
téléfilm gonflé et film de cinéma. Dotée d’assez gros moyens
par la Universal, tournée en écran large, en partie en Corée
du Sud et avec le concours de l’armée américaine, d’un casting
de stars et d’une solide mise en scène, son titre français
d’exploitation d’époque est à double sens. MacArthur n’est
nullement rebelle envers les valeurs qu’il défend : Dieu,
l’armée et les USA. Il est rebelle, à l’occasion, envers les
présidents américains Roosevelt et Truman qu’il juge
incapables de défendre correctement la constitution : ainsi,
il s’oppose à Truman pendant la guerre de Corée. Truman la
considère comme une large opération de police alors que
MacArthur la considère comme une guerre avec la Chine
communiste de Mao.

MacArthur, le général rebelle

Évidemment, on songe immédiatement, lorsqu’on visionne ce
film, au Patton (USA 1972) de Franklin J. Schaffner
: même démesure, même énergie indomptable, même rigueur du
personnage historique principal. Dans les deux cas, il s’agit
de films de propagande dont Frank McCarthy fut le commun
producteur – Frank McCarthy était un ancien général qui avait
travaillé sous les ordres du général Patton : il produisait
donc en connaissance de cause des films sur les généraux de la
Seconde guerre mondiale – en faveur de l’armée et contre les
hommes politiques incapables d’appréhender dans son essence le
phénomène de la guerre. MacArthur est, dans cet esprit,
d’autant plus à l’aise pour réclamer publiquement la
suppression de la guerre qu’il prétend la connaître mieux que
d’autres. Inversement, par pur pragmatisme militaire, il
refuse une victoire trop écrasante à l’encontre du Japon,
conscient que le Japon sera un allié du monde libre contre le
communisme en Asie.

Davantage qu’une biographie visuelle sélective,
MacArthur est une hagiographie militariste sincère qui,
dans le contexte de l’époque de sa production, est tout autant
« réactionnaire » que l’était Patton. Les scènes
d’action sont efficaces, leur niveau de violence graphique
parfois assez élevé mais la mise en scène de Sargent est moins
ample que celle de Schaffner, plus intimiste, peut-être à
cause du scénario qui visait davantage la télévision et la
vidéo que le cinéma en privilégiant des plans de
demi-ensemble. La musique de Jerry Goldsmith est ici
impersonnelle, fonctionnelle, sans saveur. La photo de Mario
Tosi est identiquement fonctionnelle : elle est à la pointe de
la technique photographique de l’époque mais sans personnalité
particulière. Des acteurs aussi étonnants que Dan O’Herlihy ou
aussi solides que le vétéran Kenneth Tobey sont noyés dans une
masse homogène destinée à faire ressortir par contraste la
personnalité du héros.

MacArthur, le général rebelle

Un mot sur l’acteur principal Gregory Peck : on a
l’impression, par moments, en le voyant jouer ce rôle, qu’il
se prépare en 1977 à jouer le rôle de Mengele dans
Ces garçons qui venaient du Brésil (The Boys
From Brazil
, USA 1978) de Franklin J. Schaffner. C’est une
impression rétroactive qui est évidemment fausse puisque, sur
le plan de l’histoire du cinéma, c’est l’inverse qui est vrai.
Ce rôle de MacArthur l’a néanmoins certainement de facto
préparé, par moment, à celui qu’il allait tenir l’année
suivante. Je pense à certains dialogues du personnage, à
certaines expressions du visage, à une virulence parfois assez
démentielle du discours adressé aux soldats : rien que pour ce
lien avec le titre de Schaffner de 1978, il est intéressant de
posséder ce film de Sargent de 1977 dans sa vidéothèque. C’est
en effet bien dans le titre de 1978 que l’acteur tient son
dernier grand rôle, pas dans ce film de Sargent de 1977 où il
est cependant, comme d’habitude, très bon.

En 1977, Joseph Sargent (1925-2014) était partagé, comme il
l’avait pratiquement toujours été depuis le début de sa
carrière vers 1960, entre production cinéma et production TV.
Il a parfois manifesté une certaine personnalité, notamment à
l’occasion de ses quelques rares films fantastiques
(Le Cerveau d’acier en 1969 qui avait eu les honneurs
de la Cinémathèque française du Palais de Chaillot et
En plein cauchemar en 1983 qui avait eu ceux des
salles de boulevards parisiennes). Mac Arthur s’avère
assurément moins personnel mais c’est un film de guerre où
Sargent domine aisément et intelligemment les assez gros
moyens mis à sa disposition sans négliger le portrait
psychologique et sociologique des protagonistes.

MacArthur, le général rebelle

1 Blu-ray BD50 régions ABC édité par Elephant Films le 02
mars 2022. Durée film : 130 min. Image couleurs au format 1.85
compatible 16 / 9. Son : DTS-HD Master Audio VOSTF et VF
d’époque 2.0 mono. Suppléments : présentation par Florent
Fourcart + bande-annonce + bandes-annonces de la
collection.

Présentation du film par Florent Fourcart
(30’ environ) : illustrée d’extraits du film (par-dessus
lesquels le présentateur parle mais pas toujours) elle
paraphrase la vie du général et donc le film lui-même durant
d’assez nombreuses minutes mais se rattrape ensuite en
délivrant des informations intéressantes, notamment sur le
producteur McCarthy (qui n’a pas de lien de parenté avec le
célèbre sénateur du même nom). J’émets des réserves, en
revanche, concernant la segmentation de l’histoire du film de
guerre américain sur laquelle s’étend de longues minutes le
présentateur : il n’y a pas à mes yeux davantage ou moins de
réalisme à telle ou telle époque, dans le cinéma de guerre
américain. La guerre du Viêt-Nam ne marque pas non plus une
étape particulière dans l’histoire du genre contrairement à ce
que la plupart des journalistes actuels pensent : les autres
guerres ont donné lieu, tout comme celle-là, à une
filmographie tout aussi variée, pro comme contra. S’il en
fallait une preuve, je renvoie à mon livre Flammes sur
l’Indochine – les classiques du cinéma de la guerre du
Viêt-Nam
(éditions Ovadia, Nice 2019).

Bande-annonce du film : c’est une
bande-annonce originale VOSTF malheureusement recadrée 1.37
(compatible 16/9 cependant) et en état argentique est moyen.
Son montage est dynamique et donne une bonne idée du
long-métrage de référence.

Bandes annonces de titres édités par Eléphant
Films : celles de Pour qui sonne le glas (USA 1943)
de Sam Wood, Les Cinq secrets du désert (Fives
Graves To Cairo
, USA 1943) de Billy Wilder sont des
bandes-annonces originales dont l’état argentique et numérique
est inférieur à celui des versions restaurées des
longs-métrages de référence mais qui ont valeur de document
d’histoire du cinéma ; Les Anges de l’enfer (USA 1930)
de Howard Hughes et Fear and Desire (USA 1953) de
Stanley Kubrick sont des bandes-annonces contemporaines
montées à partir des masters restaurés édités par
Eléphant.

MacArthur, le général rebelle

Format 1.85 couleurs compatible 16/9. Copie argentique
restaurée, au master numérique doté d’une bonne définition,
d’un bon contraste, d’une bonne gestion des noirs. Un ou deux
plans un peu endommagés (par exemple l’émulsion du premier
plan du générique d’ouverture, juste après le logo Universal
d’époque) mais le reste est en très bon état.

DTS-HD Master Audio VOSTF et VF d’époque 2.0 mono : offre
nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Piste
son bien nettoyée : VOSTF plus dynamique et nette que la VF
d’époque, comme souvent. Excellent doublage sur le plan
dramaturgique.

Crédits images : © Universal Pictures

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DVDFr | MacArthur, le général rebelle : le test complet du Blu-ray

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