Deux innocents massacrés dans l’Hérault avant Noël : le routard égorgeur était guidé par “les anges” et la soif d’or

Le 18 décembre, les corps de Nathalie, 57 ans, et André, 80 ans, ont été retrouvés dans leur maison cambriolée à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault). Le suspect, un espagnol se disant légionnaire, a frappé au hasard, à coups de couteau et , et son état mental pose question.

Quand les gendarmes pénètrent dans la maison le 18 décembre au soir et retrouvent José P., 38 ans, il n’oppose pas de résistance. Il s’est pourtant d’abord caché dans un placard puis sous un lit où il a été débusqué. Visage hagard, il est couvert de sang, parle d’or, se dit fils de Jésus.

Il arbore quatre montres aux poignets et, autour du cou, six colliers fantaisie de Nathalie, 57 ans, coiffeuse de profession, bonne vivante et pétillante, célibataire endurcie et fan de ses deux lapins baptisés Mademoiselle Inès et bébé Jules.

Des coups de couteau et des traces de lien

Le corps de la quinquagénaire est découvert sans vie quelques instants plus tard, sous un tas de draps et couvertures, partiellement dénudé. Elle a été battue, violée et égorgée.

Son beau-père, André, 80 ans, surnommé Dadou, ancien employé SNCF et paisible retraité aimant les barbecues, son récent jacuzzi extérieur et les bonnes bouteilles de vin, avec qui elle vivait dans cette maison de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) est, lui, retrouvé attaché, tué à coups de couteau après avoir reçu de nombreux coups au visage. Il est dissimulé sous un drap et trois matelas. Les deux victimes présentent des traces de lien.

“C’est horrible, ça peut vous arriver demain, un SDF qui rentre chez vous et qui massacre tout le monde”

“Cette scène de crime était vraiment sordide… C’est horrible, ça peut vous arriver demain, un SDF qui rentre chez vous et qui massacre tout le monde” soupire un enquêteur. Un mois après la découverte de ce huis clos sanglant, des zones d’ombre persistent mais le fil de cette épouvantable tuerie est en partie reconstitué. Avec cette certitude : le bourreau ne connaissait pas ses victimes et il est resté au contact des cadavres pendant 48 heures. Comment ces trajectoires se sont-elles croisées ?

Il y a d’un côté José P., marginal espagnol, 38 ans, qui se prétend légionnaire et même général, cheveux rasés, visage marqué, petit, trapu et le corps recouvert de tatouages. Si son casier judiciaire est vierge en France, “il présente de multiples antécédents en Espagne pour des vols avec violence et des cambriolages” indique le procureur de Montpellier Fabrice Belargent.

Ce routard vient d’Italie et déboule ce vendredi 16 décembre au soir à la gare de Villeneuve-lès-Maguelone, à dix kilomètres de Montpellier. Il aurait été expulsé par les contrôleurs dans le train roulant vers l’Espagne. Parce qu’il aurait commis du grabuge et n’aurait pas eu de titre de transport. Il a erré dans le secteur. Combien de temps avant d’approcher la maison de Nathalie et André, située à proximité ?

Un dernier SMS des victimes à l’heure de l’apéro

Le dernier signe de vie des victimes se situe à 20 h 02 quand Nathalie envoie un SMS à son meilleur ami et confident, Kris, un coiffeur basé à Nîmes où elle travaille également dans un autre salon.

“Un petit coucou de Dadou et moi pendant un apéro, gros bisous” écrit-elle en sirotant un verre de Montbazillac agrémenté de chips, dans la cuisine. Sur l’image, on y voit la fenêtre par laquelle le marginal s’est ensuite introduit.

La dernière photo prise par les victimes, au moment de l'apéro, avant d'être attaqué par le routard.
La dernière photo prise par les victimes, au moment de l’apéro, avant d’être attaqué par le routard.
DR/ML

“On faisait souvent des apéros visio. Ce soir-là, il y a eu ce message et pas plus” raconte Kris, effondré dans son salon de coiffure. “Le samedi matin son patron m’a appelé en me disant qu’il était embêté parce que Nathalie n’était pas là, or c’est une femme qui était toujours dix minutes en avance. On a essayé d’appeler sur les deux portables d’elle et Dadou, on tombait sur la messagerie”.

“Il y avait le mec dedans, il nous aurait tués”

Les deux coiffeurs hésitent à se rendre à Villeneuve le samedi soir après leur journée de travail, “Dieu merci, on n’y a pas été, il y avait le mec dedans, il nous aurait tués”. Les heures passent, leur inquiétude augmente. Et le dimanche, pendant la finale de la Coupe du monde, Kris se souvient qu’il a le numéro d’une cousine de Nathalie et l’alerte. Celle-ci prévient alors les petites-filles d’André. Avec leurs compagnons, Eva et Jade, 23 et 26 ans, se rendent aussitôt au mas.

Elles frappent à la porte, font plusieurs fois le tour de la maison, crient, entrouvrent la porte mais n’entrent pas. Par instinct alors que tout est sens dessus dessous à l’intérieur.

“La maison est à l’écart, il faisait très noir, tous les volets étaient fermés, il y avait leurs deux voitures… C’était bizarre, papi avait l’habitude de regarder tard la télé… On a appelé les gendarmes” rapportent les deux sœurs. Très émues, d’une grande dignité et encore sidérées en regardant les photos de leur grand-père.

“On devait faire Noël ensemble, c’est un film d’horreur”

 ”On est tristes, mais on ne réalise pas encore… On devait faire Noël tous ensemble, Nathalie devait nous offrir des pulls moches… C’est un truc de film d’horreur…”.

Si l’interpellation s’est déroulée sans heurt, José P. s’est tristement illustré en garde à vue. Réclamant un défenseur catalan, il refuse l’avocate de permanence parce que ce n’est pas un homme. Et quand trois femmes se sont présentées dans sa cellule – une gendarme, une interprète, une avocate – il s’est masturbé. Surtout, il a tenu des propos peu cohérents alors que les stupéfiants ont joué un rôle : il était positif à la cocaïne, à la méthamphétamine et au cannabis.

La question de l’irresponsabilité pénale va se poser

La question de l’article 122-1 du code pénal va se poser. Il dispose que “n’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes”. Conséquence : il n’y a pas de procès.

Mais la loi votée en 2021, suite à l’affaire Halimi, crée une exception : si l’auteur des faits consomme “des substances psychoactives” jusqu’à l’abolition de son discernement “dans le dessein de commettre l’infraction”, ou de se donner du courage pour commettre un délit ou un crime, il peut être jugé. Or José P. avait consommé cocaïne et cannabis.
“Il n’a pas de raisonnement clair, l’ensemble des propos est délirant, la question de son état mental se pose” avance son avocat Me Majib Diab.

“En dépit d’éléments de contexte délirants, il semble encré dans la réalité, il décrit les faits et donne des détails” rappellent de leur côté Mes Martin et Raymond, parties civiles.

Au cours de ses différentes auditions, il n’a pas contesté les faits. Il voulait cambrioler et tuer. Il s’est aussi vanté d’avoir violé la quinquagénaire à plusieurs reprises. Des actes de torture et de mutilation auraient été commis. Le marginal l’a assuré : “Des anges lui ont demandé de rentrer dans cette maison car il y avait de l’or, les anges lui ont aussi dit de s’attaquer à l’homme parce qu’il était général et avait trahi l’armée” rapporte un proche du dossier.

Il défonce les murs avec un burin à la recherche d’or

Dans ses propos d’une extrême confusion, il évoque aussi la magie noire ou rapporte qu’il est là pour faire la guerre en France… Il a en tout cas défoncé les murs de la maison avec un burin à la recherche d’or.

“Est-ce qu’il les a tués d’abord ? Est-ce qu’il les a séquestrés et torturés pour savoir où était l’or avant de les tuer ? Nous n’avons pas de réponse” déplorent Eva et Jade. Le mis en cause a également affirmé qu’il avait une deuxième adresse donnée par les anges, dans Montpellier, près des jardins du Peyrou avec, là encore, du métal précieux à chercher quel que soit le sang à verser.

“Il aurait pu reprendre le train et là…”

“Il aurait pu reprendre le train et là, il aurait été difficilement identifiable” rappelle un autre proche de l’enquête. Autre signe que tout ne tourne pas rond dans son esprit, il a, dans une chronologie qui reste à définir, pris des objets des victimes, chaussures et autres peluches, qu’il a été déposer dans l’église de Villeneuve-lès-Maguelone avant de revenir dans la maison se barricader.

José P. marginal habitué des trajets en train entre l'Italie, l'Espagne et l'Occitanie.
José P. marginal habitué des trajets en train entre l’Italie, l’Espagne et l’Occitanie.
DR/YP

“L’urgence, c’est de réaliser une expertise psychiatrique qui n’a pas été faite en garde à vue” indique Me Majid Diab, l’avocat de José P. Ce dernier, après un incident dés son arrivée en prison, est depuis placé en hôpital psychiatrique sous contrainte où il a été vu par un expert. Il reste mis en examen pour “meurtres accompagné, précédé ou suivi d’actes de torture et de barbarie”, “viol sous l’emprise de stupéfiants” et “enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivi de mort”.

“Une hospitalisation en unité pour malade difficile est envisagée” indique le procureur Belargent.

“Personne ne mérite cette barbarie, on veut un procès et qu’il aille en prison”

Le choc. Les proches des victimes ont encore du mal à réaliser la disparition de Nathalie, 57 ans, et de son beau-père André dit Dadou, 80 ans, qui s’était remarié avec sa mère. Ils vivaient dans la même maison séparée en deux appartements et s’entendaient à merveille. Ils s’étaient rapprochés quand Edith, la maman était décédée.

“Papi était né à Frontignan et vivait dans cette maison de Villeneuve-lès-Maguelone depuis son adolescence, alors avec ses parents. C’était quelqu’un de très gentil, avec beaucoup d’humour, tout le monde l’aimait… Il était en pleine forme, toujours en train de bricoler” racontent ses deux petites filles Eva et Jade, 23 et 26 ans, deux Héraultaises bouleversées mais soucieuses d’évoquer la mémoire de leur grand-père.

Elles marquent un temps d’arrêt et poursuivent : “Il aurait eu 81 ans le 30 décembre… Personne ne mérite cette barbarie, surtout pas eux” disent les jeunes femmes dont la priorité est de “pouvoir les enterrer”, la juge n’ayant pas encore autorisé l’inhumation.

“Dadou” a passé sa carrière à la SNCF à réparer les voies ferrées, considérait Nathalie “comme sa fille” indique de son côté Kris. Ce coiffeur Nîmois, était l’inséparable binôme de la quinquagénaire. Ils étaient partis ensemble aux Baléares à l’automne, devaient aller au ski en février et se connaissaient depuis 30 ans quand elle avait débuté dans la coiffure à Nîmes.

“Elle venait d’acheter un salon à Lunel et devait se mettre à son compte en février… Elle aimait le champagne, les belles voitures, se faire jolie pour aller au resto, elle aimait la vie, elle était moderne et pétillante… Pourquoi on lui a fait ça ? Pourquoi ? Qu’elle repose en paix réagit-il, très ému.

Tous ces proches veulent en tout cas des explications et surtout un procès : “On espère que justice sera faite, qu’il ne sera pas dianostiqué fou et qu’il aille en prison”.

  

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