Thérapie par le rire : des effets bénéfiques confirmés dans une méta-analyse

« A joke a day keeps the doctor away » ou le rire comme thérapie, était l’hypothèse posée il y a quelques années par des auteurs autrichiens. [1] Une méta-analyse, dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue  Complementary Therapies in Clinical Practice , [2] apporte désormais des éléments de réponse : les thérapies par le rire sont bénéfiques pour la santé physique et mentale. Les études longitudinales semblent indiquer que le rire serait même associé à une meilleure santé cardiovasculaire.

Rire spontané et yoga du rire

Dans leur méta-analyse, les chercheurs du CHU d’Iéna, près de Leipzig en Allemagne, ont examiné 45 études portant sur plus de 2 500 participants. [2] Deux tiers des participants étaient des femmes, l’âge moyen était de 47 ans. Les études avaient été menées dans 14 pays différents au cours des trente dernières années. 

Les auteurs ont examiné le rire spontané, comme celui provoqué par des jeux ou des films humoristiques, et le rire simulé ou dirigé, comme dans le « yoga du rire » qui consiste à se concentrer sur un rire sans raison, initialement artificiel mais qui devrait se transformer en un véritable rire.

Les participants devaient présenter un problème de santé physique ou mentale. Les pathologies étudiées comprenaient notamment le diabète, les maladies cardiovasculaires (MCV) mais aussi l’addiction aux smartphones (en particulier chez les adolescents) ou la dépression (par exemple chez les sujets en maison de retraite ou ceux atteints de cancer et soumis à une chimiothérapie). Les thérapies par le rire pouvaient durer quelques minutes ou s’étaler sur plusieurs semaines et étaient pratiquées individuellement ou en groupe. L’effet du rire a été mesuré sur des paramètres physiologiques tels que la glycémie, la pression artérielle, les marqueurs d’inflammation, mais aussi sur la douleur, la mobilité, la dépression, l’anxiété ou le stress.

Le rire partagé plus efficace que le rire « solitaire »

« Dans l’ensemble, nous avons pu déterminer un effet positif des interventions par le rire, résume la chercheuse Katharina Stiwi, tant sur les valeurs cibles physiologiques et physiques que sur les paramètres mentaux ».

 

Dans l’ensemble, nous avons pu déterminer un effet positif des interventions par le rire, tant sur les valeurs cibles physiologiques et physiques que sur les paramètres mentaux.

 

[Ainsi, les interventions provoquant le rire ont montré des effets bénéfiques significatifs sur la santé mentale (31 études, n=1543, g=0,74, IC 95 % [0,48 ; 1,00]), les paramètres physiologiques (14 études, n=761, g=0,61 [0,20 ; 1,03]) et physiques (21 études, n=1105 patients, g=0,59 [0,30 ; 0,88]).

Il apparait également que le rire thérapeutique pratiqué en groupe était plus efficace que lorsque les participants riaient seuls. En termes de caractéristiques psychologiques, le rire spontané est apparu avoir moins d’effet que le rire intentionnel, simulé, qui est généralement accompagné d’exercices de respiration et de relaxation. Les auteurs ont également constaté une corrélation entre l’effet et l’âge des participants : plus ils étaient jeunes, plus la thérapie par le rire s’avèrait efficace.

Des effets indésirables, de nature bénigne, ont été signalés dans une seule étude. Plus précisément, trois participants à un groupe de yoga du rire ont décrit un certain malaise dû à une accélération du rythme cardiaque, une sécheresse buccale et une sensation d’essoufflement. 

Jenny Rosendahl, co-autrice de l’étude, résume : « La force et la faiblesse de notre méta-analyse résident dans la grande hétérogénéité des études sous-jacentes. D’une part, cela garantit une évaluation globale bien étayée du rire en tant qu’intervention, mais d’un autre côté, cela rend difficile la formulation d’une recommandation pour un groupe de patients spécifique ». Les auteurs de la méta-analyse estiment nécessaire de réaliser d’autres études randomisées et contrôlées de haute qualité, qui testent les effets du rire thérapeutique de manière différenciée pour certains domaines d’application et examinent le mode d’action des différentes formes d’intervention. On ne sait pas grand-chose non plus des effets secondaires, aucune des études analysées ne les ayant systématiquement enregistrés.

Une possible réduction de la pression artérielle

Les auteurs d’une autre revue systématique se sont également penchés sur les effets de la thérapie par le rire, en cherchant à déterminer les effets des interventions sur la pression artérielle et la variabilité de la fréquence cardiaque. Ces travaux ont été publiés dans la revue spécialisée  HUMOR .  [3] Selon les auteurs, les résultats suggèrent que le rire est associé à une réduction de la pression artérielle, mais cette association variait selon le type d’intervention réalisée et les caractéristiques des participants. Dans les comparaisons contrôlées entre les groupes, l’effet sur la pression artérielle n’était pas significatif ; ce résultat pourrait s’expliquer par le faible nombre d’études disponibles et à leur grande hétérogénéité. Dans l’ensemble, les études longitudinales montrent que la fréquence des rires est associée à une meilleure santé cardiovasculaire. Cependant, plusieurs publications restent qualitativement sous-optimales. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour clarifier l’impact des facteurs individuels et ceux liés à l’intervention, avant de pouvoir formuler des recommandations générales.

 

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Thérapie par le rire : des effets bénéfiques confirmés dans une méta-analyse

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