La disparition du franais au Qubec ? On ne se laissera pas marcher dessus

Si tu te couches, ils vont te piler dessus.
Si tu restes debout et que tu rsistes,
ils vont te har, mais il vont t’appeler Monsieur .

Pierre Falardeau

Dans le Journal de Montral, il est rare que je ne lise pas Antoine Robitaille, mme si je ne partage pas toujours l’entiret de son propos. Une fois encore, samedi dernier, soit le 10 septembre, j’ai lu sous sa plume, un article consacr une jeune ralisatrice, Flavie Payette-Renouf, qui vient de tourner La disparition tranquille , un documentaire sur le franais qu’on peut visionner sur la plateforme Vrai (de Vidotron). Avec ce moyen mtrage, Flavie, mre de deux jeunes enfants, s’inquite et s’interroge sur l’avenir du franais Montral, d’autant que les statistiques rcentes et celles qui l’avaient prcdes ont de quoi faire peur.

Si certains experts prdisent le pire… si on ne fait rien, d’autres (du genre se dire la faon de Molire: couvrez ce dclin du franais, que je ne saurais voir ) continuent de croire que tout va s’arranger sans lever le petit doigt. Robitaille est plutt enclin s’en faire, idem pour de plus en plus de francophones au Qubec, en Acadie et ailleurs au pays.

Dans son film, Flavie n’insiste pas tant sur les statistiques et les dbats d’experts, mais choisit plutt de se promener dans les rues commerciales de Montral en pointant l’apparition ici et l d’affichages en anglais, en rencontrant des gens qui lui expliquent pourquoi l’anglais exerce une telle attraction auprs de jeunes entrepreneurs, par exemple. Bref, en faisant un constat des lieux. Bien sr, on lui rpte (comme si elle pouvait l’ignorer) que l’Amrique est une mer anglophone et que, du reste, la culture anglo-amricaine inonde une partie de la plante, que le franais ne fait pas le poids et tout le baratin habituel (ce n’est pas non plus un vieux singe comme moi qu’on apprendra ces choses).

Flavie rencontre, sur sa route, Rmi Francoeur, un sympathique Franco-Amricain, n Manchester (tat du New Hampshire), qui a fait ses tudes au Massachusetts et qui a choisi le Qubec pour vivre en franais.

Alors Flavie dcide de prendre la route pour Manchester afin de comprendre ce qui a pu se passer dans son histoire pour que, quelque cent cinquante ans plus tard, une communaut nagure franaise en vienne adopter l’anglais comme langue commune, aprs avoir su pendant si longtemps prserver le franais dans ses institutions.

Notons, pour ceux et celles qui l’ignoreraient encore, que c’est prs d’un million de Canadiens franais qui partirent en exode en Nouvelle-Angleterre et dans le Midwest amricain au cours du XIXe sicle et jusqu’au tournant du XXe, essentiellement pour des raisons conomiques. Dans leur nouveau pays, ils fondrent des villages et des villes, rigrent des glises catholiques et des coles franaises, sans parler d’un tas d’organismes d’affaires (assurances) et patriotiques, de journaux, qui tous avaient le franais comme vhicule, souvent unique. On appelait d’ailleurs ces communauts des Petits Canadas .

Eh bien, je vous le donne en mille, tout cela s’est croul comme un chteau de cartes et, aujourd’hui, il n’en reste que des vestiges. Le constat est indniablement triste, mme si certaines des personnes interviewes Manchester demeurent sur le front pour le franais, comme ce vaillant libraire, Roger Lacerte, qui souhaite ne pas devenir le dernier des Mohicans. Ou cet enseignant qui s’vertue faire apprendre le franais des Franco-Amricains qui ont du mal prononcer leur nom correctement ! Il faut croire que les Francos ont abdiqu quand on leur a fait comprendre que la vie se passerait dsormais en anglais, que leur hpital porterait un nom anglais, que le franais en un mot comme en cent n’y avait plus sa place …

Comme l’crivait le professeur Andr Belleau, en 1983, dans un texte des la revue Libert : Les hommes qui voient leur langue mprise ne parlent tout simplement pas. Ce sont des silencieux. Le silence de l’humiliation. Voil pourquoi ce n’est pas tellement le franais comme langue qui est en cause – le franais en lui-mme n’est pas une personne, il ne connat pas l’injure, etc. -, c’est bien plutt l’essentielle fonction langagire d’une communaut humaine .

La Dame de notre renaissance franaise. . Cette statue reprsente une ouvrire du textile d’origine canadienne-franaise et son fils, vers 1870, en Nouvelle-Angleterre. L’enfant tient un livre intitul La famille parle franais qui souligne l’importance de l’ducation pour ces Canadiens dsoeuvrs venus s’installer aux tats-Unis. Cette statue en bronze et d’une hauteur de 6 pieds, fut rige Nashua, au New Hampshire, en 2001. Elle commmore l’hritage franco-amricain.

Pour tout dire, j’ai vraiment aim ce documentaire et, malgr les propos dfaitistes tenus par certains interlocuteurs rencontrs, on constate la fin que la jeune ralisatrice a une rponse pour viter le dclin, voire la disparition du franais, et c’est l’indpendance du Qubec. Bravo, Flavie, qui n’a pas craint d’affirmer ses convictions indpendantistes, sans prchi-prcha, de faon claire et limpide. Pas de doute, elle est bien la petite-fille de Lise Payette, une indpendantiste et une fministe qui comme chacun sait a marqu le Qubec.

Je suis aussi d’avis que seule l’indpendance donnerait au Qubec les leviers ncessaires pour assurer la prennit de sa langue et de sa culture, en harmonie avec les langues et cultures des Premires Nations. Devenant ainsi un phare pour la francophonie en Amrique, un Qubec indpendant serait un atout pour les communauts francophones dans le reste de l’Amrique du Nord.

***

Ce dclin du franais en Nouvelle-Angleterre, je ne pouvais faire autrement que de le percevoir quand je suis all passer quelques jours en 1972 Lowell, dans le Massachusetts. C’tait dans le cadre d’un travail de session pour un cours de littrature que donnait Sylvain Lelivre. Mon projet portait sur l’crivain Jack Krouac (1922-1969) et ses annes de jeunesse dans cette ville situe en priphrie de Boston. Muni d’une camra super-8, d’un magntophone cassette et d’un appareil photo bon march, j’avais du haut de mes dix-neuf ans parcouru toute la ville la recherche du Petit Canada de Krouac.

J’avais fait la connaissance de Franco-Amricains admirables, comme l’historien Richard Santerre, l’tudiant en histoire Paul Brunelle et un tas de francophones qui, s’ils parlaient toujours franais, se sentaient de plus en plus Amricains et, forcment, de moins en moins d’origine canadienne-franaise. C’tait un peu le dbut du dclin du franais, dclin qui s’accentuera de manire effarante en quelques dcennies peine. Ainsi, alors qu’il tait possible de n’utiliser que le franais pour me dplacer sans trop de difficult dans cette ville en 1972, trente ans plus tard, en 2002, Lowell devenait une ville strictement anglaise quelques traces restantes prs. Les rescaps se trouvant pour la plupart en maison de retraite ou en hospice, entours ou soigns par un personnel qui ne parlait plus leur langue. On clbrait encore la fte franco-amricaine, mais la plupart de ses organisateurs taient incapables de s’exprimer en franais, ce qui fait que les festivits se droulaient en anglais ! Tout avait comme bascul. en trente ans peine !

Je me rappelle avoir pass pourtant quelques mmorables heures en compagnie du cur Armand Spike Morissette, qui, non seulement avait bien connu Krouac enfant. puis l’avait revu l’ge adulte pour finalement clbrer son service funbre, en compagnie singulire des tnors de la ” Beat gnration ” (Ginsberg, Corso et compagnie).

L’abb Morissette tait aussi un vigoureux dfenseur du fait franais en Nouvelle-Angleterre. Pour l’anecdote, ” Spike ” Morissette avait aussi t un proche de la famille Kennedy . des Kennedy francophiles par-dessus le march (sur cette facette mconnue des Kennedy, je vous recommande le bouquin de Jean-Franois Lise: La tentation qubcoise de John F. Kennedy, dition Carte Blanche, mars 2020).

Bref, l’abb Morissette avait t chaleureux et m’avait donn un cours en acclr sur les Franco-Amricains qui restera jamais grav dans ma mmoire. Mais il voulait savoir de la part d’un jeune Qubcois, le climat politique du Qubec au lendemain de la visite du gnral de Gaulle et des vnements d’Octobre 1970. Alors, je ne me suis pas laiss prier (par un prtre par-dessus le march) pour lui dresser un portrait de la situation au mieux de ma connaissance. Ses yeux brillaient quand je lui parlais de la monte de l’indpendantisme au Qubec.

la rflexion, mais loin de moi l’ide de faire parler ici les morts, je crois qu’il souhaitait ardemment la ralisation du projet indpendantiste. Aujourd’hui, alors que l’abb Morissette est all voir au ciel si son bon Dieu y tait, son nom n’est pas oubli pour autant Lowell. Un grand boulevard y a t nomm en son honneur. Pour moi, ce que je retiens, c’est l’humain passionn et combien passionnante qu’il tait.

1663541630 178 La disparition du francais au Quebec On ne se l’automne 1972, je passai un aprs-midi inoubliable avec Armand Spike Morissette son presbytre. Il me fit visiter son glise dont, on s’en doute, il n’tait pas peu fier et me mit en contact avec quelques Franco-Amricains qui avaient connu Jack Krouac. Enfin, il vint me conduire au cimetire o l’auteur franco-amricain avait t inhum. N Lowell en 1910, Spike Morissette s’engagea en janvier 1941 dans les Forces navales franaises libres (FNFL) o il fut aumnier. Politiquement, l’abb Morissette tait un conservateur et, malgr cette allgeance, fut un proche des Kennedy qui taient dmocrates mais catholiques comme lui ! Il est mort en 1991.

***

Dans le mme article d’Antoine Robitaille, celui-ci voit se profiler l’horizon un regain de la lutte pour le franais au Qubec avec, entre autres exemples, les succs rcents du Regroupement pour le cgep franais, un organisme citoyen d’enseignantes et d’enseignants des cgeps rclamant l’application de la loi 101 au collgial.

Au dpart, crit Robitaille: le regroupement s’est but () au refus des ttes dirigeantes de son rseau, notamment la Fdration des cgeps, mais aussi de grands syndicats comme la Fdration nationale des enseignants et des enseignantes du Qubec (FNEEQ). Mais jeudi (8 septembre), Trois-Rivires, lors d’un Conseil fdral extraordinaire, la FNEEQ s’est officiellement range l’application de la loi 101 au cgep . C’est de fait une excellente nouvelle. Dans ma circonscription lectorale, la candidate du Parti Qubcois, Acha Van Dun, a milit et milite toujours au sein du Regroupement pour le cgep franais. C’est du reste une indpendantiste convaincue. Assurment, je voterai pour elle.

D’aucuns pourraient me demander: quoi, comment est-ce possible qu’un communiste vote pour un parti bourgeois , alors mme que les souverainistes justement plus droite flirtent quand ils ne retournent pas leur veste, pour rejoindre des partis plus conformes leur option ?

D’abord, dire cela n’est pas trs gentil pour les milliers de travailleurs, de progressistes et de fministes qui mettent la main la pte pour soutenir le PQ depuis plusieurs annes. Le PQ est en fait une coalition comprenant un assez large ventail de points de vue, allant de la gauche au centre-gauche et, mme, comportant aussi, quoique modrment, un secteur plus droite.

Mais bon, moins d’tre gauchiste, trotskiste ou je-ne-sais-quoi et de travailler seul, dans son coin, l’indpendance, pour se raliser, ncessitera un vaste mouvement populaire. Un communiste doit tre partie prenante de ce mouvement… sans pour autant tout gober (en perdant son esprit critique), ni mettre de ct ses convictions, tout au contraire !

La position du Parti communiste du Qubec est on ne peut plus claire: Notre recommandation, d’ici aux lections du 3 octobre, vous la retrouverez ici.

Pouvant compter sur une candidate de la trempe de Acha Van Dun, ce serait trop bte de ne pas l’appuyer, pour le franais et pour l’indpendance. Et pour toutes celles et ceux qui veulent faire un pas supplmentaire pour la cause du peuple, je les invite joindre les rangs du Parti communiste du Qubec !

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Sur la photo du haut : Flavie Payette-Renouf.

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