Méditation : rester stable en pleine tempête

Avez-vous déjà vu un cyclone ? L’image reste bien souvent gravée dans nos mémoires tant la puissance des vents tournants est forte. (…) Mais regardons de plus près : un cyclone, c’est un petit coup de vent initié à des milliers de kilomètres, en général à partir d’un courant marin, et le cercle se forme. Lorsque le vent commence à tourner, nous remarquons vite que le centre du cercle reste calme… et même quand les forces extérieures emportent tout sur leur passage, le centre demeure tranquille.

Ce phénomène est une métaphore de notre esprit. Lorsqu’un événement survient, quel qu’il soit, il est immédiatement décodé par notre façon habituelle de penser. Lorsque celui-ci nous paraît désagréable, alors le cyclone commence et « vide la maison de tous ses meubles », comme le dit Rûmi dans son poème « La Maison d’hôtes » . Le mouvement s’amplifie, emporté par sa propre dynamique. Alors la détresse, l’anxiété, la peur, la colère, l’insatisfaction, l’impatience, le découragement peuvent prendre toute la place.

Ce qui est difficile dans les situations de ce type est que nous ne savons pas revenir au centre. Or la paix se trouve au centre, dans l’esprit lui-même ! Au coeur de l’agitation, nous pouvons regarder… l’agitation. Explorons ensemble.

#1. Comprendre le stress

(…) Il est important de vous rappeler que vous ne pourriez pas survivre sans la réaction intrinsèque du corps au stress. Cette fonction est située dans la partie la plus primitive du cerveau et c’est elle qui a maintenu Homo sapiens en vie pendant des millénaires et continue de le faire aujourd’hui. La réaction de stress est la réponse instantanée et bien huilée du corps à une menace qui vous alerte du danger et vous fait réagir instantanément. (…)

Lorsque la réaction de stress du corps est déséquilibrée, elle devient systématique et réagit à des événements, des pensées ou des sentiments perçus comme mettant la vie en danger alors qu’en réalité ce n’est pas le cas, tout devient stress… Vous avez bien lu le mot « perçu » et ce mot est important. Et lorsque cela devient une habitude, le stress devient la norme. C’est pourquoi la façon dont vous voyez, interprétez et évaluez ce qui se passe autour de vous est cruciale. Si vous pouvez changer la façon dont vous percevez une situation, vous changerez votre expérience du moment. C’est pourquoi vous cultivez votre présence par la pleine conscience.

#2. Passer de la réaction à la réponse

La réaction est ce processus quasi immédiat qui nous fait passer de l’état de calme à l’état stimulé. (…) Le stress commence toujours par une évaluation de votre esprit : vous vous représentez ce moment d’une certaine manière (un risque, un ressentiment, quelque chose de menaçant ou de désagréable, la comparaison avec ce que qui serait pour vous à cet instant la situation idéale). Ce qui ne rentre pas dans votre façon de voir ne peut pas être accepté. Le décalage génère une réaction non proportionnée à la situation, souvent forte émotionnellement, une réaction physique intense, des pensées jugeantes. Et, en définitive, de la souffrance.

La pleine conscience vous invite à reconnaître votre réactivité et à passer en mode « réponse ». Celle-ci naît de la présence : c’est ce temps que vous vous accordez afin de voir ce qui se passe dans la réalité. (…) Vous accorder à ce moment-là un moment pour reconnaître la réalité peut vous éviter de « monter dans les tours » : il s’agit simplement de faire une courte pause, quelques secondes tout au plus, vous plonger dans l’instant (que se passe-t-il vraiment maintenant ?), puis de reconnaître ce qu’il convient de faire, au plus juste de vos intérêts et de ceux de la situation.

#3. Différencier perception et réalité

Lorsque vous êtes surpris par une situation, votre esprit cherche à se rassurer : il puise dans sa bibliothèque de savoirs pour vérifier s’il n’a pas déjà connu cette situation, et comment il a réagi alors. Il tendra à appliquer la même réaction à cette situation nouvelle… (…)

Prenons un exemple : vous êtes en réunion de travail avec votre équipe. Vous êtes enthousiaste car le projet sur lequel vous travaillez avance bien, vous avez très bien préparé votre présentation. Dans l’assistance, vous notez que deux de vos collègues sont en retard alors que vous avez fixé comme règle que les réunions démarrent à l’heure. Vous n’avez pas été prévenu. Votre esprit ne fait qu’un tour : « Cela ne les intéresse pas », « ils ont comme d’habitude bien mieux à faire » et « ils me défient en jouant encore une fois la provocation à mon égard. »

La réalité est toute différente : ils sont en train de terminer une conversation sur le financement du projet et ont l’intention de partager cela avec vous à leur arrivée, car ils viennent d’obtenir le budget nécessaire.

Dans cette situation, votre esprit a créé un cadre dans lequel tout doit rentrer : être à l’heure est plus important que réussir le projet ! Et vous ne pouvez accepter que ce soit différent : ces collègues sont absents, ils vous en veulent et vous défient.(…)

#4. Lâchez prise

(…) L’une des causes principales de la souffrance est le fait que l’on s’agrippe, parfois désespérément, aux pensées, aux idées ou à ce que nous possédons et à l’image que cette propriété nous confère. (…)

Rappelez-vous que quelque chose existe parce que nous sommes en contact avec : sinon, cela n’existerait pas. Ce contact génère immédiatement un sentiment d’attachement. Ce sentiment n’a rien à voir avec les sensations : c’est une construction de l’esprit et lors de son apparition, si rapide car quasi simultanée aux sensations (le ressenti du corps), nous ne voyons pas la différence. (…)

#5. S’ancrer

(…) Lorsque vous êtes pris par la tempête de votre esprit, vous pouvez garder à l’esprit deux idées essentielles :

> Il y a toujours une île au coeur de la tempête. Vous n’êtes pas séparé de la situation que vous vivez, vous êtes au centre de celle-ci. Si vous souhaitez faire face (et en apprendre quelque chose sur vous), votre place est au centre en tant qu’acteur de son mouvement, et non à la périphérie embarquée dans le tournoiement des vents et des vagues.

> Le processus du stress inclut trois éléments : les émotions, les pensées et… le corps. Ils constituent un cycle qui tourne en boucle et s’auto-entretient. Il est très facile de reprendre contact avec tout le cycle, dès l’instant où vous voyez comment il tourne : il y a des pensées, des émotions et des sensations corporelles. Il est alors important de voir que le corps est le point de réancrage concret pour vous ramener au présent.



Stéphane Nau est l’auteur de « Je médite au travail », publié en mars 2022 aux éditions Vuibert.
– DR

L’autrice :

Stéphane Nau découvre la méditation il y a 20 ans et l’enseigne depuis 2014 à Lille. Instructeur de pleine conscience MBSR (Ecole de Médecine de l’Université de Massachussets), il a été formé par l’équipe de Jon Kabat-Zinn. En temps que coach, il accompagne les dirigeants, managers et équipes pour leur permettre de révéler leurs potentiels et ressources et s’engager dans des actions à fort impact.Ce texte est extrait de son ouvrage « Je médite au travail », publié en mars 2022 aux éditions Vuibert, 192 pages, 14,90 euros.

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