Robes de mariée : 3 créatrices belges à suivre de près

Cette saison, les couples qui se diront « oui » seront plus nombreux que jamais. Nous avons rencontré les petites fées qui font des miracles en coulisses. Trois créatrices de mode nuptiale évoquent leur parcours atypique, leur patience commune et les robes de mariée en période de pandémie.

Eva Janssens

« Décroche un diplôme sérieux », lui ont conseillé ses parents. Mais pour la Gantoise Eva Janssens, l’envie était trop forte. Elle a étudié la mode et a acquis des années d’expérience dans l’entreprise familiale avant de diriger son propre label de mariage depuis 2018. Sa marque de fabrique ? Des réalisations en plusieurs pièces et en plusieurs couches afin de pouvoir créer différents looks avec un seul ensemble. Non seulement le jour J, mais aussi par la suite.

Son parcours ? « Ma famille travaille dans le commerce de tissus européens depuis 1919. J’ai rejoint l’entreprise en 2009. J’ai immédiatement compris que l’approche de mes parents n’était plus tenable. Le prêt-à-porter était devenu la norme et plus personne ne semblait s’intéresser à des matériaux de qualité. Un jour, j’ai décidé de me faire une robe moi-même, un modèle simple avec une coupe droite. Je l’ai accrochée dans la vitrine du magasin de tissus et le jour même, je l’ai vendue à une femme de Dubaï. J’ai pris ses mesures et elle a choisi le tissu. Deux jours plus tard, ma première pièce sur mesure était prête et marquait les débuts de Janssens Fabric & Tailoring. La métamorphose en Eva Janssens Bridal a suivi environ huit ans plus tard. Le passage à la mode nuptiale s’est fait tout naturellement. De plus en plus de clientes me demandaient si ça m’intéressait de créer leur robe de mariée. J’ai dit “OUI !” sans hésiter (rires). »

Sa passion ? « Je travaille dans le love business. Pour moi, il ne s’agit pas seulement de créer une robe ; je veux contribuer à ma manière au plus beau jour de mes mariées. C’est pourquoi je trouve qu’il est important d’apprendre à mieux les connaître. Se sentent-elles à l’aise dans leur corps ? Quels sont leurs points sensibles ? C’est ma plus grande force : je parviens à appréhender les femmes et à les comprendre. Mais je n’impose jamais mon avis. Chaque essayage est une sorte d’interaction, de mix and match. Il arrive parfois qu’une mariée choisisse résolument un look de la collection et qu’il lui aille comme un gant. Mais je ne résiste jamais à l’envie de suggérer un petit ajustement ou un tissu différent. Le sur-mesure est ma passion. J’aime jouer avec une création en fonction de la personne qui la porte. »

Son entourage ? « Après le premier confinement, nous avons pris la décision de ne pas rouvrir le magasin de tissus. À l’époque, ma mère se battait contre un cancer, et mon agenda était rempli de mariées impatientes. Ce fut un tournant émotionnel pour notre famille, mais finalement, c’était mieux ainsi. Mes parents ont travaillé dur, il était temps pour eux de lâcher prise. Et, étonnamment, ils y sont arrivés assez facilement. Du jour au lendemain, ils m’ont accordé toute leur confiance et se sont retirés par la petite porte. Aujourd’hui, je propose exclusivement de la mode nuptiale entourée d’une équipe de cinq personnes, mais ma mère reste ma copilote. Pour la dernière collection, elle a conçu une gamme d’accessoires pour cheveux et de voiles. »

Son style ? « On pourrait parler d’un jeu d’équilibriste entre des pôles opposés. Le juste milieu entre le très girly et le minimaliste pur et dur. J’aime le tulle, la dentelle, les paillettes, mais il faut que ces éléments soient bien dosés. Je ne veux pas que ce soit trop Cendrillon ou cupcakes. »

Ses collections ? « Mes premières collections étaient plutôt une entrée en matière prudente. Dans ma dernière collection “Ensemble”, je prends plus de risques et je montre ma vraie nature. Les modèles sont plus exubérants, avec de nombreux tissus luxueux, des détails prononcés, et aussi de la couleur. J’avais le sentiment qu’on pouvait aller plus loin. Avec “silhouette”, ma collection précédente, j’ai délibérément opté pour la sobriété. Nous sortions tout juste d’une année de Covid et je me suis dit : “S’il vous plaît, continuez toutes à croire en l’amour ! Mariez-vous et optez pour une fête et une robe sobres.” Il fallait mettre de côté l’élément spectaculaire pendant un moment. »

Son défi Covid ? « L’atelier est resté longtemps à l’arrêt et j’ai passé pas mal de nuits blanches. Heureusement, de nombreuses personnes ont fait le choix d’investir de plus en plus dans les talents locaux. J’ai vraiment ressenti ce soutien. Chaque fois que les chiffres s’amélioraient et qu’il y avait une lueur d’espoir que les mariages puissent avoir lieu, les mariées étaient au rendez-vous. Si j’ai pu continuer à me développer pendant cette période sombre, c’est à mon concept flexible que je le dois. Au départ, on n’achète pas une robe, on paie seulement un acompte pour réserver du temps dans mon agenda. Ça permet aux mariées d’avoir l’esprit tranquille. Dieu sait ce qui peut se passer entre ce premier rendez-vous et la date réelle du mariage… »

Sa robe de rêve ? « J’ai conçu ma propre tenue de mariage deux semaines à peine avant notre grand jour : un pantalon noir large – je porte toujours du noir – et un somptueux chemisier blanc en dentelle. Et des roses rouges sur la tête à la Frida Kahlo ! Une semaine plus tard, nous nous sommes mariés une deuxième fois en Italie. Je n’ai pas fait les choses à moitié : je portais plusieurs couches de dentelle noire. Est-ce que je ferais la même chose aujourd’hui ? Probablement pas. Je ne crois pas à la robe parfaite ou au moment ultime où on dit “oui” à la robe. J’aime trop le changement pour ça. »

Adresse : Korenlei 5, 9000 Gand

Valentine Avoh

Dire que Valentine Avoh est une touche-à-tout est un euphémisme. Dans une autre vie, elle était styliste/photographe/blogueuse, et écrivait également pour le ELLE. Pourtant, c’est bien dans ses doigts que réside sa véritable passion. Aujourd’hui, la presse people parle de la créatrice bruxelloise, à qui on a demandé de réaliser une robe de mariée pour la comédie romantique américaine « I Want You Back ».

Sa passion ? « J’ai toujours été fascinée par l’artisanat. En 2009, quelques années après mes études, j’ai dessiné la robe de mariée d’une amie. C’était quelque chose de totalement nouveau pour moi, mais j’ai adoré chaque étape du processus : les premières séances de brainstorming, la recherche des bons tissus, les essayages. Quand je l’ai vue dans ma robe le jour J, j’ai eu un déclic. La robe de mariée est ce qui se rapproche le plus de la haute couture, et c’est ça que j’aime. »

Son parcours ? « Après mes études au London College of Fashion, j’ai travaillé quelque temps chez Alexander McQueen. Il était alors au sommet de sa carrière, et c’était un véritable honneur pour moi de faire partie de l’aventure. J’ai appris à créer mes propres tissus, à développer une palette de couleurs et à sortir plus souvent des sentiers battus. Cette expérience a aussi renforcé ma passion pour la couture. Pendant des heures, voire des jours, nous travaillions, parfois à trois en même temps, sur une seule et même pièce. C’était incroyable. En 2017, j’ai ouvert mon propre atelier à Bruxelles. Après avoir fait escale chez Alexis Mabille à Paris et chez San Andrès Milano, il m’a semblé que je pouvais apporter une touche particulière à la scène de la mode bruxelloise grâce à mon expérience à l’étranger. »

Son style ? « Mes séjours dans trois capitales de la mode ont élargi mes horizons. Mon style n’est pas typiquement belge, italien, français, anglais ou ivoirien. C’est un mélange de toutes ces influences, et c’est mon principal atout. Mes créations ne s’adressent certainement pas aux mariées classiques. Elles sont à la fois chics et minimalistes, et peuvent tout aussi bien être portées lors d’une fête que sur le tapis rouge. »

Son entourage ? « J’ai quelques stagiaires qui m’aident par périodes car je prends encore en charge pas mal de choses, du travail administratif aux commandes en passant par la rédaction des communiqués de presse. À Londres, j’ai suivi une formation complémentaire en marketing et communication, ce qui me permet de maîtriser les bases. Grâce à mon expérience de rédactrice et de photographe, je savais aussi comment attirer l’attention des magazines et des blogs. Mes photos sont ma carte de visite. Je fais tout pour qu’elles ne ressemblent pas à un énième lookbook. Depuis 2020, je remarque que mes robes sont de plus en plus reprises par la presse internationale, une conséquence directe du mouvement Black Lives Matter et de l’intérêt croissant pour les créateurs noirs. Nombre de mes mariées sont américaines. »

Ses collections ? « Le point de départ de ma collection actuelle “Midnight Train” est le Hollywood des années 30, en particulier les films “Les Invités de huit heures” et “La Femme aux cheveux rouges” avec Jean Harlow dans le rôle principal. À l’époque, les femmes jouaient souvent des rôles affirmés et sans tabou ; j’ai voulu évoquer cette ambiance. J’aime aussi faire des expériences avec des matériaux auxquels on ne s’attend pas pour une robe de mariée. Pour la robe Dorothy, par exemple, j’ai opté pour le matelassage. Pour les modèles Harlow et Ruby, j’ai développé une broderie unique en collaboration avec un atelier qui travaille également pour des marques de haute couture comme Elie Saab et Naeem Khan. J’aime créer des tissus qu’on ne trouve pas ailleurs. »

Son défi Covid ? « Le pire, c’était l’incertitude. À partir de mars 2020, environ 80% de mes clientes ont reporté leur mariage. Les confinements et autres restrictions ont également fait baisser les commandes le reste de l’année. Grâce aux mesures de soutien des autorités, j’ai néanmoins gardé la tête hors de l’eau. Le coronavirus m’a également appris à être inventive. Grâce à un outil sur mon site Internet, les futures mariées peuvent essayer virtuellement toutes les robes de la collection ; ça m’a beaucoup aidée. Entre-temps, mon label est de nouveau sur la bonne voie. En septembre dernier, j’ai déménagé dans des locaux plus grands. J’avais besoin d’un atelier plus vaste et de davantage d’espace de stockage. Je voulais aussi avoir un show-room séparé et une cabine d’essayage digne de ce nom. De plus, le boulevard Saint-Michel est le point de chute idéal. 2022 sera peut-être encore une année difficile, mais je pense que l’avenir sera radieux. »

Sa robe de rêve ? « Je n’ai pas encore de plans concrets, mais mon compagnon sait qu’il y aura plus d’une robe. Avec beaucoup de perles et une plume par-ci par-là… »

Adresse : Bd Saint-Michel 75, 1040 Bruxelles

Ibtissam Gharib

Pour arrondir ses fins de mois pendant ses études, Ibtissam Gharib s’occupait des fontaines de chocolat lors de fêtes de mariage. Cette expérience lui a donné envie d’aller plus loin. À tout juste 21 ans, elle a créé sa propre marque et sa boutique de mariage : SHE Bridal House. La plupart auraient eu peur de se lancer, mais pas Ibtissam. Ce qui n’était au départ qu’un rêve de petite fille est rapidement devenu une marque prisée par les mariées non conventionnelles.

Sa passion ? « Je suis une romantique invétérée. Enfant, j’adorais par-dessus tout fouiller dans le dressing de ma mère et essayer ses robes. Et quand ma tante s’est mariée, comme j’étais la plus jeune de la famille, j’ai pu revêtir la robe de princesse du jour. La tradition veut que cette dernière porte exactement la même tenue que la mariée, mais en miniature. J’étais aux anges. Aujourd’hui, ce qui me rend heureuse, c’est de créer des robes plutôt que de les porter (rires). »

Son parcours ? « Ma mère était couturière. Ses livres d’étudiante m’ont été très utiles, car j’ai appris le métier sur le tas. En 2017, ma cousine m’a demandé de créer sa robe de mariée. J’ai accepté, en partie pour le fun, mais aussi pour voir si ce job me conviendrait. Après cette robe, j’ai tout de suite su que j’étais faite pour ça ! Quelques mois plus tard, j’ouvrais ma boutique. Il n’y avait pas plus de dix modèles en rayon, mais j’avais l’impression d’avoir inventé l’eau chaude. Quand j’y repense maintenant, il s’agissait de créations plutôt conventionnelles. Je me cherchais en tant que créatrice. En ce moment, je suis une formation professionnelle à la Fashion Academy de Paris pour affiner mes techniques en dessin. J’ai encore beaucoup à apprendre, même si j’ai déjà quatre années intenses d’expérience pratique. Je me suis probablement compliqué la vie en faisant les choses à l’envers : d’abord la boutique, puis les études. Mais là encore, ça correspond à mon caractère. Je ne fais pas les choses dans les règles. »

Son style ? « Une robe de mariée est une pièce personnelle, qui doit avant tout refléter le caractère de la mariée. Mon style est donc très varié. J’adore travailler avec des tissus riches et de nombreux détails. J’aime aussi les créations simples et élégantes en satin, en soie et en organza. »

Son inspiration ? « Je puise une grande partie de mon inspiration dans la vie quotidienne, les voyages, les expositions et les films. J’ai toujours été impressionnée par les grandes icônes de la mode telles que Marilyn Monroe, Audrey Hepburn, Cher, la princesse Diana. C’est à elles que fait référence la marque SHE, mais aussi à mes clientes. Elles m’inspirent à donner le meilleur de moi-même et à créer une robe dont elles peuvent être fières. »

Son entourage ? « En ce moment, je suis en train d’agrandir mon atelier en Belgique. Je rêve d’une équipe interne de créatrices et de couturières. Étant donné que je vis à Paris pour le moment, j’ai aussi une employée pour faire tourner la boutique. Mais je fais l’aller-retour chaque week-end pour garder le contact avec mes mariées. Cette attention personnalisée est ma priorité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne travaille que sur rendez-vous. J’ai de longues journées, mais je prends beaucoup de plaisir. Cette formation me donne la possibilité de me perfectionner tout en développant petit à petit mon label. »

Ses collections ? « Deux fois par an, je crée une collection d’une vingtaine de pièces. Dans l’intervalle, quelques autres looks viennent compléter l’offre. Ma nouvelle collection été vient d’être shootée à Paris, la ville de l’amour. Les robes sont romantiques et quelque peu affriolantes, avec beaucoup de perles, des manches bouffantes et de dentelle traditionnelle. Certaines mariées achètent un modèle de la collection, mais la plupart optent pour un modèle unique, précisément parce qu’une robe de mariée a une grande valeur sentimentale. J’offre également la possibilité de louer une robe. Force est de constater que cette option est de plus en plus populaire. C’est une solution économique qui est aussi nettement plus écologique. »

Son défi Covid ? « En février 2020, je venais d’emménager dans une nouvelle boutique et j’étais en pleins travaux. S’il y a une chose que j’ai apprise de cette période, c’est que tout vient à point à qui sait attendre. Je n’avais pas d’autre choix que d’être patiente. Contrairement à d’autres marques de vêtements, je ne pouvais pas vendre mes robes en ligne puisqu’il faut les essayer. Dès qu’on a pu rouvrir, je me suis lancée corps et âme. Et d’autres moments passionnants se profilent déjà. En septembre, je participerai à la Fashion Week de New York ! L’attente interminable est désormais derrière moi, je veux maintenant faire des choses qui me rendent heureuse. »

Sa robe de rêve ? « Pour mon mariage, je vois les choses en grand. Cette journée doit parfaitement résumer ce que représente mon label. Je porterai donc plusieurs tenues : de la robe fendue élégante et moderne à la robe de bal de conte de fées et tous les accessoires qui vont avec. »

Adresse : Jules Moretuslei 408, 2610 Anvers

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