Katonah yoga : initiation pour libérer ses articulations

Il est impossible de comprendre complètement le Katonah yoga en une heure », admet Masha Kruglova, professeure de yoga, avant de débuter son cours au centre Qee du XVe arrondissement de Paris. Difficile aussi d’imaginer en pratique ce yoga développé depuis une quarantaine d’années par l’Américaine Nevine Michaan. Il « intègre le hatha yoga classique avec la théorie taoïste, la géométrie sacrée, la magie, la mythologie, la métaphore et l’imagination, dans un cadre pratique conçu pour potentialiser le bien-être personnel et communautaire », expose la fondatrice. Le Katonah est clairement ésotérique… Ce qui le rend d’autant plus obscur ! Pour en savoir plus, mieux vaut donc l’expérimenter. « Nevine dit que c’est un calque que l’on pose sur du hatha, ajoute Masha. Les éléments théoriques sont très riches. Je les distille à travers la façon d’adopter les postures. »

La stabilité est primordiale pour agir avec habileté

Masha nous invite d’abord à nous asseoir sur deux blocs empilés, mains sur les cuisses et yeux fermés. Ou plutôt, à nous « déposer », à « trouver la stabilité et la solidité dans cette assise », puis à observer « la fluidité, le courant » qui circule à travers soi. Elle ne prononcera jamais les mots « prana » ou « énergie ». « Le Katonah est moins indien que les autres yogas. Ici, le corps n’est pas un temple, car tout y serait sacré et solennel. C’est une maison avec trois niveaux et dix pièces alimentées par un courant électrique. Les fondations doivent être solides. La stabilité est primordiale dans ce yoga, c’est elle qui donne la capacité d’agir avec habileté », explique-t-elle. « Connectez vos mains avec les talons. Recevez vos sensations. Le bas du corps est connecté avec le haut, l’avant avec l’arrière, le potentiel avec le passé. Le potentiel puise dans le passé qui est une source d’information, pas une carapace. » En Katonah, mettre en contact une zone rigide telle que le talon (relié au passé) avec une partie plus souple comme la main (le potentiel) ouvre le corps et l’esprit à de nouvelles possibilités. Nous alternons ensuite des mouvements dos creux/dos rond spontanément, suivant ainsi notre « première nature », puis de façon plus consciente. « Cette deuxième nature renvoie à la technique, à ce qui a été appris. Observez les informations que vous recueillez en passant de l’un à l’autre. Sentez-vous des tensions, des raideurs ? Êtes-vous toujours stable, dans vos racines, votre héritage ? », incite-t-elle. Masha parle beaucoup. Ce flot de paroles ne permet pas de saisir toute la théorie, mais aide à rester centré sur soi. « C’est rythmé, très incarné », commentera Julie, l’une de ses élèves assidues.

Les alignements sont mesurés pour libérer les articulations

Se mettre à quatre pattes dans la posture de la table pourrait sembler facile. Mais en Katonah, on mesure ses angles avec précision. Ce style de yoga, à l’image du yoga Iyengar, utilise de nombreux supports : sangles, couverture, chaise… Un bloc devant un genou, l’autre à côté du poignet, les majeurs qui se touchent avant de pivoter les mains… Les blocs tombent. Je recommence. Ce petit casse-tête exerce la proprioception ! Inspir, expir, inspir, expir… Nous enchaînons des chat/vache, ajoutons un grand cercle avec le bras dans le sens des aiguilles d’une montre (le temps universel, du monde extérieur), puis inverse (celui du retour vers l’intériorité). Nous alternons des planches et des chiens tête en bas, nous pliant et nous dépliant « comme des origamis », utilisant le regard « comme une troisième main », « dirigeant le pubis à midi, le coccyx à 6 heures et les hanches à 3 heures et à 9 heures sans jamais dérégler ce cadran intérieur ». Les métaphores me guident alors que je peine parfois à tenir ces placements exigeants. « C’est surtout une question d’alignement, indique Masha. Pensez articulaire, pas musculaire. » Ça change tout ! Ainsi, le chien tête en bas ne s’effectue pas jambes tendues, mais genoux fléchis, le ventre « connecté » avec les cuisses pour ne pas verrouiller les articulations et laisser le courant passer. Cela modifie la respiration, et les muscles travaillant autrement, l’exercice se révèle plus intense.

« Le corps est toujours prêt. On part de cet esprit. Expérimentez, et si ça ne vient pas aujourd’hui, c’est OK », rassure la professeure en fin de séance. Ce jour-là, le cours a zappé les salutations au soleil et la méditation, et s’est conclu sur la posture du bébé heureux façon origami, favorable à la connexion corps-esprit. Une élève souffle un bon coup : « Je suis toujours plus lessivée qu’après un cours de yin ou de vinyasa ! ». 

Inconfortable mais équilibrant

J’ai, moi aussi, mis mon corps à l’épreuve. Et ma concentration. Nourri par des métaphores qui nous sont familières, le mental n’a pas le temps de divaguer. À voir la complexité de la centaine de cartes et dessins préparés par Nevine Michaan pour nous expliquer la théorie, ça n’était pas gagné ! « Je les sors lors d’un atelier ou d’une retraite. Nous avons alors plus de temps pour tout décortiquer, et les élèves peuvent s’aider mutuellement à ajuster leur posture », précise Masha. Yoga inconfortable parce qu’il modifie nos habitudes de placement, le Katonah est selon elle « équilibrant » et « ancrant ». Pas de flow ni de chorégraphie à poster sur Instagram : « Son objectif est de rendre le corps fonctionnel, rappelle-t-elle. On y vient pour s’informer sur soi, pour se reformer, pas pour performer. » Ce qui revient, dit-elle, à se poser cette question basique et essentielle : « Pourquoi je fais du yoga ? »

Pour aller plus loin


Où pratiquer


Peu de professeurs sont encore référencés en France, et la plupart mêlent le Katonah yoga à un autre style (yin ou hatha flow, notamment).

En présentiel, cours réguliers chez Qee (qee.fr) et dans d’autres studios parisiens avec Masha Kruglova, qui propose aussi des retraites (mashakruglovayoga.com).

En visio, cours en anglais sur le site katonahyoga. com, et initiations en français avec Alexandra Geyser sur YouTube.

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