Société. Booba contre Berdah : tout comprendre à l’affaire des « influvoleurs » qui agite les réseaux sociaux

Depuis plusieurs mois, une guerre sur les réseaux sociaux oppose le rappeur Booba et Magali Berdah, la patronne de la société Shauna Events. A l’origine de la discorde, ce sont les placements de produits, c’est-à-dire la promotion de produits réalisée par les stars de la télé-réalité sur leurs réseaux sociaux et pour laquelle ils sont rémunérés. On vous explique.

La guerre contre les « influvoleurs »

Tout commence fin décembre 2021. Marc Blata, blogueur et ancien candidat de télé-réalité connu notamment pour avoir dévoilé une affaire de sorcellerie visant une autre starlette de ce microcosme, Maëva Ghennam, sous-entend que Booba porterait une fausse montre de la marque de luxe Richard Mille lors d’un shooting. Il n’en faut pas moins pour que « le Duc de Boulogne » décide de s’attaquer aux influenceurs. « J’ai découvert à ce moment-là son business de cryptomonnaies et de trading complètement frelaté. De là, je suis parti en guerre contre lui sur les réseaux sociaux. Et plus je l’allumais, plus j’explorais le monde de merde des influenceurs », explique Booba dans un entretien à Libération fin juillet.

Sur Twitter, le rappeur commence à interpeller plusieurs figures de la télé-réalité à propos de leurs placements de produits. Il pointe notamment du doigt des méthodes de dropshipping, qui consistent à revendre bien plus cher un produit acheté à bas coût sur des sites chinois comme Aliexpress. Booba va jusqu’à lancer le hashtag #influvoleurs sur les réseaux sociaux, puis une adresse mail « Influvoleurs 2022 » destinée à collecter les témoignages de victimes d’escroqueries. Il affirme en avoir reçu plusieurs dizaines.

Magali Berdah dénonce un cyberharcèlement

Sa cible devient rapidement Magali Berdah, patronne de la société Shauna Events, « la première entreprise e-influenceurs en France », selon son site. Le rappeur la vise directement sur les réseaux sociaux. La fondatrice de cette société dénonce un cyberharcèlement. Une enquête est ouverte le 1er juin au Pôle national de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris pour menace de mort, harcèlement par un moyen de communication électronique, injure publique à raison de l’origine et du sexe.  « Je suis devenue la cible facile d’une personnalité connue pour clasher à tout va et éteindre les gens et d’une partie de sa communauté sous couvert d’agir pour le peuple », écrit le lendemain Magali Berdah dans un communiqué.

Mi-juillet, elle parvient à faire supprimer le compte Instagram de son ennemi. Mais Booba ne s’arrête pas là. Dans une publication du 15 juillet sur Twitter, il vise de nouveau Magali Berdah et ses pratiques : « Un produit qui coûte deux euros elle vous le revend 35 euros avec un code promo vous faisant croire que vous faites une affaire. C’est une honte !!! Et elle vole le gouvernement avec toute sa clique d’influvoleurs sans talent !! ». Fin juillet, il dépose deux plaintes contre X pour « pratiques commerciales trompeuses » et « escroquerie en bande organisée ».

L’affaire a depuis dépassé le champ des réseaux sociaux. Dimanche soir, un numéro de ”Complément d’enquête” a été consacré au phénomène. Lundi, le parquet a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « pratiques commerciales trompeuses » contre Shauna Events, à la suite de la plainte de Booba. Magali Berdah a de son côté tenu une conférence de presse hier mercredi, lors de laquelle elle a qualifié Booba de « harceleur qui se dit lanceur d’alerte ». Son avocat a listé « plus de 100 000 messages » qui l’auraient visée, elle ou ses proches, dont certains à caractère antisémite. Une dizaine de plaintes ont été déposées entre mai et août. Jusqu’où va aller cette affaire ? En tout cas, elle est désormais bien loin du ”storytelling” usuel des émissions de télé-réalité.