La sorcellerie moderne, une pratique en vogue pour se reconnecter à soi

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Et quand on lui demande quel est le rapport avec la sorcellerie, sa réponse rappelle les fondements même de la discipline : la connexion de l’humain avec le vivant qui l’entoure. Bien avant les luttes féministes, la sorcière était avant tout une guérisseuse qui avait conscience du pouvoir de la nature. Judith Vielle ajoute que la spiritualité, c’est en partie chercher sa place dans l’univers, en particulier dans un monde qui s’est complètement éloigné de notre nature primaire. « Ce n’est pas un hasard que la sorcellerie et l’écoféminisme connaissent un regain simultané. Je pense que les gens en ont ras le bol d’être des numéros. On est dans une phase très régressive comme si l’humanité n’avait pas vécu son adolescence. On se demande qu’est-ce qui fait vraiment sens. Après la course à l’argent au pouvoir, à la puissance… On finit par se ré-interroger sur le sens de la vie et ce dont on a réellement besoin. On ne peut pas répondre à ces questions sans approche spirituelle. » Tout comme elle, Lili Nguyen et Jack Parker trouvent en la sorcellerie un moyen de stimuler sa puissance intérieure. Et si la figure de la sorcière est devenue un emblème du féminisme à cause de sa tragique histoire, cette émancipation est bien plus personnelle et intime.

Les nouvelles technologies sont-elles compatibles avec la figure de la sorcière ?

Se rapprocher de son véritable soi, se reconnecter à la nature, faire preuve d’humilité… Tous ces concepts semblent être en opposition avec notre monde ultra-connecté. Mais cela n’empêche pas mes fameuses Tiktokeuses de m’offrir en quelques secondes un tirage gratuit ou aux multiples comptes Instagram d’astrologie de distiller des conseils quotidiens aux douze signes du zodiaque. Lili Nguyen salue ces nouveaux moyens de connecter les sorcières les unes avec les autres. « Je suis persuadée qu’aujourd’hui les nouvelles technologies et les réseaux sociaux notamment sont un merveilleux moyen d’ouvrir encore la plus la porte et donner accès à ceux et celles qui s’y intéressent, sans savoir par où commencer, démocratiser le sujet et se tourner de nouveau vers une science, un art qui est là depuis la nuit des temps dans le seul but de nous aider à mieux appréhender la vie ! » Un art de la nuit des temps. Cette mention me rappelle que malgré la brutale oppression des croyances anciennes, elles ont su perdurer à travers les millénaires et leurs différents usages. Astrologie, tarot, magie des pierres, études des plantes… Pour Jessica Hundley, la sorcellerie est un langage et un moyen de communication qui va bien au-delà des mots. Cette auteure est à l’origine d’une série de beaux livres rassemblant de nombreuses connaissances sur l’ésotérisme. Parue aux éditions Taschen, The Library of Esoterica se compose pour l’instant de trois volumes : Tarot, Astrologie et le dernier-né, Witchcraft. Au cours de ses recherches, Jessica Hundley a été amenée à rencontrer de nombreux pratiquants de la sorcellerie et de toutes les disciplines qui en découlent. Plongée dans le mysticisme depuis deux ans et prévoyant la sortie d’au moins trois autres volumes, l’auteure a à présent une vision à la fois historique et moderne de la sorcellerie. Tout comme mes précédentes intervenantes, elle ne voit pas la magie comme quelque chose de parfaitement codifié. Au contraire, il y en aurait dans tous nos actes du quotidien qui nous ancreraient dans la vie. « Ma conviction personnelle est que tous les actes créatifs, en plus d’être en communion avec la nature, sont une forme de sorcellerie. Se rapprocher du corps, des éléments – le feu, l’air, l’eau, la terre, l’esprit et la manifestation d’une idée – quoi de plus magique que cela ? Je m’engage dans diverses formes de méditations, je fais un tirage de tarot quotidien, j’honore le pouvoir de l’océan à travers ma pratique du surf – tout cela me semble une sorte de sorcellerie. » m’explique-t-elle. 

Et si certaines aiment l’ouverture provoquée par la modernité, c’est bien parce que la sorcellerie a ce quelque chose de complètement inclusif. Jessica Hundley insiste lors de notre entretien : « La sorcellerie est aussi intrinsèquement une question de communauté et d’acceptation – le coven – l’idée que le pouvoir vient de l’autonomisation des autres. C’est aussi une tradition qui a connu une persécution, un jugement et une répression dévastateurs et, par conséquent, la sorcellerie moderne concerne l’inclusion absolue – l’acceptation de tous. » Mes sessions divination sur la toile valent-elles donc autant qu’un rituel sacré dans un cercle de sel, entourée de cristaux chargés d’énergie lunaire ? Si Jack Parker se reconnaît moins dans cette pratique, elle ne la critique pas pour autant. Sa seule crainte ? Que les adeptes s’enferment dans ce système. « Ce qui m’importe personnellement, c’est de ne pas sombrer dans une forme d’obscurantisme régressif ou tout ça fait loi et devient la seule vérité et le seul référent pour prendre des décisions. » explique-t-elle lorsque je mentionne ces nouvelles tendances avant d’ajouter : « Ne pas sortir de chez soi à cause d’un mauvais tirage de tarot, ou refuser un date avec quelqu’un-e parce qu’iel est gémeaux, c’est quand même dommage. » Son propos est soutenu par la créatrice de l’école de sorcellerie Mûn, qui voit en la sorcellerie un moyen de se connecter à soi-même plutôt qu’une énième injonction faites aux femmes. Ses clientes viennent de tous les milieux et ressentent un besoin viscéral de faire le point avec elles-mêmes. Pour elle, il n’y a rien de pire que la déresponsabilisation de l’être. « J’en ai rencontré des femmes complètement déconnectées de la réalité et qu’il fallait ré-ancrer. Ce n’est pas parce que c’est la nouvelle lune que tout est permis. Il faut aussi mettre du pain sur la table et élever ses enfants. » Elle rajoute : « Je suis contre la vision dogmatique de la sorcellerie parce que je pense qu’il départit les personnes de leur capacité de discernement et de leur responsabilité individuelle. On ne peut pas laisser ce dogme régir nos vies, parce que cela représente un danger et une perte de libertés fondamentales. » En clair, la rétrograde de Mercure ne signifie pas que vous pouvez tout envoyer en l’air sans avoir de plan B. 

Witchcraft. The Library of Esoterica

Et les hommes dans tout ça ?

Salem, située à environ une heure de Boston, a été le théâtre des persécutions les plus célèbres et possède encore quelques bâtiments d’époque que l’on dit fortement hantés (testé et approuvé). À Salem, la sorcellerie fait vivre une partie de la population dans les musées dédiés, les boutiques et les attractions qui se réveillent notamment autour d’Halloween, moment sacré pour les pratiquants de la Wicca ou autres disciplines liées à la sorcellerie. Giles Corey, John Willard, Samuel Wardwell… Quelle surprise de lire des noms masculins sur les célèbres tombes de la petite ville du Massachusetts aux côtés de celles de Sarah Wildes ou Bridget Bishop. Contrairement aux croyances populaires, il n’y a pas que des femmes qui ont été accusées de sorcellerie pendant les chasses. Parfois, les hommes aussi étaient persécutés, soit pour leurs liens avec une sorcière, soit parce qu’ils étaient eux-mêmes reconnus – par des moyens discutables – coupables d’avoir vendu leur âme au démon. Mais aujourd’hui, qu’en est-il de la pratique ? Pourquoi mentionne-t-on beaucoup moins le sorcier que son pendant féminin ? Pour toutes mes intervenantes, il y a une évidente corrélation entre le besoin des femmes de trouver un refuge en elles-mêmes dans une société qui n’est toujours pas égalitaire. Et si l’urgence se trouve plutôt de leur côté, cela n’empêche pas la sorcellerie d’accueillir tous les genres. « Même les hommes ont une sorcière intérieure. » assure la créatrice de Mûn. Dans notre monde occidental, il est vrai que la figure de la magicienne est plus présente que celle du sorcier alors que dans bien d’autres cultures, la sensibilité au monde de l’invisible n’est associé à aucun genre ni aucun sexe. Pour la créatrice du Venice Witch Oracle, cela va même au-delà de qui nous sommes puisque la magie est partout : « Les signes qui me sont envoyés dans les heures miroirs ou la chanson qui vient de se mettre en aléatoire ou le bout de conversation d’inconnus que je viens d’entendre ou la plume d’oiseau qui vient de tomber devant moi quand je pensais à tel sujet…. Ils sont innombrables tous les jours, il suffit juste de regarder avec son 3ème œil ! »

Guide des bonnes pratiques de la sorcière moderne

Après ces entretiens avec ces quatre intervenantes inspirantes, la leçon que j’ai retenue est claire : il n’y a pas de bonne ou mauvaise façon d’être une sorcière. Jack Parker me dit avoir construit sa spiritualité au fil du temps, Lili Nguyen d’avoir pioché dans ses traditions familiales et d’avoir suivi son instinct et ses besoins, Judith Vieille cultive ce lien proche de la terre et des autres… En bref, il y a mille façons de s’approprier la spiritualité et de l’utiliser pour son épanouissement et celui des autres. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de demander conseil à certaines d’entre elles. Alors que le manuel complet de démarrage se trouve dans les pages de Witch, Please, Jack Parker confie qu’elle a « ratissé large pour que tout le monde puisse piocher et se construire sa propre spiritualité alternative, à son image. » Cette vision qu’elle partage avec d’autres pratiquantes est fondamentale : « Se faire confiance, se documenter, prendre son temps, écouter son instinct, ne pas faire des choses qui vous mettent mal à l’aise et y aller tranquillement. » Lili Nguyen appelle à écouter les vibrations, les siennes comme celles des autres, et de suivre son intuition. Elle parle de manifestation, de purification de son espace et bien sûr, du tirage de son oracle dans lequel elle a transmis tellement de bonnes vibes. La créatrice donne même des bons conseils sur son autre compte Instagram, Luna.Valley, qui se transforme peu à peu en petit guide pour embrasser son pouvoir intérieur à son rythme. 



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