« La Ligne », « l’Immensità », « Grand Marin »… Les films à voir (ou pas) cette semaine

La Ligne

♥♥♥ Drame franco-suisse par Ursula Meier, avec Stéphanie Blanchoud, Valeria Bruni Tedeschi, Elli Spagnolo, India Hair, Benjamin Biolay (1h43).

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Chez la réalisatrice Ursula Meier, l’espace, qu’il s’agisse d’une autoroute cacophonique (« Home ») ou de sommets enneigés (« l’Enfant d’en haut »), déclenche toujours l’imaginaire. Un pavillon aux baies vitrées situé près d’une pêcherie ; au loin, des HLM et des montagnes ; au sol, une ligne bleue. Celle peinte par Marion (Elli Spagnolo), benjamine d’un clan de femmes dominé par une mère toxique, Christina (Valeria Bruni Tedeschi), musicienne frustrée et autocentrée. Cette mère, sa fille aînée, Margaret (Stéphanie Blanchoud), s’est précipitée sur elle, l’a rouée de coups puis giflée pour une broutille, une histoire de robe, une énième remarque déplacée. Meier grandit la scène, d’une violence totale, en la filmant au ralenti sur le « Cum Dederit » de Vivaldi. Frappée par une mesure d’éloignement – défense absolue de s’approcher de la demeure familiale à moins de cent mètres –, Margaret échoue chez son ex-amant (Benjamin Biolay), qui la recueille à la condition qu’elle cesse de se battre et inspecte son corps comme celui d’une junkie : compte-t-il de nouvelles ecchymoses ? Mais Margaret, personnage borderline, revient jour et nuit hanter la ligne, cette frontière mentale (border en anglais) dont la petite Marion, soucieuse d’apaiser le conflit et de ménager les deux parties, devient la sentinelle. A part ça, on va bientôt fêter Noël.

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Ursula Meier réalise « la Ligne » : « Je me posais des questions hitchcockiennes »

Variation de focales, travail sur la distance… Ursula Meier, avec une vraie maîtrise formelle, propose un western bergmanien. Il s’ancre autour de la névrose maternelle qui a empoisonné les sœurs : Margaret, musicienne sensible, besoin d’amour fou, s’empêche de chanter (« Elle a tout hérité de moi, qu’est-ce qu’elle en a fait ? » commente l’impitoyable Christina). Marion se réfugie dans sa foi (elle parle à Dieu), Louise (India Hair), en petit soldat déterminé, s’accroche coûte que coûte au bastingage de la norme. Le seul moment où Christina suscite un peu d’empathie provient d’une séquence où, assise sur un pliant en plein air, elle écoute un CD de ses récitals passés. La cinéaste joue sur les registres (drôlerie, cruauté, hystérie), fait disparaître Margaret au profit de Marion, qui, contaminée par la dinguerie générale prend, en quelque sorte, sa place. Elle sait diriger ses comédiennes (si l’on connaissait le talent d’India Hair, on découvre celui de la très jeune Elli Spagnolo et de Stéphanie Blanchoud). Qu’éprouver sinon du respect pour sa manière de creuser un sillon têtu, de dessiner un cadre très précis et d’y jeter de l’imprévu ? Sophie Grassin

L’Immensità

♥♥ Drame italien par Emanuele Crialese, avec Penélope Cruz, Vincenzo Amato, Luana Giuliani (1h37).

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Dans l’Italie des années 1970, un couple se déchire. La femme trouve dans la complicité qu’elle entretient avec ses enfants de quoi surmonter la toxicité de son mari. Un drame vu à travers les yeux d’une aînée mal dans son corps de jeune fille. Violences conjugales, société machiste et quête du genre structurent le nouveau film de l’auteur de « Respiro », enfant prodige du nouveau cinéma italien mais n’ayant rien signé depuis onze ans. Retour en demi-teinte avec ce film mineur, dont la mise en scène est élégante et où Penélope Cruz est poignante. Xavier Leherpeur

Grand Marin

♥♥ Drame français par Dinara Drukarova, avec Dinara Drukarova, Sam Louwyck, Björn Hlylnur Haraldsson (1h24).

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Sans papiers, sans passé, Lili (Dinara Drukarova) dort à la belle étoile dans une nature majestueuse, cherche du taf dans un port de pêche islandais. Elle finit par embarquer sur le « Rebel », un chalutier, grâce au patron (Stan Louwyck), touché par sa « carcasse de moineau », seule femme dans un univers d’hommes taciturnes, qui ne lui font pas de cadeau. Pour son premier film derrière la caméra, l’actrice Dinara Drukarova réussit à la fois à restituer le caractère documentaire d’une campagne de pêche et à y insuffler du romanesque. Son personnage de fille indépendante qui s’attaque à plus grand qu’elle et s’acharne à se montrer à la hauteur en impose. Ce film, aussi. S. G.

L’Envol

♥♥ Drame français par Pietro Marcello, avec Raphaël Thiéry, Juliette Jouan, Louis Garrel, Noémie Lvovsky (1h40).

https://www.youtube.com/watch?v=NAx_EULTWig

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Après la guerre de 1914, Raphaël (Raphaël Thierry, douceur immense) rentre au village rencontrer sa fille, Juliette, née en son absence et élevée par une fermière soupçonnée de sorcellerie (Noémie Lvovsky). Malgré ses doigts d’or, le travail est rare. Il devient pourtant ébéniste et réaccorde un vieux piano pour Juliette, à laquelle une vraie sorcière, celle-ci, a prédit : un jour, « des voiles écarlates t’emmèneront ». Art et préjugés, malveillance et secrets enfouis, sont le socle de cette fable politique sur l’émancipation féminine où l’on chante comme chez Demy et où les aviateurs tombent du ciel comme chez Saint-Exupéry. En dépit de son exigence formelle, « l’Envol » peine à s’envoler, sauf à accepter ce que les uns qualifieront de poésie, et les autres, de naïveté. S. G.

Les Cyclades

Comédie française par Marc Fitoussi, avec Laure Calamy, Olivia Côte, Kristin Scott Thomas (1h50).

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A l’adolescence, Blandine (Olivia Côte), quadra conventionnelle coincée, que son mari a quittée, était la meilleure copine de Magalie (Laure Calamy), fille un peu piquée comme Fitoussi les aime, arnaqueuse sur les bords, bien dans sa peau et son corps. Elles se sont revues dans un resto chinois et partent ensemble dans les Cyclades, à Amorgos, terre du « Grand Bleu » dont elles écoutaient jadis la BO en boucle. L’une se sangle dans des cardigans bien boutonnés, l’autre danse sur les tables. Marc Fitoussi (« Copacabana ») sait installer ce duo burlesque – Blandine est plus ouverte, Magalie, plus fragile qu’il n’y paraît –, et insuffler de la gravité à son buddy movie. Mais son scénario le rend prévisible, et sa durée joue contre lui. S. G.

Natural Light

♥♥ Drame historique hongrois par Dénes Nagy, avec Ferenc Szabó, László Bajkó, Tamás Garbacz (1h43).

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En 1943, alors que l’URSS est occupée par les nazis, une unité hongroise traque les résistants russes en Ukraine. Le sous-lieutenant Semetka, faible mais attachant, va devoir faire un choix : le devoir (et l’atrocité des représailles) ou sa propre humanité (et une certaine mansuétude) ? Mettant au jour un pan méconnu de la collaboration en Hongrie, Dénes Nagy, pour son premier film, aborde avec acuité un déchirement tragique, qui s’achève en horreur. Le film est beau visuellement, la tension dramatique est palpable, et la mise en scène ne cède jamais à l’émotion. D’où un film admirable mais un peu froid. François Forestier

Les Rascals

♥♥ Drame français par Jimmy Laporal-Trésor, avec Jonathan Feltre, Missoum Slimani, Jonathan Eap (1h45).

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Dans les France des années 1980, entre musique punk, le mouvement Touche pas à mon pote et le retour des idées nauséeuses de l’extrême droite, une bande de potes de banlieue s’oppose à un groupe de néofascistes. Et une France black et beur qui se bat pour exister, à une France blanche et aisée. Découvert avec son court-métrage « Soldat noir », Jimmy Laporal-Trésor continue à ausculter une société en proie à ses démons xénophobes et ses relents colonialistes dans ce premier film pugnace à la mise en scène rageuse. X. L.

Les Cadors

Comédie française par Julien Guetta, avec Jean-Paul Rouve, Grégoire Ludig, Michel Blanc (1h25).

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Une énième comédie française où une vieille rancœur entre deux frères, autrefois fusionnels, fond au moment où le plus sage des deux trempe dans un trafic douteux. Personnages écrits à la serpe et situations improbables jalonnent cette réconciliation qui patauge dans les bons sentiments. On sauvera les acteurs (le duel Jean-Paul Rouve en frère instable et Michel Blanc en petit parrain local est savoureux) et la tendresse de jeu de Marie Gillain. Mais où est passé l’auteur de « Roulez jeunesse » ? X. L.

The Novice

♥♥ Comédie dramatique américaine par Lauren Hadaway, avec Isabelle Fuhrman, Amy Forsyth, Dilone (1h37).

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La quête de la perfection athlétique, vécue par Alex Dall, obsédée par l’idée de devenir championne d’aviron. Qu’est-ce qui pousse cette sportive à ces extrêmes ? Comment survit-on à un entraînement déshumanisant ? Quelle détérioration mentale est ainsi produite ? Lauren Hadaway – dont c’est en partie l’histoire personnelle – réussit, pour son premier film, à créer une ambiance sombre. Scènes fortes, images soigneusement cadrées et éclairées, visages calcinés par l’effort : c’est « Whiplash » sur l’eau. Le sujet est d’un intérêt restreint, mais on ne peut qu’admirer le style. D’autant plus que la bande-son est d’une sophistication incroyable. F. F.

Terrifier 2

Film d’horreur américain par Damien Leone, avec Lauren LaVera, David Howard Thornton, Jenna Kanell (2h18).

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Le soir d’Halloween, une adolescente et son petit frère sont hantés et poursuivis par un terrifiant tueur. Suite des pérégrinations ultraviolentes d’Art, le clown psychopathe, ce film d’horreur fauché a rapporté une fortune aux Etats-Unis. S’y ébroue dans un déluge de gore et d’effets prothétiques (la spécialité du réalisateur) son fascinant personnage star, sorte de mime cannibale aux poses comiques incongrues, dont la sauvagerie nihiliste donne lieu à des tableaux d’une dégénérescence cauchemardesque assez inouïe. Gros problème de cette série B baignant dans une ambiance et une musique eighties : la crétinerie du scénario qui, entre poncifs du genre et onirisme mal assumé, s’étire complaisamment sur… deux heures dix-huit ! Nicolas Schaller

C’EST RATÉ

Au revoir le bonheur

Comédie canadienne par Ken Scott, avec François Arnaud, Antoine Bertrand, Louis Morissette (1h47).

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A la mort de leur père, quatre frères se retrouvent avec femmes et enfants dans la maison de famille pour disperser ses cendres. Mais elles ont été perdues durant le voyage, et l’avenir de la demeure, exploitée comme gîte touristique, est sujet à disputes. Tout finira bien si l’on adhère aux lois crasses du feel-good movie matérialiste et démago qui a de la vie, comme de la gent féminine, une vision utilitaire, et pour idéal de mise en scène « la Maison France 5 ». Aux commandes de cette purge, le réalisateur canadien de « Starbuck » va jusqu’à réduire les personnages, au générique, à un qualificatif (l’épicurien, le businessman, etc.). Con comme une flaque, son film n’est bon qu’à une chose : nous donner envie de partir sur-le-champ aux Iles-de-la-Madeleine, sorte d’Etretat québécois. N. S.

De Humani Corporis Fabrica

♥♥ Documentaire suisso-américano-français par Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor (1h58).

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Une plongée ahurissante dans le corps hospitalier et celui des opérés. Opération du cerveau aux airs d’excavation, analyse de tissus cancéreux comme une toile abstraite, accouchement par césarienne : il faut avoir le cœur bien accroché pour affronter ces visions inédites pour qui n’est pas chirurgien. Les documentaristes expérimentaux Paravel et Castaing-Taylor (« Leviathan ») leur associent de longues plages d’observation dans le service psychiatrique, la chambre mortuaire ou lors d’une fête du personnel filmée comme un sabbat sorcier. Nul propos dans cette œuvre horrifique focalisée sur la dimension sépulcrale de l’AP-HP, mais une quête esthétique, encensée lors de sa présentation à la Quinzaine des Réalisateurs, qui frise la pornographie médicale. N. S.

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« La Ligne », « l’Immensità », « Grand Marin »… Les films à voir (ou pas) cette semaine

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