De Mithra, rival de Jésus Christ, au « Soleil invaincu » : ce que Noël doit aux rites païens

C’est une crèche ordinaire, avec ses santons de Provence. Le bébé Jésus, sur la paille, sa mère radieuse, son père aussi putatif que pensif, un âne à droite et/ou un bœuf à gauche, une étoile au firmament… Loin d’être un compte rendu historique des premiers jours du divin enfant, cette crèche nous parle de religions oubliées parce que vaincues, de symboles qui ont changé de sens. Elle nous murmure l’histoire des métamorphoses de Noël, fête païenne devenue chrétienne.

A l’origine, au Ier siècle de notre ère, les chrétiens, alors une secte juive parmi d’autres, ne fêtent pas Noël. La question de la date de naissance de Jésus ne se pose pas. C’est une coutume païenne que de fêter un anniversaire, souligne le théologien chrétien Origène (vers 185-253), au IIIe siècle. Ce qu’il convient surtout de célébrer, c’est la Passion du Christ, qui a eu lieu à Pâques.

Examinons plus en détail les animaux présents dans la crèche. Moutons, âne et bœuf sont attestés comme animaux bibliques. Les moutons sont la métaphore du peuple du Christ « bon pasteur », l’âne est la monture des prophètes, et le bovin trouve la justification de sa présence grâce aux prophéties d’Isaïe, qui l’associent à l’âne comme appartenant à un maître à venir, le Messie – « Un bœuf connaît son propriétaire, et un âne le maître qui lui donne à manger. Mais Israël ne veut rien savoir, mon peuple ne comprend rien » (Isaïe 1, 3).

Mithra, le rival du Christ

Reste que le bœuf est aussi un animal très vénéré en Orient et en Europe, car il incarne la richesse depuis plusieurs millénaires. Et ce bovin fait également penser au taureau, l’animal symbole du plus connu des rivaux du Christ, Mithra, dans la compétition religieuse qui fait rage à Rome.

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Mithra (ce nom védique signifie « ami ») est une divinité indo-européenne, apparue en Perse ou en Inde, importée dans l’Empire romain au tout début de notre ère. Ce dieu, à Rome, fait l’objet d’un culte à mystères, sur le modèle de certaines religions grecques – aussi appelées « cultes initiatiques », parce qu’elles nécessitent pour leurs croyants des initiations successives, leur permettant de mieux percer l’histoire et les secrets de leur divinité. Les sources, fragmentaires, évoquent des impétrants amenés dans une grotte obscure. Un taureau y serait alors égorgé et on les aspergerait de son sang. De cette initiation émergent des adeptes considérés comme ressuscités.

Certains récits (tardifs) font naître Mithra dans une grotte, d’autres près d’une source sacrée, sous un arbre. A l’âge adulte, il aurait tué un taureau duquel sortirent aussitôt herbes, plantes, blé et vin, participant au miracle de la vie. Mithra périt ensuite, ressuscitant pour s’envoler vers le ciel dans un chariot de feu.

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