Après Albator et Goldorak, Kana relance

C’est avec une joie non dissimulée que nous fêtons le retour en librairie des Chevaliers du zodiaque. La mythique saga arrivée à grands coups de météores dans les années 1980 s’offre aujourd’hui une nouvelle vie sous les crayons de Jérôme Alquié.

Accompagné de son ami Arnaud Dollen au scénario, le dessinateur d’Albator – Mémoires de l’Arcadia nous réinvite dans le foisonnant univers de Masami Kurumada.

C’est la troisième collaboration franco-japonaise que Kana entreprend depuis 2019. Le concept est simple : proposer une nouvelle aventure d’une licence japonaise culte travaillée par des auteurs de bande dessinée franco-belge. L’occasion pour toute une génération d’auteurs de témoigner leur respect aux séries qui ont façonné leur enfance. Derrière ces chouettes projets, c’est toute une structure collaborative qui est mise en place entre les éditeurs français et japonais. Après Leiji matsumoto pour Albator, Go Nagai pour Goldorak, c’est au tour de Masami Kurumada d’accorder sa bénédiction aux auteurs français.

La version collector
Il n’y en aura pas pour tout le monde !

Pour nos lecteurs les plus jeunes n’ayant pas reçu d’éducation en matière d’animation japonaise de la fée Dorothée, Saint Seiya, ou Les Chevaliers du Zodiaque en bon français, raconte le destin de cinq combattants, Seiya, Shiryu, Yoga, Shun et Ikki, ayant été choisis pour protéger la réincarnation de la déesse Athéna en la personne de Saori. Vêtus chacun d’une armure représentant une figure du zodiaque, ils devront lutter contre maints ennemis aussi bien (et souvent mieux) armés qu’eux et s’imposer grâce à une grande force intérieure, leur Cosmos. Le manga et l’anime ont connu moult suites, prequel et spin-off et c’est aujourd’hui au tour de Jérôme Alquié de nous proposer sa version des aventures de Seiya et de ses compagnons.

Afin de ne perdre personne, Les auteurs ont veillé à mettre en introduction de ce premier tome un rapide rappel des aventures de nos héros, de manière à offrir à ceux qui n’ont pas encore éveillé leur septième sens, un cours de rattrapage. Pour ceux plus à l’aise avec la mythologie de Saint Seiya, l’album s’ouvre alors que les chevaliers de bronze d’Athéna se remettent d’un pénible combat contre les chevaliers d’argent. C’est le moment que choisit un nouvel ennemi pour frapper les protecteurs de la déesse ! Ces mystérieux assaillants clament œuvrer au nom de leur seigneur Chronos, le dieu du temps, et sont à la recherche d’Ikki, le puissant chevalier du Phénix…


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En effet, l’album commence entre deux arc préexistants : celui des chevaliers d’argent et celui des 12 maisons du zodiaque. Un choix qui peut décontenancer au premier abord. Afin d’éclaircir ce mystère, les membres de notre rédaction sont partis à la rencontre de Jérôme Alquié durant la Japan Expo en juillet dernier. Celui-ci a gentiment répondu à nos questions sur la genèse de cet excitant album :

Plaisir de te rencontrer Jérôme ! En juin dernier lors de la rentrée de Média Diffusion, les professionnels ont pu voir une petite vidéo de toi présentant ton album, le moins qu’on puisse dire c’est que tu es un gros fan de Saint Seiya, ahah !

Ahah, oui j’ai un petit sanctuaire à la maison, tout une pièce dédiée !

Comment s’est fait cette rencontre avec Saint Seiya ?

C’était le 6 avril 1988, donc vraiment le tout premier jour de Saint Seiya en France, j’étais tombé dessus par hasard, j’ai vu que c’était un anime avec des colonnes grecques et tout, et comme j’étais fan d’Ulysse 31, je me suis dit « Oh tiens sympa ». J’ai regardé, puis dès l’épisode 4 avec le combat Shiryu VS Seiya j’ai dit « Ok là c’est un truc épique », je pensais pas du tout que beaucoup de monde allait aimer, en tout cas j’étais sûr que j’allais adorer ! J’ai trouvé que c’était une série qui avait une dramaturgie, certes de la violence, mais de la violence qui servait l’histoire dans le sens du dépassement de soi, « je tombe et je me relève à chaque fois ! » l’amitié entre les personnages, ennemis un jour, amis le lendemain… Tous les ingrédients du shonen, et du nekketsu en particulier étaient dans cette série et j’ai kiffé dès le début ! Et au-delà du plaisir à les regarder, comme j’aimais dessiner, je m’amusais à les dessiner d’une semaine à une autre. Ça m’a appris le dessin, en essayant de refaire ce que je voyais à l’écran, j’ai compris certaines techniques… Alors je n’irai pas jusqu’à dire que je les maitrisais mais au moins j’ai appris à dessiner comme ça. Donc Saint Seiya, non seulement je suis fan, mais en plus c’est lié à mon apprentissage du dessin. Elle a une place particulière dans mon cœur.

Donc finalement avec une BD Saint Seiya la boucle est bouclée.

La boucle est bouclée mais j’espère qu’il y a suffisamment d’espaces au bout de la boucle pour rajouter encore des choses plus tard. Et tu sais, Saint Seiya, Albator et Ulysse 31, ce sont mes trois plus grosses séries, et je me rends compte que je serai amoureux d’elles jusqu’à la fin. Par exemple je reçois un coup de fil, je réponds, je suis concentré sur le coup de fil, je dessine en même temps car je ne sais jamais quoi faire de ma main droite, et quand je raccroche c’est toujours l’un des trois ! Je sais qu’a 90 ans si j’y arrive, je dessinerai encore Albator, toujours avec le même plaisir.


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En parlant d’Albator, tu avais déjà fait une reprise avec la bénédiction de Leiji Matsumoto, maintenant ce sont Les Chevaliers du Zodiaques sous le regard bienveillant de Masami Kurumada… Comment sont arrivés ces projets, c’est Kana qui t’as approché ?

Ça a commencé en 2014, Kana m’avais contacté pour une éventuelle BD sur Saint Seiya. C’était Saint Seiya Omega, car le manga s’arrêtait au japon, et l’éditeur japonais avait proposé à Kana de trouver un auteur français pour faire la suite. Saint Seiya Omega ce n’est pas tout à fait Saint Seiya tout court, donc on s’est dit non, ce n’est pas ce qu’on veut faire, puis on est parti sur le projet Albator en gardant en tête que c’est pour Saint Seiya que j’avais été approché. On n’a jamais oublié cela, et quand on a commencé à bosser avec Leiji Matsumoto sur Albator, on travaillait aussi avec son éditeur, Akita Shoten, et qui est le même pour Masami Kurumada. Donc si tu veux, Saint Seiya est vite arrivé sur le devant de la scène. On s’est dit « bon on fait Albator mais très vite ce serait bien qu’on fasse Saint Seiya  ». Il est évident qu’avoir fait Albator aide énormément les Japonais à se projeter. Ils voient à quoi ça ressemble, ils savent comment je travaille, ma vitesse, quelles sont les étapes de validation… C’est le même éditeur que j’avais en face c’est quand même très pratique. Albator c’était presque le point de départ de Saint Seiya.

Là encore la boucle est bouclée. Au scénario tu travailles avec Arnaud Dollen, vous aviez fait Surnaturels chez Delcourt ensemble… Comment s’est passée la collaboration, c’est toi qui l’as ramené sur le projet ?

C’est un ami en fait, un ami de 27 ans ; on a fait la même école d’ingé ensemble, et on s’est rencontrés autour de Saint Seiya. Il est rentré dans ma piaule, à Toulouse, il a dit « Oh ils sont sympas les posters que t’as sur les murs, où est-ce que tu les as achetés ? » « Bah je ne les ai pas achetés, je les ai dessinés ! » « Mais ouais c’est ça… » « Non non sérieux ! » « Ah ouais c’est chouette ! »

À ce moment-là j’écrivais une fan-fiction Les Chevaliers du Zodiaque et elle commençait avec le vieux maitre à côté de la cascade de Rozan et j’avais écrit des trucs à côté, j’avais écrit « Et le vieux maitre est assis en tailleur à côté de la cascade de Rozan » « Et bien moi j’écris ! j’écris un peu de manière littéraire, si tu veux je peux écrire ton histoire. J’écris la même chose que toi mais de manière un peu plus…littéraire, quoi ! » « Ouais ouais bah vas-y ». Tu sais avec un petit sourire, et là il me ramène son truc, avec la grosse goutte parce qu’il avait un peu peur, et je lis « Ombragé par son éternel chapeau de paille, perdu dans des pensées insondables, le regard du vieux maitre ignore la beauté familière de la vallée des 5 pics [etc.] » La claque quoi. Donc voilà, ça a commencé ainsi, on reboucle la boucle tous les deux en fait, ahah !


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Pour votre série vous êtes partis sur ce que tu appelles un interquel, l’intrigue commence entre l’arc des chevaliers d’argent et les Douze Maisons, pourquoi ce choix ?

Je vois que tu as retenu le mot pendant la présentation, ahah. C’est tout ce que j’ai trouvé pour le définir. Au départ c’est venu d’une idée : quand tu discutes avec des fans de Saint Seiya, t’en as qui sont fans de l’arc du Sanctuaire, t’en as qui sont fan des Blacksaints, t’en as qui sont fans d’Asgard (assez rarement de Poséidon mais bon, voilà), puis d’autres même qui aiment Hadès et les dernières armures, surtout les collectionneurs, et moi je ne voulais pas que mon histoire fige les armures dans une des versions, je voulais qu’il y a en ait pour tous les goûts. Qu’il y en ait pour Les V1, enfin ce que je prenais pour les V1 de l’anime, on parlera après des droits qui ont fait que je suis parti sur les V1 du manga, mais je voulais qu’il y ait toutes les versions possibles des armures, et pour ça, eh bien il fallait forcement que mon récit s’étale à différents moments de l’histoire originale. C’est comme ça qu’on a commencé le projet et que s’est imposé à notre esprit, l’antagoniste de l’histoire.

Effectivement j’ai été un peu surpris de voir les armures V1 du manga plutôt que celles de l’anime qui sont plus connus en France. Je me suis demandé quel public vous visiez : ceux qui, comme toi, ont grandi avec l’anime, les fans du manga ou les néophytes à qui vous souhaitiez faire découvrir l’univers ?

Le coup des armures a été un vrai choc car je m’attendais à bosser avec les V1 de l’anime et on a vite compris que d’un point de vue droit ce n’était pas gérable : on a signé avec Masami Kurumada et forcement on doit respecter le cahier des charges graphique de Masami Kurumada. Pas forcément dans le style graphique et les personnages, mais on doit respecter le design et la colorisation des armures. On s’est dit que pour pas perdre le public dont tu parles, celui qui a grandi avec Saint Seiya à la télévision et qui a vraiment le souvenir de la télé, il fallait leur donner quand même un style graphique proche de leur souvenir, et donc la manière de dessiner, la manière de coloriser est un peu entre la bd et l’animation, t’as dû le voir dans le dessin, alors ce n’est pas du Araki/Himeno ça c’est sûr, mais j’essaye malgré tout de faire sentir l’influence de l’anime. Au travers des armures j’essaye de rappeler la manière dont elles étaient colorisées à l’époque, ce qui fait que les V1 de mon album sont plus proches de l’anime que les V1 de Kurumada, en tout cas selon moi. Ça permet de trouver un juste équilibre, ce qu’on a essayé d’expliquer aux japonais. Il faut que l’album soit dédié aux fans, aux fans hardcore, mais aussi qu’il soit accessible aux gens de l’époque qui ont juste un souvenir « ah ouais, Shiryu c’est le mec qui renversait la cascade, je me souviens ». Il fallait que la madeleine de Proust fonctionne.

Vous partez sur cinq albums, cinq albums pour cinq chevaliers ?

Exact, un coup de projo sur chacun ! le premier c’est Ikki, et dans le second ce sera Shun d’Andromède. En fait ce qui m’intéresse dans les albums, que ce soit Albator ou Saint Seiya c’est de gratter la psychologie des personnages principaux et d’aller chercher leur fracture, leur faiblesse, leur kryptonite quoi. Pour Ikki, bon évidemment c’est le plus badass, c’est le plus puissant, c’est celui qui te pète tout le monde avec son envol du phénix donc évidemment qu’il y aura de ça mais en même temps, moi, ce qui m’intéressait c’est d’aller chercher ce qui fait qu’il est devenu comme ça, ce qui s’est passé sur l’ile de la mort, le fait de s‘en vouloir de pas avoir réussi à sauver sa bien-aimée Esmeralda et c’est ça que j’ai envie d’aller gratter comme j’avais gratté sur Albator dans le second tome et je vais essayer de faire en sorte avec Arnaud d’aller chercher les faiblesses et les fractures de chacun des personnages pour essayer d’alimenter un peu plus leur mythologie. On s’est rendu compte que plus t’avances dans l’univers de Saint Seiya moins t’as de révélation sur les héros parce que tu les connais et après tu te focalises plus sur les antagonistes, Asgard en est un bon exemple c’est presque les héros de l’arc mais j’aimerais bien recentrer un peu les débats sur les 5 chevaliers. Ça ne veut pas dire qu’il faut oublier les antagonistes mais je préfère quand même retravailler les personnages principaux et c’est pour ça que la version collector va plus loin, parce qu’elle permet d’aller raconter les petites side-story sur la mythologie des armures elles-mêmes et la relation des personnages avec elles et c’est ça qui m’intéresse !

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Les Cinq Chevaliers de Bronze d’Athéna
©1985 Masami Kurumada (AKITASHOTEN)

© Alquié – Dollen – KANA (Dargaud-Lombard s.a.)

D’ailleurs vos antagonistes parlons-en ! Vous opérez un petit retour à la mythologie grecque en proposant le dieu du temps Chronos comme ennemi des chevaliers d’Athéna. A son service, 12 chevaliers, ses « Heures », comment avez-vous créé ces antagonistes ?

Travailler sur les antagonistes c’est très sympa. La petite originalité des antagonistes vient des armures du moins pour les 12 principaux : on va faire en sorte de créer un lien plus important entre armures et porteurs, plus important qu’il n’existe dans n’importe quel autre ordre. Je vais te donner un exemple : dans Saint Seiya quand tu regardes le chevalier Pégase, il combat pour être digne de porter l’armure de Pégase mais bon si Cassios avait été le vainqueur, il l’aurait porté aussi.

Oui les chevaliers sont interchangeables en fait ?

Voilà c’est interchangeable alors que dans notre album les armures des 12 principaux guerriers de Chronos sont vraiment liées au personnage, c’est-à-dire que Chronos va aller chercher, va puiser dans la personnalité de chacune de ses heures pour fabriquer l’armure qui lui va le mieux. Ce n’est pas Chronos qui a fabriqué 12 armures et attendu ses guerriers, il a choisi ses guerriers et fait 12 armures, on verra ça dans le tome 2… Et Chronos ne va pas se contenter du Panthéon grec, dans le tome 2 on y verra un amérindien qui a grandi avec des mythes complètement différents !

Tout un programme ! Albator, l’année dernière Goldorak qui a été un grand succès de librairie, cette année Saint Seiya, on voit fleurir partout, pas que chez Kana, des rééditions ou des albums de reprises de licences mythiques. Ça nous interpelle, certains voient dans ces reprises un signe d’assèchement des propositions créatives des auteurs de bande-dessinés. Toi, en tant qu’auteur et fan de cette première culture japonaise arrivée en France dans les années 80, comment tu vois la chose ?

Alors c’est une question très intéressante, qui mériterait qu’on en discute plus. Ce que je pense c’est que la France est le plus gros consommateur de manga au monde après le japon et que par notre importation de produits dérivés, c’est-à-dire l’animation dans les année 70-80 on est vraiment tombés amoureux de ça ; on a dû beaucoup lutter dans les années 90 pour que le manga puisse continuer à exister là où les bien-pensants français nous ont marginalisés et nous ont considérés comme des moins-que-rien, et je pense que ça nous a fait l’aimer et le défendre encore plus ! Et si aujourd’hui beaucoup de gens le regardent, c’est aussi parce qu’il y a eu cette défense des gens de la génération 80. Donc, non, on ne tourne pas en rond. La preuve, il y a des créations tout le temps. Tous les collègues à côté de moi (sur le stand Kana ndlr) ont fait des mangas sortis de leur tête, pas du tout des reprises, et qui sont de grandes qualité ! Mais c’est bien aussi de savoir d’où on vient et je pense que plus les gens aiment le manga plus ils ont envie de s’attacher à son histoire et ça me fait plaisir de voir des éditeurs qui veulent ressortir des choses, et d’en créer de nouvelles car là c’est un regard nouveau sur des licences qui ont été marquantes pour ceux de ma génération.

C’est finalement un bel hommage. Puis pour les auteurs qui ont grandi avec, ce genre de collaboration ça doit être le rêve !

Pour des auteurs comme nous qui ont grandi dans les années 80, avoir la possibilité de faire des collaborations avec Matsumoto, Tout ces auteurs japonais… Tu te rends compte, j’avais 13 ans quand je regardais les épisodes ! Je trépignais d’impatience en attendant le prochain épisode et là c’est Kurumada qui m’écrit en me disant « C’est super, j’attends d’avoir le tome 2 ! ».

C’est incroyable, c’est magique… Je me lève le matin et c’est ça que je fais…

Un petit mot de la fin, as-tu un message à adresser à nos lecteurs ?

Je peux leur dire que je suis très excité à l’idée qu’ils découvrent l’album mais que je suis mort de trouille. je suis mort de trouille parce que dans le monde des Chevaliers du Zodiaque il y a beaucoup de choses qui ont été faites, et il y a beaucoup de fans vraiment hardcore de Saint Seiya ; j’espère qu’ils vont retrouver au moins toute la passion qui a été la nôtre en tant qu’auteurs, mais aussi éditeurs parce que chez Kana il y a aussi des gros fans de Saint Seiya à commencer par le directeur Marketing, Nicolas. C’est super de donner des projets comme ça et j’espère que cette passion va transparaitre au travers des pages et que ça fera revivre à certains lecteurs l’anime des années 80, et faire découvrir la licence à d’autres ; qu’ils puissent s’intéresser au travers de la bande dessinée à tout l’univers de Kurumada !

Propos de l’interview écrite : Sacha Puaux

Propos du podcast recueillis par Charles-Louis Detournay et monté par Kelian NGuyen.

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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