“L’expérience mystique racontée dans ‘Reste un peu’ est vraie”: Gad Elmaleh interroge notre rapport aux religions dans son dernier film

Jusqu’à son dénouement, Reste un peu brouille les pistes… En réalité, de quelle religion étiez-vous et de quelle religion êtes-vous désormais?

Le film est à la frontière de la fiction et de la réalité. Il s’agit d’un choix personnel venu du besoin qu’il devienne un objet cinématographique. Dans le cas contraire, j’aurais fait un documentaire pur, étalé sur cinq heures tellement cette histoire est complexe. Concrètement, j’ai été éduqué dans une famille juive avec une éducation sépharade pas religieuse, pas orthodoxe, mais traditionaliste, au sein d’un pays musulman, le Maroc, qui est un exemple en termes de fraternité entre ces deux communautés. L’expérience mystique racontée dans Reste un peu est vraie. Il y a un côté “jeux interdits” dans le sens où on proscrit le fait d’entrer dans une église mais où on se challenge tous pour le faire… Cela m’a habité pendant des années. À titre personnel, je ne suis ni converti ni baptisé mais je me suis intéressé à ce tabou et j’ai tiré le fil pour en faire le scénario… Et d’ailleurs, cette histoire n’est pas terminée!

Qu’est-ce qui vous a amené à vous questionner sur les religions?

Je pense que la religion, l’athéisme ou l’agnosticisme font partie intégrante de nos vies. Toute cette histoire du vivre ensemble, c’est bien beau mais si on ne sait pas où on en est nous-même, on ne peut pas comprendre l’autre. Le point de départ est une forme de crise de la cinquantaine. Crise qui, comme ma sœur l’explique dans le film, s’est faite dans mon cas sous la forme d’une quête spirituelle. Qui suis-je? Où suis-je? Où vais-je? Que s’est-il passé?

Le film se déroule après votre retour des États-Unis. Cette expérience a-t-elle fait de vous un autre Gad Elmaleh?

Dans un sens oui, mais c’est une conséquence et non un point de départ. Je ne me suis pas dit: “Tiens, il faut que tu sois un beaujolais nouveau!”. Cependant, il s’agit peut-être, oui, d’une autre version de moi, qui a appris et a compris certaines choses… Bizarrement, cette démarche d’aller très loin, aux États-Unis, qui représentent le rêve, l’idéal, la projection… pour finalement revenir à ce qui est le plus proche de moi, auprès d’un public qui m’aime, m’a rapproché de ce que je voulais atteindre. Je ne le cache pas: je n’ai pas fait ce que je pensais aux USA… J’ai fait du talk-show, c’était flatteur mais ce n’était pas un projet de vie artistique. J’avais envie d’une nourriture plus dense! Mais attention, j’ai adoré! J’ai joué dans des salles incroyables, assuré une tournée avec Jerry Seinfeld, vécu des choses folles… Mon choix de revenir en France est aussi dû à mon fils de 8 ans, qui en avait 5 lors de mon départ.

Doser le rapport entre humour et réflexion était-il un des paris de Reste un peu?

C’est assez délicat et j’ai beaucoup appris avec ce film. L’humour, la drôlerie viennent toujours de quelque chose de vrai. Par exemple, la mère qui va un peu trop loin, moi qui fais un truc inattendu… on est dans du réel, pas dans le gag, que j’adore, mais c’est encore autre chose… Je n’aime pas les gens qui ont fait de la comédie et ne l’assument pas! Non, moi, j’ai une âme de comédie! Elle est donc présente, mais différemment. Elle est au service du sens, de thèmes sérieux et importants à mes yeux.

Tout est donc très écrit? Ou avez-vous laissé une place à l’improvisation?

C’est aussi un équilibre. Il y a des moments de total freestyle. Je pense notamment à des passages assurés par ma mère lors de la séquence de Shabbat ou de la dispute de famille… À l’inverse, les scènes de réflexion sont très travaillées.

On note aussi un filmage à l’épaule, pour le coup très documentaire. Cette idée s’est rapidement imposée?

C’est mon plus petit film, en budget et en jours de tournage… C’est aussi le plus intime, le plus personnel… Pour l’image, nous n’avions pas de camions ou de projecteurs à notre disposition mais on avait avec nous Thomas Bremond, un chef opérateur de génie, qui s’arrangeait avec ce qu’il avait à disposition. On a, par exemple, maquillé trois fois le même décor pour avoir des rendus différents… Après, si mes parents ne jouaient pas mes parents et que je n’interprétais pas un double de moi-même, cet aspect documentaire n’existerait pas. Le casting associé au filmage donnent donc ce ressenti.

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