« La méditation de pleine conscience est très loin des images ésotériques et des odeurs d’encens »

Tribune. La Ligue des droits de l’homme vient d’alerter [dans une lettre ouverte publiée le 18 janvier] le ministère de l’éducation nationale sur l’expérimentation d’ateliers de méditation de pleine conscience en milieu scolaire et exige l’arrêt de ces pratiques. Les recherches scientifiques montrent pourtant de nombreux bénéfices pour la santé mentale et le fonctionnement cognitif.

A quoi ressemble une pratique de méditation de pleine conscience en classe ? Il est proposé aux élèves volontaires d’être attentifs à ce qui se passe pour eux dans le moment présent (leurs émotions, leurs pensées, leurs sensations), en prenant le temps de l’observation, sans chercher à réagir immédiatement, contrairement à ce que l’esprit humain incline souvent à faire. L’élève observe sa situation sous différents angles et prend du recul par rapport à sa façon habituelle d’appréhender les expériences quotidiennes. La notion de « non-jugement » utilisée dans ces exercices ne signifie pas perte d’esprit critique, mais prise de conscience de ses représentations à propos de soi, des autres et des situations rencontrées. Nous sommes très loin des images ésotériques et des odeurs d’encens qui font monter la moutarde au nez de certains lorsque l’on parle de pleine conscience, terme qui désigne une pratique qui n’a aujourd’hui absolument rien d’intrinsèquement religieux.

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Il s’agit donc d’une expérience qui, en instaurant un moment de calme et en proposant d’observer sereinement ce qui se passe en soi, peut contribuer à atténuer notre tendance à réagir de manière impulsive aux incitations extérieures, prendre conscience des routines mentales qui ne sont pas aidantes (ruminations mentales distractrices et anxiogènes), développer une attitude d’ouverture intellectuelle à l’égard d’autrui et de l’environnement plus large.

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Depuis une trentaine d’années, la pleine conscience fait l’objet d’études approfondies dans les laboratoires de recherche de tous les continents. La base bibliographique PubMed, qui recense toutes les publications biomédicales, indique qu’au 24 janvier 2022 il n’existe pas moins de 21 829 publications scientifiques sur ce sujet ! Les grandes tendances des recherches, qui se fondent sur des synthèses systématiques et l’agrégation statistique des données des publications (les méta-analyses), indiquent des effets bénéfiques sur la santé mentale des jeunes et des adultes : réduction des symptômes de stress, d’anxiété, de dépression et de l’épuisement professionnel des enseignants. Une telle efficacité s’explique notamment par leur rôle dans l’amélioration des compétences de régulation des émotions. Des recherches montrent que le développement de ces compétences s’accompagne de changements anatomiques et fonctionnels dans des régions du cerveau sous-tendant ces processus.

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