Bruce Springsteen : un album soul pour replonger dans son adolescence

Dépressif et battant, hanté par les fantômes du passé et ancré dans les combats présents, Springsteen provoque : « Seuls les plus forts survivent », tout ce qu’abhorre l’enfant de la classe ouvrière qui n’a cessé de chanter les déshérités, les migrants et les laissés-pour-compte.

Ses deux derniers albums exploraient les forces contraires du Boss : « Western Stars », excursion solitaire de la country californienne fin des sixties, « Letter To You », méditation violente sur la mort enregistrée avec toute l’énergie de l’E Street Band.

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Avant de partir en tournée avec le groupe (au printemps 2023 en Europe, à Paris à la Défense Arena les 13 et 15 mai), Springsteen livre un disque de reprises qui semblent écrites pour lui. Ainsi ce « Cruising with My Chevrolet/I Held my baby in my arms/But my first love was always the songs », dans « Soul Days ». Quinze chansons créées dans les années 1960, à l’exception de « When She Was My Girl » (1981) des Four Tops (mais que l’inamovible quatuor aurait pu sortir en 1965) et de « Nightshift » (1985) que les Commodores dédient aux mânes de Marvin Gaye et Jackie Wilson.

https://www.youtube.com/watch?v=6bM3L296ZNw

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Quinze tubes de rhythm’n’blues qui ont bercé l’adolescence du Boss. Jerry Butler, Dobie Gray, Frank Wilson, Tyrone Davis, William Bell, Jimmy Ruffin, la fine fleur du sirop Motown et du Memphis Sound chez Stax. Chœurs déchirants, ballades d’amours éperdues, conseil d’une mère à son fils abandonné, manteau de solitude et ombres terribles : « Loneliness is the cloak you wear/A deep shade of blue is always here », pleurs et trahisons, serments envolés, « Sunshine, blue sky, please go away/My girl has found another, and gone away », rêves en poussière, « You took the dream I had for us, and turned that dream into dust », illusions du bonheur, mélodrame absolu : « Ne joue pas cet air-là/Qui me rappelle autrefois/Mon cœur n’y tiendrait pas » (« Don’t Play That Song », de Ben E. King, traduit par Johnny la même année 1962).

Bruce Springsteen aux racines ouvrières du rock

A l’automne de sa vie, Springsteen (qui signifie aussi « printemps adolescent ») retrouve dans la soul la mélancolie ardente propre à transfigurer les peines du blues en rythmes joyeux, les tragédies passées en lendemains qui chantent. Pour clore l’album, il reprend comme un hymne « Someday We’ll Be Together » (le dernier succès des Supremes sur Motown avant que Diana Ross ne les quitte pour une carrière solo). « Demain, nous serons à nouveau réunis » : en 1969, le cri d’un amant fautif pouvait prendre aussi un autre sens au temps du combat pour les droits civiques et contre la guerre du Vietnam. Romantisme et engagement entrelacés.

Only the Strong Survive, par Bruce Springsteen (Sony Music).

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Bruce Springsteen : un album soul pour replonger dans son adolescence

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