Les amis fascistes de l’impérialisme canadien – deuxième partie: L’Organisation des nationalistes ukrainiens, complices d’Hitler

Cet article est le deuxième d’une série en plusieurs parties.

Première partie

L’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), dont les actions et l’héritage sont célébrés par le Congrès ukrainien canadien parrainé par l’État, est la source politico-idéologique des forces fascistes qui jouent un rôle si important et réactionnaire dans l’Ukraine contemporaine.

En 1940, l’OUN s’est scindée en deux groupes afin de déterminer la meilleure façon de collaborer avec l’Allemagne nazie pour obtenir un État national ukrainien. Dans la poursuite de cette collaboration et de leurs visions rivales d’un État fasciste, les deux factions ont commis des crimes horribles. Elles ont toutes deux soutenu la guerre d’anéantissement des nazis contre l’Union soviétique, qui a coûté la vie à plus de 27 millions de citoyens soviétiques, et ont participé à l’holocauste des Juifs d’Europe.

L’OUN (Melnyk) a cherché à travailler au sein du régime d’occupation de l’Allemagne nazie et a favorisé la formation de la division Galice de la Waffen SS. C’est à cette organisation qu’appartenait le grand-père de la vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland.

Une affiche de recrutement pour la 14e Waffen SS Galizien montrant la première page du Krakivski Visti, ainsi qu’un soldat Waffen SS sur le point d’assassiner un Juif caricatural avec une épée. [/photo]

L’OUN (Bandera), dont de nombreux membres ont également trouvé refuge au Canada après la Seconde Guerre mondiale, a également intégré systématiquement ses forces dans la machine militaire nazie et son appareil répressif en Pologne occupée par les Allemands et, plus tard, en Union soviétique. Mais l’OUN (B) a adopté une «position plus radicale», allant au-delà du mandat que lui avaient confié ses patrons et alliés nazis. Après avoir pénétré dans Lvov en juin 1941, dans le cadre de la force nazie qui envahit l’URSS, elle déclare la création d’un État ukrainien «indépendant», dont elle souligne qu’il fera partie intégrante de la «Nouvelle Europe» dirigée par les nazis. Des frictions s’ensuivent. Mais les deux camps s’efforcent de maintenir leur alliance et, jusqu’à la fin de la guerre, l’OUN (B) dirigée par Bandera et son Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) collaborent avec les nazis et la Wehrmacht pour combattre l’Armée rouge et les partisans soviétiques, terroriser la population et exterminer les Juifs d’Ukraine. Ils ont également tué des dizaines de milliers de Polonais dans leur quête d’une Ukraine ethniquement «pure».

L’OUN et les origines du fascisme ukrainien

Les apologistes contemporains de l’OUN insistent sur le fait qu’ils avaient été placés malgré eux dans une situation impossible pendant la Seconde Guerre mondiale et qu’ils pouvaient tout au plus être accusés d’avoir adopté par opportunisme le soutien des nazis et leur antisémitisme. Ces affirmations sont dénuées de tout fondement historique. L’OUN était une organisation fasciste dès sa création, qui recherchait depuis longtemps le soutien des nazis et dont le rôle dans l’extermination massive des Juifs d’Ukraine était politiquement préparé et préfiguré par ses actions au cours de la décennie précédant le déclenchement de la guerre en 1939.

L’OUN est née en 1929 de la fusion de plusieurs organisations d’extrême droite, dont la Ligue pour la libération de l’Ukraine, issue de l’Union des fascistes ukrainiens, et l’Organisation militaire ukrainienne (UVO). Composée de vétérans des forces nationalistes ukrainiennes qui avaient combattu les bolcheviks pendant la guerre civile qui a suivi la révolution d’octobre 1917, l’UVO a fourni une grande partie de la direction initiale de l’OUN.

Socialement, l’OUN était composée de petits-bourgeois frustrés et aigris, ainsi que de propriétaires terriens dépossédés et d’autres notables. Sur le plan politique, elle était animée par une haine pathologique de la révolution d’Octobre et de l’Union soviétique. Sur le plan idéologique, elle s’inscrit dans le vaste courant fasciste, militariste et anti-égalitaire qui s’est développé à la suite de la violence et des bouleversements sans précédent de la Première Guerre mondiale, en réaction directe à la Révolution russe et aux aspirations socialistes de la classe ouvrière européenne.

Mais l’OUN et ses partisans étaient particulièrement furieux et lésés. De leur point de vue, la révolution socialiste en Russie et en Ukraine les avait privés de leur droit de naissance – un État ukrainien où ils auraient régné en maîtres – ainsi que, dans de nombreux cas, de leurs biens et autres privilèges. En outre, ceux qu’ils percevaient comme leurs rivaux ethniques avaient été renforcés. Il existait désormais une République polonaise, y compris sur le territoire que convoitaient les nationalistes ukrainiens et qui réprimait sa minorité ukrainienne. Et à la suite de la révolution russe, les Juifs d’Ukraine, longtemps la cible de pogroms et de l’agitation des Cent Noirs du gouvernement tsariste, jouissent d’une liberté sans précédent.

Comme les émigrés russes blancs, l’extrême droite ukrainienne a contribué à façonner et à promouvoir le mythe du judéo-bolchevisme, qui rendait les Juifs responsables de la révolution, incarnant pour eux l’antéchrist. Forme explicitement fasciste d’antisémitisme, les histoires du judéo-bolchevisme seront invoquées par les nazis et leurs alliés ukrainiens de l’OUN pour encourager le génocide.

Les amis fascistes de limperialisme canadien – deuxieme partie LOrganisation
Affiche des Blancs contre-révolutionnaires d’une caricature antisémite de Trotsky

La révolution d’octobre et l’Ukraine

Entre 1918 et 1921, il y a eu de multiples tentatives pour établir un État ukrainien capitaliste dans les territoires à majorité ukrainienne de l’ancien empire tsariste et, après la défaite de la Première Guerre mondiale et l’effondrement de l’empire austro-hongrois multiethnique, en Galicie. Toutes ces initiatives ont été de courte durée.

Les nationalistes ukrainiens de l’Ukraine orientale, historiquement sous contrôle russe, ont cherché et reçu le soutien de l’impérialisme allemand. Toutefois, ils ont perdu leurs protecteurs à Berlin lorsque le régime du Kaiser s’est effondré sous le double coup de la défaite militaire aux mains des Alliés et de la révolution ouvrière de novembre 1918.

L’Ukraine est ensuite devenue une arène majeure de la guerre civile, le gouvernement révolutionnaire des ouvriers et des paysans établi par la révolution d’octobre 1917 étant opposé à un ensemble de forces contre-révolutionnaires. Celles-ci comprenaient les armées blanches soutenues par les impérialistes et basées sur l’élite capitaliste et propriétaire de la Russie, les nationalistes bourgeois ukrainiens et la nouvelle République polonaise dirigée par Pilsudski.

Les nationalistes ukrainiens se sont opposés avec véhémence à la révolution sociale menée par les ouvriers et les paysans ukrainiens sous la direction des bolcheviks et ont imploré le patronage impérialiste. Leurs armées nationalistes ont mené des pogroms, tout comme les Blancs, au cours de la guerre civile, au cours de laquelle jusqu’à 200.000 Juifs ont été assassinés.

Parce qu’ils proposaient un programme révolutionnaire qui répondait aux besoins sociaux et démocratiques fondamentaux des masses, les bolcheviks, sous la direction de Lénine et de Trotsky, l’emportèrent. L’Armée rouge a imposé l’expropriation des propriétaires terriens qui, pendant des siècles, avaient cruellement exploité la population majoritairement paysanne de l’Ukraine.

1653310625 571 Les amis fascistes de limperialisme canadien – deuxieme partie LOrganisation
Lénine s’adressant à une foule d’ouvriers révolutionnaires à Petrograd en 1919. Trotsky est à droite.

Les bolcheviks étaient également parfaitement conscients de la nécessité d’apporter un soutien politique aux aspirations nationales-démocratiques du peuple ukrainien, longtemps bafouées par le régime tsariste et maintenant par ses successeurs potentiels sous la direction des Blancs. Ce n’était pas une question d’opportunisme. Les bolcheviks avaient placé la lutte contre le chauvinisme grand-russe et pour le droit à l’autodétermination des peuples opprimés de Russie au centre de leur lutte pour l’unité, l’indépendance politique et l’hégémonie de la classe ouvrière. «Seule la reconnaissance sans réserve de ce droit», écrivait Lénine en 1917, «permet de prôner une libre union des Ukrainiens et des Grands Russes… et de rompre réellement, complètement et irrévocablement avec ce passé tsariste maudit, où tout était fait pour provoquer un éloignement mutuel des deux peuples si proches par la langue, le territoire et l’histoire.» Un document rédigé par Trotsky en 1919 soulignait la lutte déterminée des bolcheviks sur cette question. Il déclarait: «Compte tenu du fait que la culture ukrainienne … a été réprimée pendant des siècles par le tsarisme et les classes exploiteuses de Russie, le Comité central du Parti communiste russe, fait obligation à tous les membres du parti d’aider par tous les moyens à supprimer tous les obstacles au libre développement de la langue et de la culture ukrainiennes.» Ces conceptions socialistes internationalistes ont animé la fondation de l’Union soviétique en 1922 comme une association volontaire de républiques soviétiques, dont l’Ukraine soviétique.

L’OUN dans les années 1930: Le développement du nationalisme génocidaire ukrainien

Si le fascisme de l’OUN s’est développé en réaction directe au programme socialiste internationaliste des bolcheviks et à leurs efforts pour unir la classe ouvrière dans un État socialiste multinational, il s’est encore radicalisé idéologiquement par l’émergence et l’arrivée au pouvoir de mouvements fascistes dans une grande partie de l’Europe.

Au cours des années 1930, l’OUN a son siège à Rome, ce qui reflète son affinité initiale avec le régime de Mussolini. Mais après l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933, pour des raisons à la fois idéologiques et géopolitiques, elle s’oriente de plus en plus vers le régime nazi. C’était particulièrement vrai pour une jeune génération de dirigeants, dont Stepan Bandera allait s’avérer le plus influent. Les principaux membres de l’OUN travaillent avec et pour les services de renseignements de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste, et les cadres impliqués dans sa campagne d’assassinats de responsables polonais et soviétiques sont formés en Italie aux côtés de membres de l’Oustacha, le mouvement fasciste croate que les nazis placeront au pouvoir en avril 1941.

Le rôle de l’OUN en tant qu’acolyte des nazis dans l’Holocauste et l’application de la violence génocidaire contre d’autres ennemis perçus de la nation ukrainienne ont été préfigurés et préparés politiquement dans le développement de son idéologie et de son discours dans les années 1930. Les plans de meurtre de masse ont été discutés et élaborés dans les écrits des idéologues de l’OUN et lors de leurs congrès.

L’un de ces documents, élaboré à partir de présentations faites lors de multiples congrès et autres rassemblements de l’OUN, était intitulé «La doctrine de guerre des nationalistes ukrainiens».

«Notre soulèvement, déclarait-il, n’est pas destiné à changer seulement l’ordre politique. Il doit nettoyer l’Ukraine de l’élément étranger et hostile et de notre élément misérable. (…) Plus l’élément étranger sera tué au cours du soulèvement, plus il sera facile de reconstruire l’État ukrainien et plus il sera fort.»

Il a ensuite préconisé l’extermination massive des Juifs, citant le chiffre potentiel «d’un demi-million», «car plus il y aura de Juifs tués pendant le soulèvement, mieux ce sera pour l’État ukrainien».

Aussi délétère que soit la politique de l’OUN, son mélange toxique de nationalisme ukrainien, d’antibolchevisme et d’antisémitisme virulents a pu obtenir un soutien croissant dans la région à majorité ukrainienne de ce qui était alors le sud-est de la Pologne en exploitant la déception, la confusion et la colère créées par les actions de la bureaucratie stalinienne soviétique. Ayant usurpé le pouvoir politique à la classe ouvrière, la bureaucratie a répudié le programme de l’internationalisme socialiste et a fait revivre les pires traditions du chauvinisme grand-russe. La mise en œuvre soudaine et brutale de la collectivisation forcée par le régime stalinien au début des années 1930 a eu un impact dévastateur sur l’Ukraine soviétique.

Discutant de ces développements, Trotsky écrivait en 1939: «Dans la conception du vieux parti bolchevique, l’Ukraine soviétique était destinée à devenir un axe puissant autour duquel les autres sections du peuple ukrainien s’uniraient. Il est indiscutable que dans la première période de son existence, l’Ukraine soviétique a exercé une puissante force d’attraction, y compris sur le plan national, et a encouragé à la lutte les ouvriers, les paysans et l’intelligentsia révolutionnaire de l’Ukraine occidentale asservie par la Pologne. Mais pendant les années de la réaction thermidorienne, la position de l’Ukraine soviétique et, avec elle, comment était posée la question ukrainienne dans son ensemble, ont changé brusquement. Plus les espoirs suscités étaient profonds, plus la désillusion était grande. La bureaucratie étranglait et pillait le peuple à l’intérieur de la Grande Russie également. Mais en Ukraine, le massacre des espoirs nationaux a encore compliqué les choses. Nulle part ailleurs les restrictions, les purges, les répressions et en général toutes les formes de hooliganisme bureaucratique n’ont pris une ampleur aussi meurtrière qu’en Ukraine dans la lutte contre les aspirations puissantes et profondément enracinées des masses ukrainiennes à plus de liberté et d’indépendance. Pour la bureaucratie totalitaire, l’Ukraine soviétique est devenue une division administrative d’une unité économique et une base militaire de l’URSS.

«… En ce qui concerne les sections de l’Ukraine qui se trouvent maintenant hors de ses frontières, l’attitude du Kremlin est aujourd’hui la même que celle qu’il adopte à l’égard de toutes les nationalités opprimées, de toutes les colonies et semi-colonies, c’est-à-dire des bagatelles dans ses combines internationales avec les gouvernements impérialistes.»

Trotsky a poursuivi en évoquant l’impact désastreux que les politiques criminelles de la bureaucratie stalinienne avaient eu sur les ouvriers et les paysans ukrainiens au-delà des frontières de l’Ukraine soviétique.

We wish to say thanks to the author of this short article for this awesome content

Les amis fascistes de l’impérialisme canadien – deuxième partie: L’Organisation des nationalistes ukrainiens, complices d’Hitler

Explore our social media profiles and other pages related to themhttps://nimblespirit.com/related-pages/