La Justice enjoint Ménard à retirer sa crèche illégale à Béziers

A compter du 14 décembre, le maire de Béziers, Robert Ménard (extrême droite), a 24 heures pour retirer sa crèche de l’Hôtel de Ville, sous peine d’une astreinte de 100 euros par jour.

Ainsi a une nouvelle fois tranché le Tribunal administratif (TA) de Montpellier, saisi la veille d’un référé « mesures utiles » déposé par la Ligue des droits de l’Homme (LDH) de l’Hérault. Dans son ordonnance, si le juge des référés reconnaît qu’une crèche de Noël dans le siège d’une collectivité peut « revêtir une multitude de significations (décorations…) », il précise aussitôt qu’elle doit comporter un « caractère culturel » et être « dépourvue de tout élément de prosélytisme ». Or, la crèche de Robert Ménard, qui « ne résulte d’aucun usage local », « met en évidence une scène de la nativité ». Et le juge administratif d’en conclure que cette crèche « méconnaît les dispositions de l’article 28 de la loi de 1905 et les exigences attachées au principe de neutralité des personnes publiques ». Robert Ménard va-t-il s’exécuter comme en 2017 et 2018 ? Le voilà défait pour la 5e fois sur ce sujet de la laïcité. La Ville de Béziers devra d’ailleurs verser 1 500 euros à la LDH34 au titre des dépens.

Robert Ménard à l’audience

Mardi 13 décembre, Me Sophie Mazas avait plaidé au TA que la laïcité n’est pas à géométrie variable. « On n’est pas contre la crèche mais elle ne peut pas être dans la mairie, un maire ne peut organiser la religion ». Et l’avocate de la LDH34 de rappeler que la crèche a été jugée quatre fois illégale dont en 2017 (jusqu’au Conseil d’Etat) et 2018.

Pour politiser le dossier en incarnant la figure du chef, Robert Ménard, était venu lui-même à l’audience. Il avait d’abord estimé qu’il n’y avait « pas d’urgence », car « pas de troubles à l’ordre public ». « L’urgence c’est l’Ukraine, le climat, pas ça », avait-il botté en touche, dédaigneux. S’appuyant sur la seule jurisprudence qui lui avait donné raison en 2016, le maire, invoquant la « tolérance » – un comble pour l’extrême droite ! – avait ensuite prétendu que la crèche n’était « pas prosélyte », eu égard aux 20 000 visiteurs de « toutes confessions » qu’elle reçoit. Enfin Ménard s’abritait et se gargarisait du fait que le préfet de l’Hérault ne juge plus utile d’attaquer sa crèche depuis 2019.

C’est un point qui inquiète autant qu’il irrite la Libre Pensée pour qui l’article 28 de la loi de 1905 est « bafoué ». « Il ne peut y avoir deux poids deux mesures. Béziers est-elle séparée de la République ? », s’interrogeait Christophe Benoît de la LP. Avec nombre d’assos, syndicats et partis de gauche, la LP a écrit au préfet, qui « ferme les yeux », pour qu’il « prenne ses responsabilités », sous peine d’ester en Justice après un recours gracieux.

À Beaucaire, Julien Sanchez (RN) provoque

La mascarade continue aussi à Beaucaire. Le 5 décembre, le maire Julien Sanchez a inauguré sa soi disant « crèche provençale » bien en vue sous l’escalier de la cour de la mairie. Dans son discours, le maire RN a même poussé la provocation jusqu’à ironiser sur l’accostage prochain à Beaucaire de « l’Ocean Santons* » avec à son bord « Marie, Joseph, les rois mages et un enfant à naître ». « C’est un humour particulièrement odieux. Une mairie n’est pas un parc d’attraction mais un lieu neutre où aucune religion ne doit être mise en avant. Sanchez instrumentalise les chrétiens comme à la foire estivale inaugurée avec le curé », rappelle Francis Labbe de la Libre Pensée du Gard.

À l’instar de celle de Béziers, la crèche de Beaucaire a plusieurs fois été jugée illégale. Par exemple en 2018. « C’est beaucoup de paperasse et les décisions administratives sont souvent longues », déplore Francis Labbe. Ainsi, si elle espère que la préfète du Gard réagisse (un courrier a été envoyé en ce sens), la LP du Gard n’ira pas en Justice cette année.

Le droit est pourtant clair. Le Conseil d’Ètat lui-même a affirmé que la crèche de Beaucaire, installée que depuis 2014, n’était pas une tradition provençale. En 2021, la mairie de Beaucaire avait même dû payer des astreintes pour s’être mise hors la loi. « Qu’il gagne ou qu’il perde, Julien Sanchez s’en fout. Ce n’est pas lui qui paye mais les contribuables. Il veut juste montrer ses muscles et se faire de la publicité », déplore F. Labbe.

Une question demeure : jusqu’à quand la Justice acceptera-t-elle que ses décisions soient systématiquement bafouées ?

* En référence à l’Ocean Viking, navire de SOS Méditerranée qui sauve des migrants dont l’extrême droite n’a que faire.

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La Justice enjoint Ménard à retirer sa crèche illégale à Béziers

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