Aïd el Kébir 2022 : date, signification, règles d’abattage en France… Ce qu’il faut savoir


AID EL KEBIR. L’Aïd el-Kébir (ou Aïd al-Adha), la “grande fête” annuelle des musulmans, débute en France et dans le monde avec le pèlerinage vers la Mecque débuté ce jeudi. La date clé de la célébration est fixée ce dimanche 10 juillet 2022…

[Mis à jour le 7 juillet 2022 à 12h47] Ils seront des centaines de milliers de pèlerins à se diriger vers La Mecque, en plein mois de juillet. Le grand pèlerinage de l’Aïd el Kébir a débuté ce jeudi 7 juillet au matin en direction du site de Mina, pour un des rites majeurs du hajj, malgré la pandémie de Covid-19 et la chaleur. Pour cette célébration majeure du culte musulman, aussi appelée Aïd al-Adha, de nombreux fidèles partent aussi de France pour rejoindre le site le plus sacré de l’islam, situé dans l’ouest de l’Arabie saoudite. Hier, les croyants déjà sur place ont accompli dans la Grande Mosquée le rite du “tawaf”, ou la circumambulation autour de la Kaaba, structure cubique noire vers laquelle les musulmans du monde entier se tournent pour la prière.

Pour cet Aïd el Kébir 2022, moins de 1 million de musulmans, 850 000 au total, ont été autorisés à se rendre à La Mecque, munis d’un certificat de vaccination et d’un test PCR négatif. C’est la première fois depuis 2019 cependant qu’une telle foule est attendue sur place. L’Aïd el-Kébir, réduite très souvent à la “fête du sacrifice du mouton”, se déroule concrètement sur quatre jours. Avec l’Aïd el-Fitr – fête de rupture du mois de jeûne du ramadan -, elle est considérée comme l’événement le plus important du calendrier musulman. Les croyants de l’Islam se souhaitent alors un “Aïd moubarak” (“Bonne fête de l’aïd”, en français).

Comme chaque année, malgré le côté festif, l’Aïd el-Kébir suscite en France les protestations des associations de défense des animaux, à l’instar de la Ligue des Animaux, qui demande à remplacer le sacrifice des animaux par un don à une association. Dans un texte publié sur son compte Twitter, Brigitte Bardot, a ainsi dénoncé l’arrivée du “jour du saigneur”, repartant en guerre contre une “immonde fête” où “des dizaines de milliers de moutons seront égorgés à vif un peu partout en France et sacrifiés de manière honteuse et barbare au nom d’Allah avec la complicité du gouvernement”. L’actrice, soutien de Marine Le Pen, Eric Zemmour puis Nicolas Dupont-Aignan ces dernières années, a été condamnée à cinq reprises à des peines d’amende pour incitation à la haine raciale.

En France, la date estimée du début de l’Aïd el-Kébir 2022 / 1443 (année du calendrier musulman) est celle du dimanche 10 juillet. Une date fixée par la Grande mosquée de Paris très en amont, en se basant sur le calcul astronomique. Une méthode qui tend à s’imposer dans les instances de l’islam de France, mais qui ne satisfait pas tous les musulmans pratiquants de l’Hexagone. Certains lui reprochent en effet de mettre en retrait la traditionnelle observation du croissant de lune lors de la nuit du doute / de l’annonce. La fête de l’Aïd el-Kébir dure quatre jours et le sacrifice doit avoir lieu avant le coucher du soleil du treizième jour du mois selon la tradition.

Les croyants pratiquants musulmans fêtent l’Aïd el-Kébir le 10e jour du mois lunaire de Dhûl hijja (le fameux dernier mois du calendrier hégirien, basé sur la lune), qui est aussi le “mois du grand pèlerinage” du hajj. De ce fait, la date de l’Aïd el-Kébir, comme celle du début ou de la fin du ramadan, “recule” de onze jours environ chaque année dans le calendrier civil. La date de l’Aïd el-Kébir peut varier d’un pays à l’autre comme lors du ramadan, mais également d’un pratiquant à l’autre. En cause : la géographie, la politique adoptée, les référents en place, mais aussi la manière dont elle est instaurée. En France, c’est le Conseil français du culte musulman (CFCM), principale instance représentative de l’Islam dans l’Hexagone, qui confirme en temps voulu la date officielle de l’Aïd.

Que célèbrent les musulmans lors de l’Aïd el-Kébir ? Cette célébration s’appelle aussi l’Aïd el-Adha (la “fête du sacrifice”). Elle commémore un épisode recueilli dans le Coran, celui du sacrifice d’Abraham. En résumé, le récit coranique décrit la situation suivante : Abraham se voit, en songe, en train de sacrifier son fils. Il s’apprête ensuite à obéir à cette vision, mais son geste sera stoppé au dernier moment par l’ange Gabriel, envoyé par Dieu, avec la substitution de l’enfant par une “immolation généreuse” (sourate 37, verset 107). “Les interprètes musulmans classiques”, rapporte Le Monde dans sa rubrique Religion, “identifient cette ‘immolation généreuse’ à un bélier”. Cet épisode symbolise deux notions pour les musulmans : la confiance absolue d’Abraham en Dieu et la miséricorde divine.

La célébration de l’Aïd el-Kébir mêle une grande prière pour les croyants et des sacrifices traditionnels de moutons qui ont lieu dans le monde entier, donnant lieu à un repas de partage avec les proches et des personnes dans le besoin. De la Libye à l’Albanie en passant par le Mali, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et même les États-Unis, des musulmans du monde entier débutent cette célébration XXL le même jour. La tradition de la “fête du sacrifice” veut par ailleurs que la prière du début de l’Aïd précède le sacrifice de l’animal. Après la prière, la célébration se déroule sur quatre jours.

Si l’Aïd el-Kébir dure plusieurs jours, le premier reste le plus important pour les musulmans. Il marque en effet la fin du pèlerinage à La Mecque et, après la grande prière collective qui a lieu dans la matinée, les fidèles se retrouvent pour le sacrifice avant de partager un repas ensemble. Cette fête religieuse étant aussi basée sur le partage, une partie de la viande est traditionnellement offerte aux pauvres. Les fidèles mettent pour cette fête leurs plus beaux habits et multiplient cadeaux et aumônes. 

Dans la tradition musulmane, l’Aïd el-Kébir commémore la soumission d’Ibrahim à son Dieu (Abraham dans la Bible), qui doit servir de modèle à tous les croyants. Avec l’Aïd el-Fitr (fête de rupture du jeûne), il s’agit de l’une des deux grandes fêtes musulmanes. Elle nécessite de sacrifier une bête de troupeau, généralement un mouton, puis de partager la viande avec ses proches mais aussi des personnes défavorisées, en mémoire de la soumission d’Abraham à Dieu, ce dernier s’étant montré prêt à offrir la vie de son fils, auquel fut substitué in extremis un mouton (voir les détails du récit religieux ci-dessous).

Selon le Coran, ce prophète a reçu dans ses rêves l’ordre divin de sacrifier son fils, Ismaël. Celui-ci, élevé dans la foi, accepte d’être immolé par son père. Le Diable s’interpose et essaie de convaincre les protagonistes de ne pas pratiquer le sacrifice, mais Ibrahim jette sept cailloux sur Satan. Le père se saisit d’un couteau et le pose sur la gorge d’Ismaël. Mais il ne parvient pas à l’enfoncer. Lorsqu’il parvient enfin à couper le cou, il constate que l’ange Jibril (Gabriel) a disposé un mouton à la place de son fils et que celui-ci se tient debout, indemne, à côté de lui.

Pour les musulmans, la foi d’Ibrahim, mise à l’épreuve par Dieu, a été récompensée par la survie de son fils. L’Aïd el-Kébir demeure une fête célébrant la foi et la miséricorde. Cet épisode du Coran correspond à un récit de la Bible : celui du sacrifice par Abraham de son fils. Celui-ci est interrompu par l’arrivée d’un ange qui lui annonce que Dieu est satisfait de sa foi. Un bélier est sacrifié à la place du jeune homme.

L’Aïd, endeuillée en 2015 par une bousculade ayant fait plus de 2000 morts à La Mecque, est l’une des célébrations les plus importantes de la religion musulmane, avec le ramadan. Dans l’Islam, l’Aïd clôture pour des millions de croyants le Hajj, la période des pèlerinages qui a commencé deux jours plus tôt. Chaque année, les musulmans se rendent sur les lieux saints de leur religion à La Mecque, en Arabie Saoudite. Marqueur de la date de fin du Hajj, le pèlerinage à la Mecque est l’un des cinq piliers de l’Islam. L’Aïd el-Kébir célèbre l’achèvement de ces pèlerinages et représente un moment fort de la vie spirituelle et sociale.

Des musulmans du monde entier célèbrent l’aïd el-Kébir mais comment se déroule-t-il en France ? Les pratiquants sont habituellement conviés dans les mosquées au matin pour venir prier. Cette phase de prières solennelles doit commencer tôt, à 8h30 ou 9h. Ensuite, les fidèles se procurent un mouton ou une partie de l’animal qui a été tué dans un abattoir selon une réglementation très stricte. 

Les musulmans pratiquants sont appelés à prier dès le matin lors de la prière solennelle organisée dans les mosquées pour l’occasion. Chaque fidèle est ensuite invité à se rendre dans les abattoirs agréés pour procéder au sacrifice de l’animal selon le rite. Et concernant l’organisation de ce jour spécial, les rituels diffèrent selon les pays. En Jordanie par exemple, l’Aïd el-Kebir est célébré par la préparation de pâtisseries spéciales, alors qu’au Koweït, la fête s’étale sur une semaine lors de laquelle les sucreries sont bannies. Au Pakistan, les festivités de l’Aïd el-Adha durent un mois entier, au cours duquel les croyants jeûnent les 10 premiers jours.

La “fête du sacrifice”, comme on l’appelle, est synonyme de partage. Dans de nombreux pays musulmans, l’animal sacrifié est partagé en “trois tiers” : un tiers est consommé par son propriétaire, un autre tiers est offert en cadeau à de la famille ou des amis, et le dernier tiers est quant à lui distribué aux pauvres en guise d’aumône. En ce jour de célébration, il serait fortement recommandé de multiplier les cadeaux et les aumônes. 

Les fêtes de l’Aïd el-Kebir et de l’Aïd el-Fitr ont en commun la même prière, et seul le moment où elles ont lieu les différencie. En effet, la prière de l’Aïd el-Adha est célébrée plus tôt que celle de l’Aïd el-Fitr. Par ailleurs, la formule de vœux “Aïd Moubarak” reste la même pour ces deux fêtes du calendrier musulman.

Mouton, agneau, vache, chèvre… Le sacrifice de l’Aïd el-Kébir est un moment clé pour les musulmans pratiquants, mais aussi la source d’intenses polémiques chaque année. Selon le ministère de l’Agriculture qui a publié sur son site internet en mai 2022 un communiqué et un “guide pratique” relatif à l’ organisation de l’Aïd el-Kébir, avec le concours du ministère de l’Intérieur, ce sont en effet “plus de 100 000 moutons” qui sont abattus chaque année, “sur une période comprise entre un à trois jours”. Un “véritable défi logistique” qui demande à être réglementé et organisé. Si l’abattage doit être réalisé dans des abattoirs certifiés, l’organisation de l’Aïd el-Kébir peut nécessiter dans certains départements la mise en place d’abattoirs temporaires, agréés et qui ne fonctionnent que durant les trois jours de fête.

La liste des abattoirs agréés lors de l’Aïd el-Kébir est chaque année publiée par le Journal officiel. Dans l’extrait du Jo du 2 juillet 2022, on dénombrait ainsi une trentaine de ces abattoirs dans tout le pays. L’abattage hors structure agréée est 100% interdit dans l’Hexagone, et passible de 15 000 euros d’amende et six mois d’emprisonnement. Quant au transport des animaux vivants dans des conditions contraires à leur bien-être, il s’agit aussi d’une infraction, punie d’une amende de 750 euros.

ZOOM – L’abattage d’un animal, une obligation pour les musulmans ?

L’Aïd el-Kébir est considéré par les musulmans comme une célébration de leur foi. De nombreuses traditions accompagnent cette période qui s’étale sur trois jours. Les musulmans partagent prières et repas. La plus célèbre tradition de l’Aïd el-Kébir est le sacrifice d’un animal. Il s’agit en général d’un mouton, d’une chèvre ou d’un veau. Les animaux doivent être âgés d’au moins un à deux ans. La tradition commande au chef de famille de tuer l’animal en le vidant de son sang, sans l’assommer et en utilisant un couteau bien aiguisé : les souffrances de l’animal doivent être minimisées.

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Le sacrifice d’un mouton est le rituel majeur de l’Aïd el-Kébir  © jjspring – Fotolia

De nombreuses familles font le choix de sacrifier un mouton dans un abattoir spécialisé ou de commander la viande d’une bête tuée selon le rite. Il est ensuite d’usage de partager la viande en trois parties égales. La première revient à la famille, la seconde aux voisins, amis, collègues et connaissances, la troisième aux pauvres et aux indigents. Les plus pauvres ne sont pas tenus de pratiquer ce sacrifice.

La question de la substitution de ce rite continue de diviser les musulmans. Pour certains responsables musulmans, le sacrifice de l’animal est une recommandation – devenue par la force des habitudes familiales et culturelles, un rite qui semble obligatoire – mais qui peut très bien être remplacé par un don fait aux nécessiteux, si celui-ci correspond à son équivalent financier. D’aucuns considèrent que le message de l’islam en la matière est de nourrir les pauvres du monde.

Comment souhaiter à des proches musulmans une bonne fête de l’Aïd el-Kébir en France ou dans les pays du Maghreb ? Lors de la “Fête du sacrifice” (comme lors de la fête de l’Aïd el-Fitr, ou fête de fin du jeûne du ramadan), la salutation traditionnelle musulmane “Aïd moubarak” est utilisée. “Aïd moubarak” correspond à la version en arabe / persan / ourdou, quand “Aïd mabrouk” se réfère à la version de l’arabe dialectal (darija). En français, cette expression se traduit par “Bonne fête (de l’Aïd)”, “félicitations” ou “joyeuse fête”, bien que la formule soit redondante, puisque l’Aïd est déjà une fête.

Les musulmans se saluent mutuellement aux mots d’ “Aïd moubarak” après avoir fait la prière de l’Aïd. Prononcer ces mots n’est pour autant pas une obligation de la religion musulmane, bien qu’ils fassent partie d’une tradition culturelle et religieuse forte. “Aïd” désigne l’événement religieux, quand “moubarak” souhaite “qu’il soit bon pour vous” ou “que Dieu vous le bénisse”. 

Le nom le plus connu est Aïd el-Kébir (“la grande fête” en arabe). L’expression est principalement utilisée au Maghreb. Cependant, de nombreux pays, notamment au Moyen-Orient, utilisent plus volontiers le nom Aïd al-Adha (“fête du sacrifice”). En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, c’est le terme Tabaski qui est retenu. Il convient de distinguer l’Aïd el-Kebir de l’Aïd el-Fitr (“petite fête”), qui marque la rupture du jeûne du ramadan par un repas partagé.

L’Aïd el-Kébir marque la fin d’une autre tradition essentielle pour les croyants : celle du pèlerinage aux lieux saints de La Mecque, ou Hajj. Ce rituel a lieu entre le 8 et le 13 du mois de dhou al-hijja du calendrier islamique. Le Hajj constitue l’un des cinq piliers de l’Islam, avec la profession de foi, les prières quotidiennes, l’aumône et le ramadan.

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Le pèlerinage à La Mecque attire chaque année des millions de fidèles © Jasmin Merdan – Fotolia

Certains rituels effectués lors des pèlerinages à La Mecque rappellent l’épisode du sacrifice d’Ibrahim. Ainsi, il est d’usage de se rendre à Mina – lieu situé près de la ville sacrée et lieu supposé où ce prophète emmena son fils – afin de jeter des pierres sur des piliers. Cet acte symbolise la foi et le rejet de la tentation du diable, à l’image d’Ibrahim dans le Coran.



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