Les devins de Rome : rien ne se faisait sans eux

L’orientation nord-sud et est-ouest était essentielle, car elle divisait l’espace céleste en quatre régions projetées de façon imaginaire sur la terre, le templum terrestre. Regardant par exemple vers le sud, l’augure observait les oiseaux qui entraient dans le templum : les favorables arrivaient par la gauche ; les défavorables, par la droite.

Les augures observaient non seulement le vol, mais aussi l’espèce d’oiseau. Les uns, appelés alites (vautour, aigle, faucon), offraient des signes par leur vol et l’on tenait compte de la « région » où ils apparaissaient, de la hauteur et du genre de vol ou de l’endroit où ils se posaient. Ceux appelés oscines (corbeau,  corneille, hibou) donnaient des signes au moyen de leur cris, et l’on évaluait le ton, la direction du son ou encore la fréquence du chant. Dans les deux groupes existait une hiérarchie entre les oiseaux, l’aigle et le picus (pivert) fournissant les auspices les plus significatifs.

Les auspices étaient obligatoires dans de nombreuses circonstances de la vie de l’État romain. On les réalisait, par exemple, lors de la prise de possession des principaux magistrats, comme les consuls, les censeurs, les tribuns militaires… Dans le cas des magistrats élus, si les auspices n’étaient pas favorables, ils devaient se démettre, mais la consultation pouvait être renouvelée un autre jour. Cicéron nous rappelle de nouveau la capacité qu’avaient les augures de  dissoudre les assemblées ou le Sénat, d’annuler les séances déjà tenues, et même d’obtenir que les consuls renoncent à leur charge. Il suffisait en outre, nous dit-il, d’une simple formule : « Pour un autre jour. »

Sur le champ de bataille aussi, il était obligatoire de consulter les auspices avant de se lancer dans le combat. Tite-Live raconte que, pendant la guerre de Rome contre la ville étrusque de Véies, au début du IVe siècle av. J.-C., l’armée romaine ne put prendre l’initiative du combat, alors que les Étrusques attendaient des renforts, parce que le dictateur Camille (Marcus Furius Camillus) « avait le regard posé sur la citadelle de Rome, pour recevoir des augures qui s’y trouvaient le signal convenu dès que les oiseaux seraient dûment favorables ». Quand les Romains commencèrent à combattre loin de la ville, la communication avec les augures devint plus difficile. C’est pourquoi, avant de partir en campagne, les généraux effectuaient une cérémonie sur le Capitole, qui les autorisait à prendre les auspices de guerre en dehors des limites de la ville.

 

LE SORT DE L’ÉTAT DÉPEND DES POULETS

Au Ier siècle av. J.-C., le dernier de la République, la science augurale a connu une crise, mais on peut aussi considérer qu’elle s’est transformée pour s’adapter aux temps nouveaux. Les auspices traditionnels ont été remplacés par la technique du tripudium, consistant en l’observation de l’appétit et du comportement des poulets sacrés : si en sortant de la cage où ils étaient enfermés les volatiles mangeaient avec avidité les grains qu’on leur avait jetés et que quelques-uns se détachaient de leur bec et tombaient par terre, l’augure était favorable ; si, au contraire, ils n’avaient pas d’appétit et battaient des ailes, l’augure était très défavorable. L’explication de ce changement réside peut-être dans la relative simplicité de cette méthode, comparée à la complexité que présentaient l’observation et l’interprétation des oiseaux auguraux. Les chefs militaires et les magistrats qui n’avaient pas de droit d’auspice avaient recours à cette méthode. Ils avaient un assistant, le pullarius, pour pratiquer les observations.

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