Après l’élection, une ode à Macron et un concours de divination

Si Marine Le Pen a été brillante, la victoire d’Emmanuel Macron est triomphale, décrètent les éditorialistes de BFMTV et de LCI. Reste à savoir quel Premier ministre va choisir le président ni de droite ni de droite pour mener sa politique généreusement sociale (à la charge du contribuable). Pendant ce temps, sur CNews, on se préoccupe de l’insécurité galopante et de l’avenir du RN.

« Alain Duhamel, on va prendre un peu de hauteur, promet la présentatrice de BFMTV le lendemain du second tour. Emmanuel Macron est réélu avec plus de 58 % des suffrages… Sans cohabitation, c’est quand même une première ! » Un véritable plébiscite : pas moins de 18,76 millions de voix (contre seulement 15,6 millions d’abstentions, de votes blancs ou nuls et 13,28 millions de voix pour l’extrême droite). « Comment expliquez-vous le choix des Français ? » Personne ne connaît mieux les Français qu’Alain Duhamel. « Ça a été une campagne très marquée par la crainte et le ressentiment. Y avait l’Ukraine, y avait le réchauffement climatique, les stigmates du Covid, la réapparition de l’inflation. Tout ça a terriblement pesé. Emmanuel Macron, on reconnaît qu’il a l’envergure d’un chef d’État capable de faire face dans des crises. » On reconnaît qu’il a réussi à éviter la guerre en Ukraine, à stopper le réchauffement climatique, à limiter à deux mille le nombre de morts du Covid et à terrasser l’inflation.

© BFMTV

« Si le chiffre n’a pas été meilleur, note Alain Duhamel, c’est parce qu’Emmanuel Macron a ses défauts, il a des phrases qui sont souvent… quelquefois… déplacées et imprudentes. » Sa politique n’est pas en cause, seuls ses écarts de langage (pas du tout représentatifs de sa politique) l’ont handicapé. « Tout ça joue chez les Français dont il ne faut jamais oublier que c’est un peuple paradoxal de républicains régicides. » Un peuple de Gaulois réfractaires. « Ce qui m’inquiète, renchérit Ruth Elkrief sur LCI, c’est les forces politiques qui nourrissent le sentiment de la frustration. Les partis politiques qui sont arrivés deuxième et troisième surfent sur ces frustrations, encouragent ce malaise. » Par exemple, les partis de gauche font croire que les mesures fiscales d’Emmanuel Macron ont profité aux plus riches.

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© LCI

Ruth Elkrief livre une subtile analyse du vote RN, la présentatrice déduit : « C’est pas un vote contestataire mais c’est un vote de contestation. » Nuance. « Sur la radicalité, intervient Arlette Chabot, c’est exactement le même phénomène à gauche, chez Jean-Luc Mélenchon, avec des solutions radicales… » Racistes, néo-libérales et xénophobes. « En dehors du cercle de la raison », précise Renaud Pila. La raison, c’est Macron. Le bandeau questionne : « M. Le Pen a-t-elle gagné la bataille des idées ? », la présentatrice précise : « Est-ce que le plafond de verre existe toujours ? » Excellente idée d’employer pour l’extrême droite l’expression « plafond de verre » originellement destinée à qualifier le sort de populations discriminées (femmes, racisés…).

« Un certain nombre d’idées du RN sont majoritaires, assure Alexis Brézet, du Figaro. Tant qu’on ne prendra pas en compte le malheur des gens, un malheur culturel vis-à-vis de l’insécurité, de l’immigration, ça continuera à progresser. » Ruth Elkrief le rassure, ça va continuer à progresser, il suffit de se rappeler le débat d’entre-deux-tours, « un débat sur les idées, Marine Le Pen me l’a dit juste après. Macron n’a pas ressorti son père, les fachos et tout ça. Il l’a prise point par point sur le programme. C’est pour elle une forme de crédibilisation ». Ouf, Marine Le Pen est crédible, tous les espoirs sont permis pour 2027.

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C’est l’heure de 24h Pujadas, qui s’ouvre par un inhabituel édito du présentateur. « Il y a des jours où le bruit de fond médiatique et politique peut agacer légèrement, s’agace-t-il très légèrement. Depuis hier soir, on n’entend qu’une seule musique : Emmanuel Macron a gagné mais en fait il n’est pas complètement légitime. Il est réélu par effraction. » David Pujadas fait sans doute référence aux contestations de l’élection par les experts de CNews, quand Charlotte d’Ornellas, Alexandre Devecchio, Mathieu Bock-Côté ont diagnostiqué un « déficit de légitimité » de Macron puisque les débats d’entre-deux-tours n’ont pas porté sur des questions de « civilisation » (immigration, grand remplacement, insécurité), au point qu’Ivan Rioufol a menacé d’une « guerre civile » imminente.

« Donc, un président qui fait 58 % des voix, c’est trop peu !, s’agace légèrement David Pujadas. Et puis, pour être légitime, il ne faut pas être élu face à Marine Le Pen, ça ne compte pas. » Les électeurs qui s’abstiennent, votent blanc ou nul pour ne pas choisir entre la droite et l’extrême droite, ceux qui votent Macron pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir, ça ne compte pas. « Alors, quand va-t-on cesser de saper la règle démocratique ? » « Quand va-t-on cesser de dénigrer l’élection ? », insiste le bandeau.

« Et si on laissait les élus appliquer pleinement leur programme ?, suggère David Pujadas. Un élu de gauche faire un programme de gauche… » Ne parlez pas de malheur. « … Un élu de droite faire un programme de droite, un élu d’extrême centre, comme se définit Emmanuel Macron, réaliser son programme. » Ni de droite ni de droite. « On va en parler avec quatre éditorialistes. » Ni de droite ni de droite : Nicolas Bouzou, Jérôme Jaffré, Sophie Coignard… « Votre édito du jour dans Le Point, “Le grand soulagement et le grand ressentiment”… J’ai l’impression que vous auriez pu signer mon petit billet. — Donc je buvais du petit lait en vous écoutant, David, agrée Sophie. — Les grands esprits se rencontrent. » Les grands esprits ni de droite ni de droite… Ah, j’oubliais, pour préserver les équilibres politiques, il y a aussi un éditorialiste ni d’extrême droite, Louis de Raguenel.

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Comme BFMTV, comme Alain Duhamel, LCI et David Pujadas s’attachent à détruire la légende d’un président mal élu en passant au crible « le pourcentage des suffrages exprimés », « le nombre absolu de voix » (comparaison inique puisque le corps électoral a gagné des millions d’électeurs depuis 1965), « le nombre de départements où Emmanuel Macron est arrivé en tête »… « Mais y a un point qui fait débat, c’est le score d’Emmanuel Macron en nombre d’inscrits. 38,2 %, c’est un score plutôt faible mais ce n’est pas le plus faible. En 1969, Georges Pompidou opposé à Alain Poher avait obtenu 37,8 %. » Rappelons qu’à l’époque un grand nombre d’électeurs s’étaient abstenus ou avaient voté Pompidou parce qu’ils ne voulaient pas qu’un candidat d’extrême droite, Alain Poher, accède à l’Élysée.

Sur BFMTV, Yves Calvi revient sur la célébration de la victoire d’Emmanuel Macron au Champ-de-Mars. « Moi, j’ai eu l’impression qu’il s’excusait presque d’être président. Ça pouvait mettre mal à l’aise. » Pauvre Calvi mal à l’aise. « Il était très fatigué, justifie Franz-Olivier Giesbert, on voyait qu’il en pouvait plus. Il s’est presque endormi pendant son discours. — On l’a vu pendant sa campagne, appuie Corinne Lhaïk, de L’Opinion, il a les yeux de quelqu’un qui ne dort pas assez. » Je propose d’ouvrir une cagnotte pour offrir des jours de RTT au président.

Sur LCI, Jean-Michel Aphatie n’est pas de cet avis. « À notre grande surprise, hier soir, nous avons vu Emmanuel Macron arriver au Champ-de-Mars. » Stupeur. « C’est une des images les plus intelligentes de la politique de ces vingt dernières années. » Depuis la poignée de main entre Sarkozy et Kadhafi. « Les enfants, on l’a appris après, ce sont les enfants du collaborateur du chef de l’État. » Quelle intelligence de faire participer une fillette de 10 ans à la propagande du chef de l’État. « Il y a dans cette seule image plusieurs messages politiques. » Une polysémie infinie. « En 2017, il était tout seul. Donc l’homme n’est plus seul. » Il va instaurer une présidence collégiale avec Brigitte et les enfants de ses collaborateurs. « C’est la promesse d’un quinquennat différent : je ne gouvernerai pas seul, je vais agir différemment. » Avec les enfants de mes collaborateurs et une épouse habillée par Bernard Arnault.

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« Regardez maintenant comment il marche lentement, c’est très rare dans la politique. Ce que cherche Emmanuel Macron dans le pas lent, c’est à faire passer l’image de l’apaisement. Ça n’est pas le président jeune et tout fou. C’est un président assagi, apaisé. » Je suis rassuré, on va avoir un réforme des retraites assagie et des EPR apaisés. « Les enfants, c’est pas hasardeux. » Incroyable, ces enfants ne se seraient pas précipités spontanément aux côtés du président ? « C’est un signal très fort : on travaille pour la génération qui vient. Et on travaille à quoi ? L’état de la planète. » Promis, on n’autorisera les néonicotinoïdes qu’une année sur deux. « Mettre les enfants là, c’est signaler que la priorité, ce sera la lutte contre le réchauffement climatique. » Grâce à la construction d’EPR. « Plusieurs messages en une seule image, c’est assez fort. » Bouleversifiant.

Pour que l’image devienne réalité, Alain Duhamel préconise : « On attend très vite des initiatives sur le pouvoir d’achat, sur les énergies renouvelables, il faut une proposition rapide en direction des jeunes électeurs qui sont très frustrés. » Pas du tout, ils avaient l’air ravis au Champ-de-Mars. Au 20 heures de TF1, Gilles Bouleau demande à son éditorialiste : « Comment peut-il rassembler les Français ? — D’abord par les mots, répond Adrien Gindre. Il a commencé hier soir en promettant une “ère nouvelle”, en appelant ses soutiens à la “bienveillance” et au “respect”. » Ça va tanguer. « Ensuite, par les actes, faire la loi Pouvoir d’achat dès cet été avant la réforme des retraites plus clivante, ce serait un geste d’apaisement. » Donner avant de reprendre, ça va convaincre les Français, forcément.

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© TF1

Sur France 2, Anne-Sophie Lapix a le même souci : « Que compte faire le président réélu pour apaiser les esprits ? » Un journaliste présente « les toutes premières mesures envisagées : revaloriser les retraites en les ré-indexant sur l’inflation, augmenter les minimas sociaux. » C’est d’une infinie générosité. « Le président ne veut pas s’arrêter là : chèque alimentaire, aides sur les carburants. Autre gros dossier, la rémunération des fonctionnaires avec une mesure choc, le dégel du point d’indice. Enfin, baisser les charges des indépendants. » Ce n’est plus un président d’extrême centre, c’est un petit père des peuples. Dont le reporter ne dit pas comment il va financer toutes ses largesses. Certainement pas en repoussant l’âge de départ à la retraite, ce serait indécent.

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© France 2

« Que va faire Emmanuel Macron pour le pouvoir d’achat ?, s’inquiète aussi Gilles Bouleau sur TF1. A peine élu, Emmanuel Macron a prévu de sortir le carnet de chèques. » Son infinie générosité n’a pas de limites. Un journaliste vante « le chèque alimentation, la réduction sur le prix de l’essence prolongée. Quant au blocage du prix du gaz et de l’électricité, il ira au-delà du 30 juin ». N’oublions pas la « revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, des pensions de retraite et des minimas sociaux ». Fabien Roussel, sors de ce corps !

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Gilles Bouleau se fait toutefois un devoir d’évoquer « la retraite à 65 ans. Qui est concerné, y aura-t-il des exceptions pour ceux qui ont commencé à travailler très tôt ou qui ont des métiers pénibles ? » Aucune réponse à ces question, pas d’avis d’économistes avisés ni de syndicalistes revendicatifs comme dans le sujet précédent : « Nos reporters sont allés à la rencontre de futurs retraités à Rungis. » « Dans cet entrepôt de Rungis, relate le reporter, les salariés savent qu’ils devront travailler plus longtemps. » Ça y est, la réforme des retraites est déjà adoptée. Par TF1.

Il y a plus important que le sort des salariés. « Comment le président réélu va-t-il aider les entreprises ?, s’inquiète Gille Bouleau. Que demandent-elles concrètement ? Reportage en Vendée. » À l’issue de ce reportage très complet (auprès de patrons), le journaliste résume : « La baisse des charges, une mesure réclamée par tous ceux que nous avons rencontrés. » Il faudrait supprimer l’ISF, instaurer une flat tax et baisser l’impôt sur les sociétés. Comment ça, Macron l’a déjà fait ? Ça ne suffit pas, des millions d’employeurs vendéens sont en souffrance.

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Gilles Bouleau réapparaît. « Lorsque des centaines de milliers d’offres d’emploi restent sans réponse… » Même si ces centaines de milliers d’offres non pourvues sont un mythe. « … Lorsque des secteurs entiers recherchent désespérément à embaucher, que faire ? Augmenter les salaires, bien sûr. » Ça va pas la tête ? « Quand cela n’est pas possible, les entreprises peuvent proposer d’autres avantages. » Pour éviter de payer des cotisations sociales. « Des primes, des tickets restaurant, une aide pour les transports. » Une aumône pour les gueux.

Dans une entreprise de menuiserie, le reporter rencontre des ouvriers « payés au Smic, habitués à des primes occasionnelles de 100 euros chaque année. Mais, depuis la mise en place de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat l’an dernier… » Appelée « prime Macron », ça tombe bien. « … Ils ont touché deux fois 800 euros. » Merci Macron. Les salariés radieux témoignent de leur gratitude éternelle. « Comme cette prime est défiscalisée, ce patron n’a pas hésité, il réfléchit déjà à un nouveau versement en juin prochain. » Qui ne lui coûtera aucune cotisation sociale, pour le plus grand bénéfice de la Sécu.

« Primes, prêts de véhicule, chèques vacances… Les entreprises multiplient les coups de pouce financiers. » Ce lendemain d’élection devrait être institué Journée de la Générosité. « Cette société de services à la personne… » Il s’agit d’O2, dont le patron fut célébré dans Patron incognito sur M6 et dont on a pu apprécier le sort enviable des employées dans le documentaire Debout les femmes. Donc, cette société « vient de mettre en place des tickets restaurant. — Sur les 5 euros de ticket restaurant, y a 50 % qui sont pris en charge par l’employeur, plastronne une cadre. — On va pouvoir profiter avec les enfants, se réjouit une employée, c’est chouette. » Les patrons sont trop bons.

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© TF1

« Aides à la personne, bâtiment, restauration, dans les secteurs en tension… » Les secteurs des « travailleurs essentiels » qui offrent de fastueuses conditions sociales à faire pâlir les banquiers, quand la France bat le record d’Europe du nombres de salariés morts au travail. « … Ces dispositifs permettent de fidéliser les employés sans augmenter la masse salariale. » Il ne manquerait plus que ça. La présidente de la CPME de Haute-Vienne témoigne : « Les entreprises ne peuvent pas faire des augmentations de salaire à répétition donc elles cherchent des coups de pouce. » Le reporter conclut : « Des aides profitables à des salariés confrontés à une inflation durable et élevée. » Sans aucune cotisation sociale, elles permettront de justifier le déficit de la Sécurité sociale et donc les coupes dans les aides sociales et les services publics.

Ouïe, aïe, j’ai à peine atteint la moitié des notes prises en regardant la télé cette semaine et déjà écrit presque quinze mille signes. Une longueur qui ne saurait être supportée par les admirables éditeurs et éditrices de Télérama, débordés le vendredi, pas plus que par les lecteurs, dont on sait qu’ils sont incapables de rester plus de trois minutes sur un article. Je voulais vous parler du concours de pronostics auquel se sont livrés les plus éminents experts à propos du futur Premier ministre et de son futur gouvernement. Comment faire pour aller vite ? Disons qu’il y a « pas mal de noms qui circulent », selon une invitée de BFMTV.

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© BFMTV

Pour Christophe Barbier, Emmanuel Macron « aurait intérêt à nommer vite quelqu’un qui surprenne ». Gérard Majax ? « Quels sont vos pronostics ? — J’ai pas de pronostic, j’ai un conseil à donner à Emmanuel Macron. C’est de proposer à l’homme le plus populaire de France… » Omar Sy ? « Edouard Philippe. » Oups, pardon, j’ignorais que l’ancien Premier ministre était autant adulé. « Il a des idées sur la réforme des retraites et sur la réforme de l’État. » Il veut rétablir l’ISF et supprimer la flat tax pour maintenir la retraite à 62 ans et le financement des services publics.

« Si on comprend les signaux envoyés pendant la campagne d’entre-deux-tours, décrypte Benjamin Duhamel, il vaudrait mieux que ce soit quelqu’un qui vienne de la gauche. » Philippe Poutou ? « Après, y a la question de la typologie du Premier ministre. Est-ce qu’Emmanuel Macron a pris goût au fait que le Premier ministre soit un super exécutant, format Jean Castex ? Là, ça pourrait être Julien Denormandie. — Alexis Kohler, dit Christophe Barbier. — Ou Alexis Kohler. » Dont les conflits d’intérêts avec le privé font un excellent candidat. « Ou bien un Premier ministre paratonnerre… » Benjamin Franklin ?

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« Y a pas une femme emblématique ?, s’inquiète Alain Marshall. Je pensais à Ségolène Royal. — C’est Christine Lagarde », corrige Christophe Barbier. Une femme emblématique d’une condamnation avec dispense de peine. Sur LCI aussi, « on va jouer au jeu des pronostics. On a regardé avec l’Ifop ce qu’attendent les Français [les sondés] comme personnalités au gouvernement. Les Français [les sondés] aimeraient bien avoir Edouard Philippe à 48 %. » Ça se confirme, Edouard Philippe est la personne la plus populaire auprès des Français (après Jean-Jacques Goldman). « Pour les premiers ministres, voici les souhaits des Français [des sondés] qui ont répondu à l’Ifop : Christine Lagarde, 12 %, Bruno Le Maire, 11 %, François Baroin, 8 % Elisabeth Borne, 2 %, Nathalie Kosciusko-Morizet, 2 %. » Le virage à gauche d’Emmanuel Macron se confirme. Curieusement, LCI ne cite pas les personnalités soumises par l’Ifop au choix des sondés — pardon, des Français. Nathalie Artahud en faisait-elle partie ? Mystère. Alexis Brézet intervient : « Le futur Premier ministre n’est probablement aucun de ceux-là. » Mais on va quand même en débattre pendant des heures.

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« Est-ce qu’il serait de bon aloi qu’Emmanuel Macron nomme une femme ?, interroge la présentatrice. — Pas une femme pour une femme, répond Ruth Elkrief. Même comme féministe… » Qui a défendu Pénélope Fillon contre le harcèlement de la presse à scandale. « … Je trouve que c’est pas un bon raisonnement. Ce sera un type de Premier ministre comme Jean Castex, qui ne fait pas d’ombre et qui est très loyal. — Manuel Valls, par exemple ? » La loyauté incarnée. « Il faut un Premier ministre-chausson, plaide Renaud Pila, qui soit extrêmement confortable pour le président. » Et qui soit aussi une femme, donc plutôt une Charentaise. « Mais il faut un Premier ministre capable d’affronter la meute qu’est l’Assemblée. » La terrible meute des frondeurs LREM.

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« Je pense qu’Emmanuel Macron ne sait pas, suppute Ruth Elkrief, qu’il n’a pas décidé. — Je suis d’accord, convient Adrien Gindre. Je pense qu’il se pose les mêmes questions que nous, peut-être qu’il nous regarde, d’ailleurs. » Quelle chance, il va nommer Manuel Valls Premier ministre. La présentatrice prend congé : « On va laisser la place à David Pujadas, c’était sympa cette émission, j’aime bien. » Moi aussi, j’aime bien quand on parle de politique — et de Manuel Valls.

« Qui sera le Premier ministre ? », interroge derechef David Pujadas. « Il y a des noms qui circulent, répond un journaliste. Celui d’Elisabeth Borne, l’actuelle ministre du Travail. Elle coche plusieurs cases. D’abord, c’est une femme, ensuite elle est issue de la gauche. » Comme en témoigne sa réforme de l’assurance chômage, résolument babouviste. « Et puis elle a aussi dirigé le ministère de la Transition écologique, or le prochain Premier ministre sera en charge de la planification écologique. » Et on sait tout ce que le précédent ministère de la Transition écologique a fait pour l’interdiction des néonicotinoïdes, du glyphosate et pour le développement des EPR.

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Autre possibilité, « Julien Denormandie, il a été ministre du Logement et de l’Agriculture, deux dossiers qui sont liés aussi à la planification écologique ». Et il a défendu mordicus l’agriculture chimico-productiviste, ça vous pose un écologiste. « Enfin, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a aussi un profil qui pourrait correspondre, elle a été ministre de l’Ecologie sous Nicolas Sarkozy. » Le président qui disait : « L’écologie, ça commence à bien faire », c’est vous dire combien elle est légitime.

« Parmi les ministres, y a ceux qui resteraient, Gérald Darmanin, Gabriel Attal, Bruno Le Maire, Olivier Véran… » La crème de la crème. « Olivier Dussopt, Agnès Panier-Runacher à l’Industrie », celle qui a sauvé les fonderies. « Et au gouvernement, quelles seraient les nouvelles têtes ? », demande David Pujadas. Le journaliste énumère : « Christian Estrosi, ex-LR, Caroline Cayeux, ex-LR, Natacha Bouchart, ex-LR, Karl Olive, ex-LR, Christophe Béchu, ex-LR, Eric Woerth, ex-LR… » Ça confirme le virage à gauche du président ni de droite ni de droite. « Et puis vous avez Manuel Valls qui est toujours sur les rangs. » Quels que soient les rangs. « Plus étonnant, Jean-Marc Jancovici, ce serait une prise comparable à celle de Nicolas Hulot il y a cinq ans. » À la différence près qu’il défend le nucléaire, ce qui permettrait de construite une vingtaine d’EPR. « Il est décroissant !, s’épouvante Nicolas Bouzou. C’est en totale opposition avec ce que défend Emmanuel Macron. » Il va nous imposer de revenir à la bougie et à la pierre polie.

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Sophie Coignard, du Point, intervient : « Elisabeth Borne est parfaitement écologico-correcte. » Elle n’est pas décroissante et elle adore mettre le public au service des intérêts du privé. « J’exclus Julien Denormandie, qui n’est ni de gauche ni de droite mais d’extrême centre, comme Emmanuel Macron. » Limite trotsyste, comme le président. « Elisabeth Borne coche énormément de cases, elle vient de la gauche, c’est une femme. » Elle est Charentaise ? François Lenglet, dans sa chronique éco, juge que « l’extrême droite est plutôt mal nommée, économiquement elle est plutôt très à gauche ». Depuis le temps qu’on vous dit que Marine Le Pen est bolchévique.

« La grande question du moment, clame Yves Calvi sur BFMTV, c’est celle du nom du Premier ou de la Première ministre. » Le bandeau interroge « Matignon : qui sera le mouton à cinq pattes ? » Un mouton ? Ce ne sera donc pas une brebis. Yves Calvi admet : « La vérité, c’est qu’on n’en sait absolument rien. » Ça ne nous empêchera pas d’en discuter pendant des plombes.

L’heure suivanre, Natacha Polony interroge : « Macron peut-il changer ? — Pendant l’entre-deux-tours, répond Bruno Jeudy, il a été beaucoup plus à gauche qu’on ne pouvait l’attendre. » Ça se confirme, Poutou sera à Matignon. « Ce qui est certain, c’est que le macronisme est en train de s’enraciner… — J’explique l’image en direct, interrompt Aurélie Casse. Emmanuel Macron a quitté La Lanterne, il se rend à l’Elysée. » Chouette, une nouvelle course de motos. « Je vous laisse continuer votre phrase. » Le macronisme est en train de se motocycleter. « Voilà l’image en direct, Emmanuel Macron est en train de gagner l’Elysée. Profitez de ces images, hein ! On vous montre rarement des convois de motos. C’est souvent avant ou après le second tour. »

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Ouïe-ouïe-ouïe, aïe-aïe-aïe, j’ai dépassé les vingt mille signes. Les camarades éditrices et éditeurs du web sont en train de composer le peloton d’exécution qui m’occira pour avoir pourri leur vendredi. Le lecteur ou la lectrice réputée ne pas consacrer plus de deux minutes à la lecture d’un article est déjà parti sur le site de Gala pour découvrir la vie de l’ex-femme de l’amant de Delphine Jubilar. Et j’ai manqué à tous mes devoirs. Je vous ai parlé de TF1, de France 2, de BFMTV, de LCI… mais pas de CNews. « On va s’intéresser à ce qui se passe du côté de chez Marine Le Pen », promet Laurence Ferrari tandis que le bandeau déplore « Alliance législatives : Le RN dit non à Zemmour ».

Gilles-William Goldnadel analyse : « Marine Le Pen a subi une défaite avec les honneurs. » De CNews. « Elle a fait l’objet d’une campagne invraisemblable sur la thématique du barrage de l’extrême droite. Elle fait l’objet… Nous sommes l’objet d’une manipulation sémantique invraisemblable. » Pauvres experts de CNews, victimes d’une manipulation sémantico-wokiste. Les reportages et les débats se succèdent : « Donges, ville ouvrière, vote RN », « Hénin-Beaumont : les électeurs RN en colère », « Marine Le Pen déjà tournée vers les législatives ».

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A 19 heures, Christine Kelly désespère : « Que reste-t-il de la droitisation de la France ? On a beaucoup affirmé que la France n’avait jamais été aussi à droite. Pourtant, ces élections ne semblent pas le confirmer. Que s’est-il passé ? » Un ouragan gauchiste a faussé le résultat des élections. Laurence Ferrar panique : « Parlons politique et surtout de ce dialogue de sourds entre le RN et Reconquête. Tout à l’heure, nous avions en direct Jean-Marie Le Pen. »

Ça va trop vite, j’abrège. « On se retrouve pour évoquer la situation au RN. On est avec Sébastien Chenu, député RN, on va parler de votre parti, évidemment. » Évidemment. Puisque « la grande bataille des législatives a démarré ». Laurence Ferrari se désole : « Y a un sujet qu’on a assez peu évoqué pendant cette campagne, qui était pourtant un des piliers du RN, c’est la sécurité. Grégory Joron nous a rejoints, secrétaire Unité-SGP Police. La sécurité, c’est le quotidien des Français. A Champigny-sur-Marne, un jeune homme de 20 ans a été lynché à mort en pleine rue. » « Champigny-sur-Marne : la peur des habitants », confirme le bandeau.

Sonia Mabrouk alerte : « Un refus d’obtempérer toutes les vingt minutes en France ! Il y a eu une course-poursuite dans les rues de Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis. Un refus d’obtempérer qui aurait pu finir en drame. Alors qu’il tentait d’échapper à la police, un individu a violemment percuté un bus de la RATP. » Les images captées par la caméra d’un policier à moto sont diffusées en toute illégalité. « Les images sont vertigineuses, c’est hallucinant, on n’est pas dans une production hollywoodienne, on est dans la vraie vie.— C’est le résultat d’une déliquescence du respect de l’autorité, assure Maxime Thiébaut, avocat. On connaît tous des gendarmes qui ont eu des refus d’obtempérer. »

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« Vous soulignez le côté très spectaculaire de ces images, relève Jonathan Siksou, journaliste de Causeur. On va être amené à en voir de plus en plus puisque de plus en plus de policiers sont munis de caméra Go Pro, donc on va devoir s’habituer à ce type d’images terrifiantes. » Sur CNews. « C’est une défaite de l’autorité. » Et une victoire de l’image.

« Ce même refus d’obtempérer a fait deux morts dimanche soir sur le Pont-Neuf en plein Paris, rappelle Sonia Mabrouk. Le policier a tiré sur une voiture qui fonçait sur lui, c’est ce policier qui se retrouve en garde-à-vue. » Terrible injustice. C’est pourtant le refus d’obtempérer qui a fait deux morts. « Ce qui s’est passé à Paris, ça pose la question de votre proposition de présomption de légitime défense pour les policiers, suggère Sonia Mabrouk au représentant du RN. La voiture fonçait sur eux, ils ont tiré, il y a eu deux morts. C’est dans ce cas précis que vous prévoyez cette présomption de légitime défense ?En effet, répond Laurent Jacobelli. On a démuni nos policiers et nos gendarmes. » On ne leur a fourni que des fusils d’assaut.

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« On entame le débat sur la mise en examen du policier qui a tiré sur un véhicule qui a refusé d’obtempérer, reprend Sonia Mabrouk deux jours plus tard. Cette mise en examen pour homicide volontaire suscite la colère de ses collègues. » De CNews. Une journalise rapporte « UNE DECISION INADMISSIBLE en lettres capitales ; le syndicat Alliance dénonce la mise en examen de leur collègue pour homicide volontaire ». Sonia Mabrouk explique : « Imaginons que la voiture fonce, vous devez sauver votre vie, celle de vos collègues, vous avez une fraction de seconde. » Vous votez Marine Le Pen.

PS : Si vous avez tenu jusque-là (sans zapper sur la dernière vidéo YouTube de l’IHU, dont Macron a adoubé le patron, un escroc nommé Raoult), je vous prie de bien vouloir exuser l’absence de Ma Vie au Poste pendant quelques jours, le temps de se régénérer avant d’affronter les législatives et leur inévitable « vague bleu Marine », comme dit Alain Marshall sur BFMTV.



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