Pourquoi Stevie Wonder a disparu du paysage musical depuis 30 ans

« Vous voulez savoir si un artiste a du succès ? C’est simple mon jeune ami : lisez sa fiche Billboard ! » Cette sentence aux allures de slogan est l’oeuvre du producteur américain Robert Margouleff, compagnon de route de Quincy Jones, Stephen Stills, Joan Baez, Depeche Mode… et surtout de Stevie Wonder. Bref, un connaisseur ! Billboard… Depuis plus d’un siècle, le magazine est considéré comme l’organe médiatique le plus influent de l’entertainment américain. Un indicateur respecté pour sa précision et sa capacité à fournir aux professionnels les données qui racontent le succès ou le dévissage d’un artiste. Concernant Stevie Wonder, les chiffres ne mentent pas. Mieux, ils témoignent d’une longévité hors du commun : plus de 100 millions de disques vendus et 25 Grammy Awards, sans compter une myriade de prestigieuses récompenses saluant un musicien capable d’exceller dans tous les styles ou presque, du R’n’B à la pop, en passant par le jazz, le rock, le gospel et la soul.

Pour Frédéric Adrian, auteur d’une biographie de référence de l’artiste publiée au Castor Astral, « Wonder est une présence constante dans le monde musical américain depuis le début des années 1960. Il est considéré comme un créateur majeur depuis plus de cinquante ans. » De A place in the Sun en 1966 jusqu’à Faith, en duo avec la chanteuse Ariana Grande en 2016, Stevie Wonder truste les premières places du Top 50 avec une constance qui laisse pantois. Comment expliquer ce succès et cette capacité inédite à plaire dans le temps, aux quatre coins du globe, sans lasser son public ni faillir ? Pour la plume du New Yorker Giles Smith, le secret de l’artiste résiderait d’abord dans le talent. « On le révère pour l’étendue et la densité de son catalogue pop, dont la plupart des chansons sont devenues des hits. On le célèbre comme cet enfant issu d’un milieu défavorisé devenu, au fil du temps, une star internationale. On le salue comme un des chanteurs les plus doués et les plus influents de sa génération, mais aussi comme un pianiste génial, un virtuose de l’harmonica, et un véritable pionnier de l’industrie musicale. » Bref, mille facettes réunies en une individualité charismatique.

Cela donne, au niveau comptable, 36 chansons classées au Billboard, 15 titres dans le Top 10 et 8 numéros 1 dont certains présents plusieurs semaines d’affilée. Stevie Wonder réussit le tour de force de contenter puristes comme patrons de majors : dans la vie comme dans les charts, il est un phénomène à part. Sitôt qu’il apparaît, Eivets Rednow (un de ses nombreux alias qui correspond à son patronyme… à l’envers) déclenche des torrents de bienveillance et de sympathie… et une émotion non feinte. C’est que son art touche au coeur, transcende les frontières pour porter un message universel. En le rencontrant à l’issue d’un concert à Vienne, la chanteuse Tal parle volontiers d’un rêve qui se concrétise et pose sur Instagram avec « son idole », les larmes aux yeux.

Il sait gâter son public

Idem chez l’animateur-producteur Nagui lorsqu’il reçoit Wonder dans Taratata : « Arrivé sur le tapis rouge, lorsque le générique commence, il demande à son assistant de s’écarter pour que je le guide moi-même, que je lui prenne le bras et que je l’accompagne sur scène. Il y avait des câbles, des marches partout, un rail de travelling pour les caméras en plein milieu. Imaginez la responsabilité de conduire Stevie Wonder sur scène, sans incident, sans embûche… Ça a été un trac comme j’en ai connu peu dans ma vie. Il a pris ma main et j’ai sincèrement ressenti une décharge électrique tout le long du corps. Du magnétisme ! »

Ce jour de 1995, sur le plateau de l’émission, le maestro était censé présenter son nouvel album : « On se disait qu’il allait quand même interpréter peut-être tel ou tel tube. Mais aux répétitions, il n’a fait que les balances sur de nouveaux titres. » C’est mal connaître l’artiste qui a évidemment fait le show. Avant de partir, il gratifie un public aux anges d’une version endiablée de Superstition… de plus de sept minutes.

Mais si le mythe Wonder fait plus que perdurer, si les jeunes générations de musiciens soul continuent de le vénérer comme un Dieu, si les cinq albums qu’il réalisa de 1972 à 1976 – de « Music of My Mind » jusqu’à l’étincelant « Songs in the Key of Life », couvert de prix et considéré comme un des plus grands albums de l’histoire de la musique moderne – constituent une succession de chefs-d’oeuvre telle qu’il en existe exceptionnellement peu en si peu de temps venant d’une seule personne, le fait est qu’après ce coup de maître, la créativité musicale de cet artiste à la voix si remarquable et au registre si divers n’a cessé de s’étioler.

Aucune de ses quelques productions suivantes n’a atteint le niveau de perfection où culminaient celles de cette période, même si son détour par le reggae, avec « Hotter than July » en 1980, et son hymne à Martin Luther King, Happy Birthday, fut une de ses plus belles réussites commerciales. Depuis 1992, soit maintenant trente ans, on peut même parler d’un quasi-tarissement. Comment expliquer cette mystérieuse évaporation de son génie ?

Pour bien réaliser l’étrangeté de ce parcours et l’aspect incompréhensible du cours qu’il a pris durant les trois dernières décennies, il faut revenir à l’origine. À l’époque, on est loin des sourires et des salles pleines à craquer… Né prématuré en 1950 dans le Michigan, le chétif Stevland Hardaway Morris est rapidement placé en couveuse. Mal réglée, celle-ci engendre un trop grand afflux d’oxygène et lui provoque une rétinopathie précoce entraînant une perte de la vue. Sa cécité – faisant l’objet de théories fumeuses sur les réseaux sociaux – n’a donc rien du mystère.

Stevie Wonder en 2016. Cette année-là, il sort le single «Faith», en duo avec Ariana Grande. Le clip vidéo totalise 52 millions de vues sur YouTube.Austin Hargrave/AUGUST

Le reste de son enfance est en revanche plus nébuleux. Entre ses changements d’état civil (d’abord connu sous le patronyme Judkins, il change ensuite pour Hardaway Morris) et la relation houleuse de ses géniteurs, le récit de ses premières années est incomplet. On sait simplement que le temps de l’enfance lui est pénible. Il grandit à Detroit, ville grise et ouvrière, où le foyer vit dans la pauvreté. Son père est ce que l’on appelle un hustler (un arnaqueur), il bat son épouse et, pour gagner sa vie, n’hésite pas à la mettre sur le trottoir. Le salut du jeune Stevie proviendra rapidement de la musique, d’abord par la voie du gospel. Mais comment émerger lorsqu’on est artiste, aveugle et noir, donc minoritaire au sein même de sa propre minorité, dissemblable au sein d’une communauté déjà en proie au rejet et à la ségrégation ethnique ?

À 13 ans, le petit prodige musical se produit à l'Olympia à Paris, en décembre 1963.

À 13 ans, le petit prodige musical se produit à l’Olympia à Paris, en décembre 1963.Mirrorpix/Leemage

« Dans ses premières années, Stevie n’est pas vraiment considéré comme un musicien – d’ailleurs ses disques ne se vendent pas particulièrement bien -, mais plutôt comme une attraction, quand il participe aux grandes tournées organisées par la Motown. Et lorsqu’il passe dans les grandes émissions télévisées comme le show d’Ed Sullivan, les programmes des journaux le présentent dans la même rubrique qu’un numéro de cirque ou une troupe de danse folklorique… Sur scène, il chante, danse et joue de différents instruments (piano, harmonica, batterie), mais on est plutôt dans une démonstration que dans le registre la musique. »

C’est d’ailleurs de sa propension à époustoufler la galerie que l’enfant-star va tirer son nom de scène : Wonder, « merveille » en anglais. Ce n’est que quelques années plus tard, quand il comprendra quel diamant brut il a entre les mains, que Berry Gordy, big boss de la Motown, changera de braquet. « Après ces premières années à jouer de sa ‘mignonnerie’ naturelle, Wonder s’avère être aussi un génie musical, reprend Frédéric Adrian. Ses tubes du début des années 1970 nous paraissent aujourd’hui des évidences, mais ce sont, à leur sortie, de véritables innovations sonores, en particulier avec le recours au synthétiseur dont il est un des vrais pionniers dans la musique populaire.». Stevie Wonder perce alors vite et fort parce qu’il sait tout faire : amuser la galerie, faire danser les salles, tenir la dragée haute aux stars de l’époque et s’imposer comme un créateur hors pair. La roue tourne, le succès lui tend – enfin – les bras.

L’homme-orchestre

« Musicalement, explique Sébastien Vidal, directeur de l’antenne et des programmes de TSF Jazz, l’équation est au point. C’était le secret du label Motown et des productions de Berry Gordy : avoir un vivier d’artistes noirs pour faire une musique qui dépasse les genres, les styles et surtout les races. » La recette est efficace. « Une rythmique assez funky avec beaucoup de choeurs et ne jamais hésiter à ajouter des cordes… Le tout constituant un mélange original qui a marqué les populations noires et blanches. »

Les disques s’écoulent vite. Ils transcendent, mélangent et dessinent ce son caractéristique qui fera se trémousser la planète entière. Sébastien Vidal poursuit : « Stevie Wonder est un phénomène. Il a appris à chanter à l’église. Il joue de presque tous les instruments et souvent, c’est lui qui fait batterie, synthé, piano, chant, choeur sur ses albums. C’est un véritable homme-orchestre. » Dans une Amérique en proie à la ségrégation raciale et au vertige du communautarisme, ce grand échalas est la preuve vivante que le génie n’a pas de couleur. Après une décennie 1960 destinée à se faire connaître de toutes les strates de l’Amérique, les seventies le couronneront comme un redoutable hit-maker. Signed, Sealed, Delivered, You are the Sunshine of my Life, Superstition, Living for the City, Isn’t She Lovely… Des classiques qui ont traversé les années.

En décembre 1976, alors en tournée à New York, Stevie Wonder donne un concert au Dance Theater of Harlem, au milieu des élèves de l'école de ballet de cette compagnie, créée en 1969 pour promouvoir les danseurs noirs.

En décembre 1976, alors en tournée à New York, Stevie Wonder donne un concert au Dance Theater of Harlem, au milieu des élèves de l’école de ballet de cette compagnie, créée en 1969 pour promouvoir les danseurs noirs.Allan Tannenbaum/Getty Images

Ici, point de mystère. La recette s’avère claire comme de l’eau de roche : Wonder parle d’amour, des réalités sociales, de la vie… Tantôt il s’engage, notamment en faveur des droits civiques, tantôt il reste loin du marigot politique, chantant des sensations plutôt que des réalités. « Son rôle dans l’établissement d’un jour férié en hommage à Martin Luther King et son combat des années 1980 contre l’apartheid en ont fait une figure dont l’ampleur et la légitimité dépassent largement le monde musical, analyse son biographe Frédéric Adrian. Ses innovations artistiques des années 1970 et la puissance de son écriture à cette époque lui ont garanti le respect des autres musiciens quels que soient leur genre et leur génération. »

Au fil du temps, Wonder devient une institution. Des années plus tard, il sera samplé par les rappeurs les plus en vue, de Coolio à Will Smith en passant par Jay-Z. Il est cité partout, célébré au point de se voir attribuer un Lifetime Achievement Award du National Civil Rights Museum. Il est fait Messager de la paix des Nations unies en 2009, et se voit remettre la médaille de la Liberté des mains du président Obama en 2014 ainsi que quatre diplômes honoraires par les universités de Yale, Rutgers, Howard et Alabama.

Mais plus que tout, c’est bien le monde du divertissement qui entreprend, à grands coups de Grammies, une vaste entreprise de panthéonisation de son vivant. Preuve en est, en 1988, lorsque Wonder reçoit l’honneur suprême de l’industrie musicale américaine : une intronisation en grande pompe au Rock and Roll Hall of Fame, aux côtés, cette année-là, des Rolling Stones et d’Otis Redding. Pour la cérémonie, on fait appel à une autre légende, Bob Dylan. Chargé du discours officiel, il eut cette formule définitive : « Si quelqu’un peut être appelé un génie, c’est Stevie Wonder ! »

On peut se demander si là ne réside pas l’une des explications du « mystère Wonder » : le musicien semble avoir été dévoré par ce que la mythologie du rock a fait de lui. Invité à toutes les commémorations officielles, aux enterrements des grands de la musique, enrôlé dans les causes civiques, célébré lors de « tributes » où se pressent les gloires passées, présentes et à venir, tout se passe comme si lui-même, au moment d’entrer dans un studio d’enregistrement, ne se sentait plus à la hauteur des attentes qu’il suscite et avait choisi de mettre fin à sa flamboyante série d’albums plutôt que de prendre le risque de décevoir, voire de déchoir.

Eloge de la lenteur

Si tout a été dit, écrit et raconté sur le génie de Stevie Wonder, il manque souvent une dimension aux récits hagiographiques. Comme si, au-delà de l’aisance musicale et du charisme de l’artiste, demeurait une facette inexplorée : celle des zones d’ombre. Qui peut comprendre Wonder ? Sur cette question, toutes les personnes que nous avons contactées butent irrémédiablement. « Indescriptible », pour les uns, « hors de notre monde, dans un autre trip » , à en croire son ex-femme, Syreeta Wright.

Qui se cache vraiment derrière l’éternel sourire du génie ? Racontant ses souvenirs de studio dans la série documentaire « Make it funky », le producteur Robert Margouleff qualifie sa collaboration avec Wonder de « formidable et terriblement usante à la fois. On travaillait nuit et jour, vacances et jours fériés inclus, sans contrat véritablement établi, sans certitude et sans limite de budget. Tout était ouvert, tout était possible. La musique semblait comme jaillir de lui, le matériau sortait brut et plutôt que de le répartir en douze chansons pour faire un album, on enregistrait tout et on gardait toutes les bandes. Ça a duré cinq années et finalement, je crois que c’était bien assez comme ça ! » Car l’histoire s’est mal terminée. Peu soucieux des conditions de travail de ses collaborateurs, et guère concerné par les coulisses du processus créatif, Stevie Wonder n’a jamais pris soin de ménager Margouleff et son acolyte Malcolm Cecil.

S’agit-il de ce fameux penchant tyrannique qui serait l’apanage des génies ? Dans un article publié en 1995 et devenu mythique, le journaliste du New Yorker Giles Smith s’est échiné à répondre à la question. Pour lui, pas de doute : « Au-delà de la maestria de Wonder, il y a un élément majeur permettant de mieux le cerner : sa faculté à imposer son tempo, sa propension au retard, à la procrastination, à la lenteur. Tout cela a été savamment perfectionné par ses soins au cours des dernières décennies. » À la lumière de ce constat, de fameuses anecdotes resurgissent : « Il y a quelques années, trente minutes avant que Wonder ne se produise à Seattle, il a téléphoné à son directeur de tournée pour lui faire savoir qu’il venait juste de partir de chez lui à Los Angeles, raconte Smith. Avec le ton qui le caractérise : sublimement serein, tout bas, tout doux, avec des consonnes légèrement floues – le même ton qu’il utilise pour prononcer son mantra préféré : « I’m just chillin’ » (‘Je me détends’). »

Stevie Wonder avec Whitney Houston vers 1989.

Stevie Wonder avec Whitney Houston vers 1989.Lester Cohen/Getty Images

Se dessine le portrait alternatif d’un artiste qui, après avoir longtemps composé avec les demandes du show-business, a entrepris d’en rejeter les codes. À Londres en 1981, il est ainsi arrivé à sa propre conférence de presse… six heures après son début. « Les journalistes présents avaient mangé tous les sandwichs puis, las, étaient rentrés chez eux », se souvient Giles Smith. Stevie Wonder est en retard avec la création également. Dans les années 1970, alors que la livraison de l’album « Songs in the Key of Life » se fait désespérément attendre, les employés de la Motown portaient des T-shirts avec le logo « Stevie’s Nearly Ready ». L’opus ne sortira finalement qu’en 1976 ! Et si ces retards légendaires cachaient en fait une inspiration qui s’est tarie au fil du temps ?

« Si on regarde bien les périodes de création pure et les moments de génie chez un artiste, explique Sébastien Vidal, on constate que cela est souvent limité dans le temps. Pour les Beatles, ça s’est joué de 1961 à 1969. Chez les Stones, de 1963 à 1972, pour Marvin Gaye de 1969 à 1974. Pour Stevie, c’est pareil. Peut-être vaut-il mieux écrire les 30 plus belles chansons du monde en sept ans et vivre dessus que faire une carrière de soixante ans avec un seul single ! » Quand on regarde de près sa discographie, Wonder n’a jamais cessé de sortir des disques régulièrement, jusqu’en 1995 avec « Conversation Peace ». Puis, dix ans se sont écoulés avant le suivant, « A Time To Love » en 2005. Puis plus rien, ou si peu…

Le roi du featuring

Pour Nico Prat, fer de lance de la nouvelle génération du journalisme musical, il ne faut pas voir de stratégie derrière ce retrait soudain, mais plutôt l’oeuvre du temps : « Souvenons-nous que son premier album est paru quand il n’avait que 12 ans. D’une part, on peut légitimement penser que l’inspiration s’est tarie. D’autre part, les mastodontes des années 1960 et 1970 ne correspondent plus tellement à leur époque… voire disparaissent peu à peu au tournant du nouveau siècle. Enfin, en 1988, Motown, label historique de Wonder, est racheté par MCA, puis par Polygram, puis Universal. L’esprit maison a disparu. »

Sans oublier un zeste de lassitude, l’époque étant clairement moins euphorique. « Je pense que la musique ne l’intéresse plus beaucoup et que l’époque où il passait ses jours et ses nuits en studio à créer est derrière lui depuis au moins vingt ans », confirme Frédéric Adrian. Au diable les responsabilités : en concert, les spécialistes s’accordent à dire que Wonder agit désormais en soliste, tandis que son directeur musical, le bassiste Nathan Watts, pilote l’orchestre et veille au grain. Sur les quelques titres parus récemment, poursuit-il, « une bonne partie est issue de compositions ou d’enregistrements plus anciens, ce qui semble révéler une inspiration un peu tarie. Aujourd’hui, je pense que sa capacité à porter un message politique et social l’intéresse plus que la musique. »

À Los Angeles en 2005. «A Time to Love» sort dix ans après son précédent album studio.

À Los Angeles en 2005. «A Time to Love» sort dix ans après son précédent album studio.J. Emilio Flores/The New York Times/Redux-REA

En effet, Wonder ne s’est pas totalement tu pour autant. Ponctuellement, il revient pointer le bout de ses claviers pour quelques événements prestigieux : soutien à son ami Barack Obama, prestigieuses cérémonies et une incroyable liste de duos cinq étoiles. Une habitude inaugurée dès 1982, avec la fameuse collaboration avec Paul McCartney sur Ebony and Ivory. Succéderont à l’ex-Beatle une impressionnante cohorte d’invités incluant Dionne Warwick, Michael Jackson, Julio Iglesias, Whitney Houston, Luciano Pavarotti, Beyoncé, Snoop Dogg, Bono de U2, Céline Dion et Ariana Grande. « Un featuring, ça ne coûte pas grand-chose, estime Nico Prat. Un jeune artiste ou une superstar de la nouvelle génération viennent chercher une crédibilité, un cachet. La logique est de durer dans le temps et de se racheter une jeunesse, une caution cool, à moindres frais : ce n’est pas tellement son nom qui est engagé. »

Le mystère Wonder s’entretient ainsi, à grands coups d’exposition minutieusement pensée et de collaborations musicales réalisées, progrès technologique faisant, sans quitter le nid douillet de son domicile. Un petit secret de fabrication confirmé par le batteur Manu Katché : « Ma relation avec Stevie Wonder n’a été qu’une relation studio. Il a joué en overdub sur le titre ‘Brand New Day’ de Sting et sur ‘Into You’ de Gloria Estefan. » Soit deux enregistrements où le maestro vient ajouter sa voix à celles de ses amis, comme une cerise sur le gâteau… mais à distance.

Katché, fan absolu de Wonder, qui aime citer « Journey Through the Secret Life of Plants » comme l’album « qui l’accompagne partout, celui qu’il emporterait sans hésiter sur une île déserte », poursuit : « La seule prestation où nous avons partagé la scène s’est déroulée à Los Angeles . C’était en 2000, avec Sting, au cours du « Brand New Day tour ». Stevie est monté sur scène pour jouer sur le titre éponyme et est reparti avec son accompagnateur pendant que nous continuions à assurer le reste du concert. Finalement, je n’ai jamais eu le privilège de lui serrer la main… » Entre prestations scéniques hors normes et une certaine faculté à se dérober sans jamais se révéler dans l’intimité, le mystère Wonder n’est pas près de se dévoiler…

En chiffres

· 23 albums studio.

· 100 millions de disques vendus.

· 74 nominations aux Grammy Awards pour 25 récompenses.

· 11 ans : premier contrat avec la Motown.

· 13 ans : Fingertips, première chanson à accéder au Billboard Hot 100.

· 4e meilleur album de tous les temps selon Rolling Stone pour « Songs in the Key of Life ».

· 549 millions d’écoutes pour Superstition sur Spotify.

· 52 millions de vues sur YouTube pour le clip de son duo Faith avec Ariana Grande

Les 4 albums qu’il faut avoir écoutés

«The 12 Year Old Genius»(1962)

Pas encore teenager mais déjà sur le devant de la scène, Wonder est mis en scène et présenté comme un génie. Ses tours de chants, fortement inspirés de ceux de son idole Ray Charles, ressemblent à des performances. L’enfant star y chante, joue du piano, de la batterie et de l’harmonica sous les vivats d’une foule déjà bien consciente du phénomène qu’elle a sous les yeux.

«Innervision» (1973)

Dix ans plus tard, le petit Stevie a bien muri. Il est en pleine possession de ses moyens, au firmament de sa période créative, encanaillant la soul de ses débuts avec le son rock qui fait fureur dans des seventies. « Innervisions » est un des albums préférés des puristes grâce au son caractéristique du clavier Tonto et la pureté de la voix de Wonder. Living for the City, Higher Ground et la très politique charge anti-Nixon He’s Misstra Know-It-All émergent comme des pépites.

«Songs In The Key Of Life» (1976)

Tout ce que compose Wonder semble se changer en or et ce dix-huitième opus ne déroge pas à la règle. Wonder, qui voulait prendre sa retraite pour s’installer au Ghana vient de négocier avec la Motown le plus gros contrat de l’industrie musicale américaine. Il inonde la planète de tubes restés dans les mémoires : Sir Duke, I Wish, Isn’t She Lovely, Pastime Paradise, As. Une pièce maîtresse.

«In Square Circle» (1985)

Le puissant soleil Wonder s’éclipse peu à peu au cours des eighties. Il n’en reste pas moins que ses duos font mouche, comme avec Paul McCartney et Michael Jackson. Stevie Wonder entre dans sa période commerciale. Moins créatif, il se transforme en VRP de son art et de sa personne tout en signant quelques tubes bien sentis, comme Part-Time Lover ou Overjoyed.

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