Fête de la Nativité : 10 questions impertinentes sur Noël

Noël. Ou l’histoire d’un drame annoncé… qui se finit aussi bien qu’un film américain. Petit rappel historique. Joseph ne fait pas le fier en cette fin décembre. Il tire l’ânesse sur laquelle est perchée sa tendre Marie. Le pas de l’animal et les premières douleurs de l’accouchement tracent sur le visage de la jeune épouse un rictus de douleur. « Quelle misère ! Pas d’argent, pas de maison et une femme qui va accoucher en pleine nuit ! Qu’il nous aide un peu, le Bon Dieu, sinon nous allons à la catastrophe ! », entend-on Joseph se plaindre – « avé l’accent » de Marseille – dans La Pastorale des santons de Provence. En guise de maternité, la Sainte Famille ne trouvera qu’une misérable étable sentant le foin ; comme sage-femme assistée d’une drôle d’infirmière, un âne et un bœuf « tirés du premier sommeil », poursuit le récit provençal. Avec une telle genèse, pas étonnant ainsi que, deux mille ans plus tard, la fête de Noël ne soit pas toujours à la hauteur des espoirs de joie et de partage que nous plaçons immanquablement en elle. Dans quelle famille l’horaire et le choix de la messe – 19 h pour les petits ou minuit pour les grands ? – n’ont pas été source de tension ? Qui n’a pas un jour été déçu par son cadeau ? Et que faire lorsque la fête annoncée ne suscite en soi qu’un vague à l’âme coupable ? Sans parler de l’encombrant Père Noël. Enfin, Noël peut raviver les tensions que l’on voudrait taire, entre conjoints, parents et enfants ou au sein de la fratrie. Noël est un révélateur. Lorsque l’Enfant Dieu paraît, le cours de l’Histoire en est pour toujours changé. Les anges exultent, les mages adorent. Marie tient Jésus dans ses bras tandis que le brave Joseph pousse, lui, un grand soupir de soulagement. Et nous, comment réagissons-nous ? La Nativité interroge sans concession notre rapport à nous-même, aux autres et à Dieu. Et dans chaque situation, il n’y a pas de mauvaise question.

Pourquoi c’est toujours le bazar à Noël ?

UNE BONNE OCCASION DE FAIRE LA PAIX AU PIED DE LA CRÈCHE

Ce soir-là, tout le monde est sur son trente-et-un. Le sapin scintille, la table est dressée avec sa plus belle nappe. C’est sûr, cette fois-ci, Noël sera magique. Et puis, immanquablement (ou presque), soudain ça gronde. Com- ment est-il possible que la fête du Prince de la paix soit si souvent le théâtre de tirs croisés d’invectives, que la célébration d’une naissance qui réconcilie le Ciel et la Terre déterre les haches de guerre ? Pour le psychologue Pascal Anger, l’esclandre est d’autant plus probable que l’on cherche à toute force à créer un moment unique et poétique, plein d’harmonie et d’amour, autour d’une famille unie et soudée. Las, il faut se rendre à l’évidence : cette famille n’existe pas.

Une famille sur papier glacé

« Dans mon cabinet, j’entends beaucoup, avant Noël, la crainte et l’excitation de se retrouver, constate le thérapeuthe. Ensuite, j’entends tous les pleurs : “Ça ne s’est pas passé comme je le voulais”, “Je ne suis pas aimé”, “Il y a eu beaucoup de disputes”… » Au lieu d’une famille sur papier glacé, on a une famille composée de personnes qui ont pris des chemins différents, votent – quelle horreur – aux deux bouts de l’échiquier politique, sont vaccinées ou ne le sont pas, croient au Ciel ou n’y croient pas, et s’ils sont chrétiens, communient à la bouche ou dans la main – casus belli classique. Pire, certains ont des conjoints qui font un peu l’effet de Meghan Markle à Buckingham Palace. Mais, plus on veut assurer la concorde, plus le refoulé risque de surgir, le vin aidant, dans des éruptions incontrôlées comme un lapsus aux lèvres du gardien du tabou. À quoi il faut ajouter des facteurs de risque supplémentaires. « Tout simplement, on est fatigué, dissèque Stéphane. On avait besoin de vacances pour se reposer, au lieu de quoi, on est sur les routes. C’est épuisant. »

Et puis on retourne chez ses parents, et là, on vous recolle les étiquettes liées à l’adolescence : « On ne va pas te demander de donner un coup de main pour l’apéro, tu as deux mains gauches. » Le « système familial » se remet en place, et chacun se retrouve réassigné à une place ou à un rôle qui ne lui convient plus. « Autour de cette jolie table, souvent vont se rejouer les conflits de l’enfance, ajoute Pascal Anger. Les jalousies, les critiques, les comparaisons. Les revanches aussi sur la vie. » À quoi s’ajoute, évidemment, la présence des enfants qui sont tout excités, et donc bruyants. La maison est pleine à craquer du sol au plafond, pas moyen d’en sortir au jardin : il faut subir leurs cris. Jusqu’à ce qu’Oncle Gaston se mêle de vous donner des conseils sur la façon d’élever vos enfants. Ou pire, votre belle-mère. Sans compter que l’amoncellement de jouets provoque mécaniquement des disputes et des jalousies entre les enfants. Alors, peut-on vivre un Noël harmonieux en famille ? En dépit de ce triste décor, c’est même le moment favorable. Noël apparaît comme une parfaite opportunité de faire vraiment la paix, à condition de venir la chercher, comme les bergers, au pied de la crèche, et de célébrer, non pas notre petite famille, mais la Sainte Famille qui vient réparer nos vies cabossées. Après tout, en apparence, le premier Noël était aussi un raté incroyable. (Pauline Quillon)

Faut-il tuer le Père Noël ?

COMMENT FAIRE PLACE À L’IMAGINAIRE ET AU FOLKLORE SANS PASSER POUR UN MENTEUR

Vous n’avez pas vu le coup venir. Quand soudain : « Tu y crois encore, toi, au Père Noël ? », lance un vieil oncle sarcastique à votre petit garçon de 6 ans. Gaffe ou mauvaise blague ? Quoi qu’il en soit, à quelques semaines des festivités de Noël, la liste des cadeaux dûment postée pour le petit barbu rondouillard de Laponie, vous riez jaune. L’oncle canaille a toujours détesté le Père Noël : « Ce personnage bedonnant inventé au XIXe siècle pour faire marcher le commerce est grotesque. » En plus, il nous détournait du vrai Noël chrétien. L’argument n’est pas totalement faux. Pour d’autres raisons, certains parents « bienveillants » ne sont pas forcément plus à l’aise avec cette histoire de « gentil papa Noël » se promenant sur « son traîneau porté par le vent », la hotte remplie de joujoux. Est-ce bien réglo et très malin de mentir avec ces fables rose bonbon ?, s’interrogent-ils avec inquiétude.

Comment exiger des enfants la vérité si on les berce d’illusions dès la maternelle ? Comment accompagner, ensuite, le douloureux passage de l’illusion à la réalité ? « Cela n’a jamais été un problème chez nous », rétorque Amélie, mère de trois enfants. « L’idée du Père Noël s’est toujours introduite subrepticement à la maison, par le biais d’histoires rapportées d’ici et là. Nos enfants mélangeaient un peu tout, le Père Noël, saint Nicolas, les personnages du folklore alsacien… On les a laissés croire ce qu’ils voulaient, et surtout rêver. Cela n’a pas parasité la fête chrétienne. Pas plus que cela ne les a perturbés. »

Le Père Noël se rattache au monde des contes de fées

Pour les psychanalystes, la réponse est claire : ne touchons pas au Père Noël. Ne confondons pas non plus mensonge (intention de cacher la vérité) et fiction, les mérites de la fiction romanesque ou fantastique étant bien connus. Vaguement inspiré de saint Nicolas, le brave bonhomme souriant descendu du ciel serait un pur produit de la culture anglo-saxonne – ses premières traces auraient été repérées aux États-Unis, en 1822. Il symbolise l’amour inconditionnel pour chaque être humain – amour inconditionnel que les petits chrétiens sont bien sûr appelés, plus tard, à reconnaître dans le Christ. Même de manière sommaire, ce personnage imaginaire à michemin entre l’homme et l’ange se rattache au monde des contes de fées.

Et les contes de fées, loin d’un rationalisme desséchant, aident les enfants à grandir. Ces récits féeriques, pour divertissants qu’ils soient, leur donnent mystérieusement à éprouver toute l’épaisseur du réel et l’envie de se projeter dans l’avenir en douceur. Globalement, les enfants comprennent d’eux-mêmes, vers 7-8 ans, via l’école ou un cousin plus âgé, que que toutes ces histoires ne tiennent pas debout. Tout en continuant à y croire en pointillé. « D’abord, comment il fait pour déposer les cadeaux vu qu’on n’a pas de cheminée ? » se torturent-ils un temps les méninges. Jusqu’au jour où, fiers d’avoir atteint l’âge de raison et flattés de faire désormais partie des initiés, ils viendront vous demander la bouche en cœur : « Mais, au fait, pourquoi les parents offrent-ils des cadeaux à Noël ? Ne serait-ce pas plutôt à nous d’offrir des cadeaux à Jésus ? » Et vous vous entendrez alors répondre, le cœur attendri : « Oui, exactement : le cadeau de notre amour. » (Diane Gautret)

Est-ce qu’on peut décaler Noël pour réunir la famille ? 

Après tout, il existe bien une messe dominicale anticipée le samedi soir. Et puis le temps de Noël dépasse le jour J pour s’étendre jusqu’à la fête du baptême de Jésus, après l’Épiphanie. Déjà, les calendriers de l’Avent démarrent trois jours après l’Avent, alors on n’en est plus à ça près. Et quand c’est pour la famille, on trouve toujours les meilleures raisons de faire passer l’agenda domestique avant le temps liturgique. L’important, c’est que tout le monde soit réuni ! N’empêche qu’à force, on risque de quitter le kairos (« le moment favorable ») pour se retrouver platement dans le chronos (le Dieu païen du temps, devenu la mascotte de Chronopost, auquel on a déjà offert tant de sacrifices coupables). Entre le Noël des beaux-parents, celui des grands-parents, du bureau, des cousins et des copains, la nuit de la Nativité se sera multipliée au risque de migrer insensiblement vers le rayon « Fêtes de fin d’année ». Et finalement, on se retrouve comme les commerçants qui nous agacent avec leurs « Bonnes fêtes ! » au lieu de dire : « Joyeux Noël ! » (Clotilde Hamon)

Comment fêter Noël sans massacrer la planète ?

Concilier sobriété et esprit de la fête

Avalanche de cadeaux achetés sur Amazon, mets délicieux mais ni locaux ni de saison, sapin coupé puis jeté, guirlandes en plastique, illuminations onéreuses… Les traditions de Noël égaient les cœurs mais interrogent nos consciences écologiques (et nos porte-monnaie) quand elles deviennent excessives. Comment célébrer l’Enfant Roi né dans une crèche, sans que cela devienne la fête du consumérisme ? « Avant de décider quoi faire, il faut se demander ce qu’est l’esprit de Noël pour notre famille et ce qu’on a envie de vivre. Quand on réinterroge le fond, la forme prend un sens différent », souligne Dominique Pérot-Poussielgue.  Dans son Guide de la famille économe écolo-éthique (Mame), elle insiste sur l’importance pour chaque famille de trouver ce qui correspond à ses besoins propres au lieu d’obéir à des injonctions moralisatrices et des règles toutes faites.

« Les cadeaux donnés et reçus sont une marque d’affection très importante pour certains ; d’autres leur préféreront un moment de qualité, comme un spectacle ou une activité un peu féerique vécue ensemble. Il faut s’adapter à chacun. » L’emballage avec des bouts de tissu ou la confection de papier cadeau en patchwork de journaux peut devenir un atelier ludique à partager. « J’encourage, pour ma part, ma fille de 5 ans à prévoir un cadeau concret pour Jésus, comme un joli dessin qu’elle pourra déposer devant la crèche, cela redonne du sens ! » Nombreuses sont les bonnes idées de décorations à fabriquer soi-même en matières naturelles. Les repas peuvent aussi être l’occasion de valoriser les talents de chacun. « Il ne s’agit pas de se mettre la pression ; le plus important est de vivre cette fête vraiment dans la joie. Les repas et les cadeaux sont des moyens, mais nos grands-parents n’avaient parfois qu’une orange à Noël : c’est cela la sobriété joyeuse ! » (Anne-Françoise de Taillandier)

Pourquoi n’est-on jamais d’accord sur la messe ?

Quand elle devient une variable d’ajustement

Héloïse se souvient du « pire Noël » de son existence. Pour fêter leurs 30 ans de mariage, ses beaux-parents avaient loué un immense chalet dans une grosse station de ski huppée, afin d’y réunir les membres de la tribu élargie, dans une ambiance féerique de cliché parfait : montagnes enneigées, guirlandes et sapins illuminés, feux de cheminée… Sa belle-sœur s’était aussitôt renseignée : ouf, il y avait une messe à 18 h 30, l’horaire idéal pour ne pas réveillonner et veiller trop tard avec les enfants. « Et pourquoi pas la messe à 22 h, à 13 km d’ici, et accessible par une route dégivrée ? », avait suggéré d’une petite voix Héloïse. Cela lui aurait remémoré ses Noëls d’enfance : « Nous rentrions de la messe de Minuit, en voiture, les yeux et la tête pleins d’étoiles… Un temps de trajet pendant lequel nous digérions en silence les cantiques et la belle liturgie  de Noël ayant mystérieusement embrasé nos cœurs et nos sens, dans les odeurs d’encens et les halos de lumière. » Mais inutile d’y songer.

Pour ne froisser personne, ce serait messe à 18 h 30. « Seul hic : au dernier moment, la moitié des troupes s’est débinée en invoquant la préparation du repas ! Et le show de Noël dans lequel nous nous sommes retrouvés embarqués a vite viré à la cacophonie », s’esclaffe-t-elle aujourd’hui en repensant à son « Noël volé ». Pour un Noël familial « réussi », mieux vaut donc anticiper un tant soit peu sa messe ; et accepter de faire des concessions ; à condition que ce ne soit pas toujours les mêmes qui obtempèrent. Comment concilier esprit de famille et esprit de Noël ? Associer les non-croyants et les moyennement pratiquants à la joie de Noël sans brader le sens profond de cette fête ? Contenter tous les âges, les états de vie, les sensibilités – « tridentine », charismatique, paroissiale, ou monacale ?

Le merveilleux et la beauté de la messe de la nuit

« Pendant des années, on a eu l’impression de ne pas vivre un Noël très chrétien, confie Florence. Pas de messe du 24 au soir, pour nous ajuster à une partie de la famille non croyante – nous ne voulions pas donner le sentiment de faire la morale, ni nous priver de leur présence. Mais une messe à 11 h, le 25, dans une atmosphère nettement moins joyeuse. Aujourd’hui, nos quatre enfants devenus adultes, et mes grands-parents décédés, nous assistons aux trois messes traditionnelles : messe de Minuit (ou “des anges”), messe de l’aurore (ou “des bergers”) et messe du jour (ou “du Verbe divin”). »

Voilà qui s’appelle rattraper son retard. « Certes, la messe de Minuit n’est pas un absolu, et pour des raisons pratiques, beaucoup de familles optent désormais pour une messe vers 20 h, poussant les paroisses à revoir leur “offre”. Mais c’est un peu dommage, conclut-elle, parce que le merveilleux et la beauté de la messe de la Nuit résidaient en partie dans l’effort consenti… Et parce que la messe de Noël a tendance à devenir la variable d’ajustement de nos réjouissances familiales. » Depuis quelques années, celle-ci s’exporte aussi hors les murs, dans des lieux insolites : sous le chapiteau ou à la patinoire, par exemple. Une autre façon de réconcilier tous les publics ? (Diane Gautret)

Est-ce un crime de bousculer les rituels familiaux ?

Leur sens est à la mesure de la joie qu’ils procurent

Les cadeaux ouverts le soir ou le matin, chacun son tour ou tous en même temps, l’entrée à la queue leu leu dans le salon lanternes à la main, les chants autour du sapin, la procession du santon de l’Enfant Jésus vers la crèche à la prière du soir, le pain d’épices au petit-déjeuner du 25 décembre, un dernier cadeau à s’offrir le 26… Propres à chaque famille, les rituels et traditions en façonnent la vie, l’unifi ent et la construisent d’une génération à l’autre. Ils ont cela de bon qu’ils semblent éternels, rassurent et réjouissent les enfants qui les attendent. Mais ils ont parfois la peau dure alors que les plus jeunes ont grandi et que les adolescents rechignent à les pratiquer.

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus associe sa conversion et la sortie de son enfance capricieuse à la fin de l’habitude bien ancrée de tirer des cadeaux de ses souliers le soir de Noël. Prenant sur elle pour ne pas s’en attrister, elle constate avoir reçu une force d’âme nouvelle (1). Les rituels familiaux semblent exister depuis toujours, si bien qu’on ne sait plus très bien d’où ils viennent, au point d’en perdre le sens. Comme il est bon alors d’accueillir les idées qu’apportent beau-frère, belle-sœur, gendre ou belle-fille dans la famille élargie, comme un surcroît de joie. (Anne-Françoise de Taillandier)
(1) Histoire d’une âme, manuscrit A.

Peut-on avoir le blues à Noël ?

QUEL EST CE MAL ÉTRANGE QUI FRAPPE MÊME LES CHRÉTIENS ?

C’est un phénomène sur lequel il n’existe aucune statistique. Pourtant, à l’approche des fêtes de fin d’année, qui n’a pas déjà entendu amis, parents ou collègues de travail se plaindre : « Je n’ai pas le moral », « Vivement que ces fêtes de fin d’année soient passées… » Un mal si puissant qu’il touche aussi les chrétiens. Pour eux, c’est un peu la double peine. À leur mal-être s’adjoint ainsi la culpabilité de ne pas être « saisis » comme ils devraient l’être par la joie de Noël. « Entre les cadeaux à faire à la dernière minute, les valises à boucler pour rejoindre le lieu du réveillon familial et la fatigue en résultant, que décuplent le froid et l’absence de lumière, difficile de faire une place à l’Enfant Jésus… », regrette ce jeune père de famille.

La joie ne se décrète pas

Fête éminemment familiale, Noël peut être redoutée pour des raisons opposées : par peur de la solitude – 9,5 millions de Français passeront Noël seuls selon un récent sondage – quand d’autres, au contraire, appréhendent de voir se rouvrir des blessures familiales mal cicatrisées entre le foie gras et la dinde. Parfois perçue comme un retour sur investissement normal face aux dépenses extraordinaires du réveillon, la joie ne se décrète pas. Les chrétiens savent que le Christ seul en est la source même si, paradoxalement à Noël, le chemin qui y mène peut paraître bien sinueux et semé d’embûches (les fameuses embûches de Noël). À Noël, gardons le cœur bien ouvert : à nous- même, aux autres et à Dieu. Ne mettons pas un couvercle sur nos aspirations profondes à vivre une fête centrée sur Jésus. Restons attentifs et reconnaissants pour les marques d’amour dont nous sommes l’objet. Et rappelons-nous que, tous, nous recevons à Noël, le plus estimable des cadeaux : la joie d’être pardonné. Jésus est bien ce Dieu qui sauve. (Benjamin Coste)

Noël, à l’origine, une fête païenne ? 

Pour unifier l’Empire romain, Aurélien fixa au 25 décembre la fête du Soleil invaincu. C’était en 274, bien avant que les chrétiens ne songent à une date pour fêter la naissance du Christ. Pour insister sur la nature humaine de ce dernier, le pape Libère institua une fête de l’incarnation du Sauveur entre 352 et 366. Lui aussi choisit le 25 décembre, afin de supplanter les cultes païens, pensent nombre d’historiens. Pour revêtir d’un sens chrétien le symbolisme du rallongement des jours, nuancent d’autres spécialistes. Finalement, célébrations chrétiennes et non chrétiennes coexistèrent à Rome, jusqu’à l’interdiction des cultes païens par l’édit de Thessalonique, en 380.(Guilhem Dargnies)

Revendre son cadeau, c’est mal ?

LE SENS DU DON SENS DESSUS DESSOUS 

Un bon cadeau peut faire « entendre un appel », nous avait confié le Père Étienne Grieu en 2012. Dix ans plus tard, celui qui dirige aujourd’hui le Centre Sèvres, à Paris, le réaffirme : « Un cadeau, c’est un objet porteur de l’intention de quelqu’un qui nous fait signe. Un signe qu’il faut prendre le temps d’interpréter, d’accueillir. » Et d’avertir le bénéficiaire tenté de réduire le cadeau reçu à sa valeur marchande : « Ce serait lui enlever une part de mystère. » Très bien pour les présents qui font mouche. Mais que dire des autres, ceux qui nous paraissent ringards, encombrants ou carrément à côté de la plaque ? « La revente aurait quand même pour moi quelque chose de choquant », insiste le prêtre jésuite qui suggère, si l’auteur du cadeau est un bon ami, de l’interroger à ce propos : « Qu’est-ce qui t’en a donné l’idée ? » Quitte, parfois, surtout si la qualité de la relation le permet, à le taquiner franchement : « Là, mon vieux, je crois que tu t’es complètement planté ! » (Diane Gautret)

À quoi bon se réunir si on ne peut pas se supporter ?

RÉPONDRE PRÉSENT SANS TOMBER DANS L’HYPOCRISIE

Trois ans séparent Louise et Marie. Depuis l’enfance, les deux sœurs, aujourd’hui mariées et mères de famille, n’entretiennent pas de bons rapports. Si la première estime « avoir reçu moins d’amour et d’attention » de la part de ses parents que son aînée, la seconde reproche à sa cadette de lui « avoir toujours cassé les pieds » en « mettant toujours son nez dans ses affaires ». Bien qu’habitant dans la même ville, les deux sœurs ne se croisent pas ou peu durant l’année. Mais comment refuser l’invitation parentale au repas de Noël ? Vidée de son sens originel, la fête s’est transmutée en une célébration de la famille et de ses valeurs. Grands-parents, parents et enfants rêvent de douceur, de rires échangés, de regards complices, d’un bras qui se pose sur une épaule. Mais, bien souvent, autour de Louise et Marie, ce sont plutôt les sourires crispés, les propos lourds de sous-entendus et les corps noués, figés autour de la table, qui s’invitent au menu de la soirée du réveillon. Alors à quoi bon ? Pourquoi continuer à passer du temps ensemble si, malgré les liens du sang, le courant ne passe pas ? Un choix adulte peut consister à ne pas s’infliger ce douloureux moment et à choisir une proposition qui ait du sens pour soi. Nombre de paroisses proposent par exemple de vivre Noël avec des personnes fragilisées par la vie, socialement précaires ou simplement seules le 24 décembre. 

Malgré les tensions, il est également possible de vouloir prendre part à la réunion familiale autour de Noël. C’est le choix qu’ont fait Marie et son époux. « Je continue de fêter Noël avec ma sœur, car je ne veux pas priver mes enfants de cette joie. Notre fils et nos deux filles s’entendent très bien avec les deux enfants de ma sœur », explique Marie, désireuse d’écrire, malgré le passif avec sa cadette, un récit familial joyeux pour ses propres enfants. Celle-ci a trouvé une clé précieuse pour vivre Noël en paix, sans hypocrisie. « Je me conditionne en amont, notamment en me plaçant dans une attitude de gratitude, explique-t-elle. Gratitude pour mes parents qui m’ont donné la vie, gratitude de pouvoir vivre cette fête chrétienne dans un pays qui le permet sans risque pour notre vie. Et même gratitude pour ma sœur : même difficile, notre relation me donne d’aller plus loin dans l’amour. » (Benjamin Coste)

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Fête de la Nativité : 10 questions impertinentes sur Noël

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