En Belgique et aux Pays-Bas, les rois de la coke font régner la terreur

ENQUÊTE. Un réseau de criminels d’origine marocaine a fait main basse sur les ports d’Anvers et de Rotterdam, épicentres du marché européen de la cocaïne. Ils menacent aussi bien le ministre de la Justice belge que le Premier ministre et l’héritière du trône des Pays-Bas.

«Nous allons saisir ces mafieux à la gorge ! » Pour avoir « osé » cette phrase en septembre dernier, Vincent Van Quickenborne, le ministre belge de la Justice, a failli être enlevé par quatre individus, dont un gamin de 20 ans, dans la voiture desquels on a trouvé une arme lourde, du ruban adhésif et un bidon d’essence. Ils viennent d’être arrêtés. En octobre, aux Pays-Bas cette fois, la princesse héritière Amalia, 18 ans, a reçu des menaces jugées sérieuses.

Elle venait d’entamer des études à Amsterdam, où elle comptait aussi s’émanciper. La voilà obligée de dormir cloîtrée au palais Noordeinde, à La Haye, chez papa-maman. Un an auparavant, Mark Rutte, le Premier ministre, repérait des gens bizarres qui rôdaient devant chez lui. «Les Pays-Bas gagneront ce combat! » avait-il vaillamment annoncé. « M. Normal», ainsi nommé car il sillonnait La Haye à bicyclette, vit désormais sous protection blindée, tout comme deux cents autres politiques, magistrats et journalistes néerlandais.

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Le 22 juin 2020, près de Rotterdam. Les murs sont tapissés d’aluminium, pour éviter toute détection thermique.

© DR

C’est le revers d’une enquête spectaculaire, bouclée en 2021, et du procès hors norme qui se déroule dans la banlieue d’Amsterdam, au sein d’un bunker survolé par deux hélicos et sécurisé par sept cents policiers. Ni public, ni journalistes, ni dessinateurs de presse aux audiences du procès «Marengo», mot choisi pour signifier qu’on y mène bel et bien une bataille. Juges, procureurs et avocats sont masqués, pour éviter tout risque d’être reconnus.

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Dans ce conteneur capitonné, scies, scalpels, pinces: toute une salle de torture

Dans ce conteneur capitonné, scies, scalpels, pinces: toute une salle de torture

© DR

Dans le box, Ridouan Taghi, 44 ans, présumé trafiquant de cocaïne et assassin, contre qui la perpétuité incompressible a été requise. Les jours où il daignait sortir de sa cellule pour venir assister aux débats, il faisait semblant de dormir lorsqu’on l’interrogeait. À ses côtés, dix-sept coaccusés de son clan, dealers, transporteurs, logisticiens. On prête à Taghi, qui débuta sa carrière comme petit dealer de shit à Amsterdam, d’avoir contrôlé 30% du marché européen de la cocaïne, chiffre invérifiable et, selon les spécialistes, sans doute gonflé. Mais on ne prête qu’aux riches, et la fortune de Taghi avoisinerait les 100 millions d’euros ! Il est le rescapé miracle d’une guerre de cinq ans entre une dizaine de clans. L’objectif: le contrôle, au bas mot, de 70% du marché mondial de la cocaïne, qui se comptent en centaines de milliards d’euros!

Dans un conteneur capitonné, scies, scalpels, pinces: toute une salle de torture

Tout commence en février 2012 par un vol de deux cents kilos de poudre pure dans le port d’Anvers (Belgique), par le clan des Turtles (les Tortues). De soupçons en accusations, de trahisons en retournements d’alliances, les guets-apens, séances de torture et exécutions d’une violence effarante feront 100 morts. Ici, un corps criblé de 80 balles de kalach. Là, un autre brûlé dans une camionnette, mais dont la tête repose en évidence sur la chaussée, comme un trophée. Un matin de décembre, un quartier d’Anvers est bouclé par une armée de faux policiers. Ils sont venus décimer quelques concurrents causant affaires dans leur salon. Quand il s’agit d’arracher la plus belle part d’un gâteau dégoulinant de milliards, une vie ne vaut rien.

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Marbella, une base arrière prisée de la Mocro Maffia. En mai 2021, la police y arrête Noureddine H., accusé du meurtre d’un célèbre DJ, tué par erreur lors d’un règlement de comptes.

Marbella, une base arrière prisée de la Mocro Maffia. En mai 2021, la police y arrête Noureddine H., accusé du meurtre d’un célèbre DJ, tué par erreur lors d’un règlement de comptes.

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Les autorités judiciaires belges et néerlandaises ne parviendront jamais à dessiner l’organigramme de ces réseaux tentaculaires. C’est ce que Michaël Dantinne, enseignant en criminologie à Liège, nomme l’«ubérisation» du paysage mafieux : « Ils mutualisent les risques. Tout cela est très flexible, comme l’est le monde de l’entreprise. » L’organisation est quasi militaire: chaque échelon exécute des ordres sans savoir qui, à l’échelon supérieur, les a donnés.

Représailles à la voiture piégée en août 2018, toujours à Marbella. Deux chefs de gang en réchappent.

Représailles à la voiture piégée en août 2018, toujours à Marbella. Deux chefs de gang en réchappent.

© DR

Peut-on parler de cessez-le-feu? En 2017, les armes se taisent, sauf celles de Taghi. Il a un clan, les Anges de la mort; un surnom, le Boucher; et une idole, le sanguinaire Toto Riina, commanditaire de 110 meurtres, parmi lesquels ceux des juges Falcone et Borsellino, et exécutant de 40 autres. Repéré par la police néerlandaise, Taghi file en Belgique en 2015. «Les putains de Hollandais m’ont basé [localisé] », dit-il à son bras droit. Il se réfugie un temps au Maroc puis s’installe dans une luxueuse villa de Dubaï, où il est arrêté en 2019. Sous la pression des Pays-Bas, les Émirats arabes unis, plutôt complaisants envers ces personnages richissimes, autorisent son extradition. Car, entre-temps, un des logisticiens et tueurs à gages de Taghi, Nabil B., 35 ans, a été arrêté.

Gwenette Martha, baron de la drogue, est assassiné de 84 balles de kalachnikov en mai 2014, près d’Amsterdam.

Gwenette Martha, baron de la drogue, est assassiné de 84 balles de kalachnikov en mai 2014, près d’Amsterdam.

© DR

Contre un aménagement de sa peine, il a livré bien des secrets. «Celui qui parle meurt », menaçait sans cesse Taghi. À défaut d’éliminer ce « témoin de la Couronne » ultra-protégé, il fait exécuter son frère, publicitaire, en 2018. Puis, un an plus tard, son avocat, Derk Wiersum, 44 ans. Et, en juillet 2021, la star des médias néerlandais Peter de Vries, 64 ans, dont on connaît les retentissantes enquêtes criminelles. Il était devenu le conseiller du repenti. Cinq balles tirées par un gosse de 21 ans, à la sortie d’un studio d’enregistrement. Immense émotion nationale.

Cruels mais pas si futés, ils s’imaginaient que leurs conversations cryptées à 400 euros par mois étaient inviolables

Aux Pays-Bas, la presse relate les faits, gestes et basses œuvres de ces mafieux. En 2018, à trois jours d’intervalle, les jour naux « Panorama » et «De Telegraaf » sont visés. Et pas mollement: lance-roquettes et voiture-bélier. Enfin, un dénommé Martin Kok, voyou devenu blogueur, est refroidi sur le parking d’un sex-club de Laren. Il avait publié noms et photos de quantité de mafieux, dont Taghi, assortis de commentaires savoureux.

Février 2020. Après s’être arraché les cheveux pendant des mois, les limiers cybercriminels français, belges et néerlandais réussissent enfin à « craquer » le réseau crypté canadien Sky ECC, prétendument inviolable, que les clans utilisent pour communiquer. « Ils ne sont pas très futes-futes, ironise un pénaliste belge. Leurs aînés s’étaient déjà fait piéger avec des téléphones cryptés. Au motif que leur abonnement coûtait une fortune, 400 euros par mois, ils s’imaginaient à l’abri. Mais WhatsApp, avec ses centaines de millions d’abonnés, reste le réseau le plus sûr. » De février 2020 à mars 2021, pas moins de 600 000 échanges, SMS, photos et vidéos vont être analysés. Il en reste 1,4 milliard à traiter, ce qui demanderait des années, mais il était urgent d’agir.

Un peu plus de 2% des conteneurs débarqués au port d’Anvers sont inspectés. Kristian Vanderwaeren, patron des douanes belges, rêve de porter ce chiffre à 100%.

Un peu plus de 2% des conteneurs débarqués au port d’Anvers sont inspectés. Kristian Vanderwaeren, patron des douanes belges, rêve de porter ce chiffre à 100%.

© AFP

Le 9 mars 2021, gigantesque coup de filet: 1800 policiers effectuent 200 perquisitions et procèdent à 48 arrestations. Armes de guerre, faux passeports, vrais uniformes de police, flotte de berlines volées. En prime, 17 tonnes de cocaïne et, dans des fermes du Brabant belge, des laboratoires où des chimistes colombiens s’affairent à la coupe. Les données Sky ECC ont parfois horrifié des policiers pourtant rompus.

Des clichés montrent des corps suppliciés puis découpés en morceaux

Des photos leur révèlent l’existence d’une salle de torture dans un conteneur capitonné. Équipement complet: fauteuil de dentiste, scies, scalpels, menottes, pinces, marteaux et même, sous bâche, un détecteur de mensonges! Car, comme s’il ne suffisait pas de dealer d’énormes cargaisons de cocaïne, tout ce beau monde passe son temps à se la piquer. D’autres clichés montrent des corps suppliciés puis découpés en morceaux. Les rois de la coke s’adonnent à la fameuse «cravate colombienne», invention de Pablo Escobar: trancher la gorge du supplicié puis faire ressortir sa langue par le trou béant. Mort, paraît-il, plus qu’atroce.

Dans le viseur des policiers et douaniers, les employés du port corrompus. Pour cacher un conteneur, un agent peut toucher jusqu’à 25 000 euros

Dans le viseur des policiers et douaniers, les employés du port corrompus. Pour cacher un conteneur, un agent peut toucher jusqu’à 25 000 euros

© AFP

Leurs pseudonymes sur Sky ECC illustrent l’état d’esprit général: AK-47, Omerta New, Obélix. Les textos parlent d’«endormir » ou de «désactiver » untel. Taghi est le plus cru de tous. Extraits: «Je vais bien, je porte mes Nike de chasse, ahaha, je suis déjà ivre, frère, j’ai besoin de sang. » «Le Yougo ne vit plus, aha, ce chien a reçu cinq balles dans la tête. Youpi, bien fait pour ce fils de pute. » Il se croit intouchable, devient imprudent. Sa messagerie le désigne commanditaire des meurtres du frère du repenti, de son avocat, du journaliste vedette et du blogueur. Toujours sur Sky ECC, d’autres abonnés publient des selfies vaniteux devant leurs villas, leurs yachts, leurs Bentley, leurs Maserati, leurs tableaux de maîtres.

A Anvers, le trafic de cocaïne équivaut à cinq fois le budget de la ville et vingt fois celui de la police belge

Les échanges cryptés prouvent d’étroits liens avec la mafia sicilienne, sans cesse consultée pour ses judicieux conseils en matière de blanchiment. À travers des filières bancaires parallèles, douteuses et intraçables, l’argent ressort tout propre. À Anvers, le quartier de Borgerhout en est un des rares symboles visibles: l’économie illégale a supplanté l’officielle. Le trafic de cocaïne équivaut à cinq fois le budget de la ville et vingt fois celui de la police belge.

Le port d’Anvers, terrain de combat des clans, s’étire sur les deux rives de l’Escaut. Plus vaste que Paris, impossible à verrouiller, ses portes restent grandes ouvertes. Il est le deuxième port européen après Rotterdam, mais surtout le premier port fruitier. C’est précisément parmi les fruits que la cocaïne voyage. D’autres astuces témoignent de la créativité des trafiquants: coke fondue dans le plastique de poupées, ou imbibant du textile, des fleurs de cacao, des planches de bois et, plus récemment – il fallait y penser! –, dans la structure même des conteneurs. Le patron des douanes belges, Kristian Vanderwaeren, rêve que quelqu’un parvienne un jour à fabriquer un «e-nose», un nez électronique qu’on placerait tout en haut de chaque grue, pour scanner en un éclair les 12 millions de conteneurs qui transitent chaque année à Anvers.

Une future reine prise pour cible. Depuis le 13 octobre, Catharina-Amalia des Pays-Bas vit sous haute protection. Ici avec le roi Willem-Alexander, le 4 novembre

Une future reine prise pour cible. Depuis le 13 octobre, Catharina-Amalia des Pays-Bas vit sous haute protection. Ici avec le roi Willem-Alexander, le 4 novembre

© Bestimage

Pour l’heure, ses services ne disposent que de trois scanners géants, fixés au sol, où passent les poids lourds sélectionnés au hasard ou après un « tuyau». On a investi 70 désolants petits millions d’euros pour en livrer cinq de plus d’ici à 2023 (il en faudrait 24 pour contrôler 100% des marchandises) et engager 108 agents afin d’épauler les 365 existants. Parmi eux, des spéléologues chargés de fouiller les recoins des navires : parmi les équipages se trouvent parfois des «mules», chargées de planquer ici ou là quelques maigres kilos. Des plongeurs sondent les coques. C’est un bataillon face à une armée. Pourtant, en 2021, ils ont réussi à intercepter 89 tonnes à Anvers et 68 à Rotterdam, et 2022 verra ce record battu: 157 tonnes au total, vingt-cinq fois plus qu’il y a quinze ans.

Sky ECC a dénoncé pour l’instant une trentaine de complices, policiers, douaniers, employés de port et avocats

À supposer qu’on intercepte 10% du trafic, chiffre dont personne n’explique vraiment l’origine, ce sont donc 1570 tonnes de cocaïne pure, coupée ensuite deux ou trois fois avec Dieu sait quoi, soit 3500 tonnes, qui atterrissent sur le marché au prix (moyenne européenne) de 68,50 euros le gramme. Stupéfiant, d’autant que les bénéfices s’accumulent d’une année sur l’autre. Les enquêteurs redoutaient de mettre au jour une corruption généralisée.

Le Premier ministre Mark Rutte a dû, lui aussi, se soumettre à une protection rapprochée. Un coup dur pour cet adepte du vélo en solitaire.

Le Premier ministre Mark Rutte a dû, lui aussi, se soumettre à une protection rapprochée. Un coup dur pour cet adepte du vélo en solitaire.

© ANP / REMKO DE WAAL

Sky ECC n’a dénoncé pour l’instant qu’une trentaine de complices, policiers, douaniers, employés de port et avocats. On est encore loin du narcoÉtat décrit par certains médias, avec des hautes sphères corrompues. Mais à écouter Michel Claise, juge d’instruction à Bruxelles, spécialiste de la criminalité financière en tout genre – ses dossiers ajoutent 1000 autres milliards au chiffre d’affaires de la cocaïne –, on en prendrait le chemin: «On a perdu tout contrôle sur les flux astronomiques qui se jouent des frontières. Pour moi, c’est irréversible. Les politiques le nient, mais fermer les yeux, c’est être complice», nous dit-il tout en s’alarmant du manque de moyens.

On a perdu tout contrôle sur les flux astronomiques qui se jouent des frontières

Michel Claise, juge d’instruction à Bruxelles

«Sur cinq dossiers que j’ouvre pour enquête, quatre me reviennent.» Insuffisance des places en détention provisoire, procédures interminables, pourvois en cassation: nombre de mafieux sortent de prison. Len Augustyns, pénaliste à Anvers, en défend quelques-uns: «L’enquête policière ne repose que sur le réseau Sky ECC. Mais il est souvent compliqué de prouver que tel trafiquant est l’auteur de tel SMS», confie-t-il.

Des pointures se retrouvent aux Émirats arabes unis ou en Turquie, d’où ils s’arrangent pour ne pas être expulsés. Ainsi font-ils de fausses dettes aux Émirats arabes unis, où la loi édicte qu’on ne peut pas être extradé si l’on a contracté une dette avec un national… La Turquie, elle, autorise la naturalisation de tout propriétaire d’un bien de plus de 400 000 euros. Une paille pour ces richissimes trafiquants, devenus des «high value targets», cibles prioritaires pour les polices européennes et américaines. Depuis ces deux bases arrière, ils font désormais tourner la machine anversoise, où ne demeure que la main-d’œuvre, les seconds couteaux.

À Dubaï, les vieilles querelles n’empêchent pas de se côtoyer

Dubaï est pour eux «the place to be» pour son côté bling-bling. L’argent y ruisselle comme l’eau de leurs piscines à débordement. «Il est moins suspect de vivre là où les transferts d’argent sont colossaux», commente le Michaël Dantinne. Citons les plus recherchés. Othman El B., 36 ans, ancien patron à Anvers d’un réseau de dockers maffieux, possède onze propriétés aux Émirats arabes unis et vend des montres de luxe portées par des stars mondiales.

 

Les frères Christophe et David K., qui auraient trafiqué pour 23 milliards d’euros de cocaïne, organisent depuis Dubaï des matchs de boxe de renommée internationale. Leur tête est mise à prix 5 millions de dollars par la DEA (l’agence américaine chargée de la lutte antidrogue). Enfin, Jos L. alias El Presidente pour ses compétences en matière de blanchiment. Un fou dangereux de 29 ans, qui se trouverait en Turquie, soupçonné d’avoir, en 2019, torturé à mort la seule mafieuse du lot, Naima Jillal, 52 ans, surnommée «la Marraine» en hommage à Marlon Brando, dont les restes n’ont jamais été formellement identifiés.

À Dubaï, les vieilles querelles n’empêchent pas de se côtoyer. Les avocats belges ou néerlandais conseillent toutefois de se tenir à carreau et, si possible, de ne pas s’entre-tuer: dans ce pays, la tolérance zéro en matière de crime n’est pas une parole en l’air. Alors ils festoient, en signant même des accords avec les branches italienne, bosniaque et albanaise. En 2017, un mariage somptueux, dont la DEA ne perdit pas une miette, unissait la fille de Raffaele Imperiale (branche italienne) au fils de Taghi.

De l’avis général, cette violence bête et irréfléchie est contreproductive: elle oblige le pouvoir politique à réagir

Invités de marque: des membres de Tito et Dino (cartel bosniaque). Imperiale sera extradé en 2021 par les Émirats arabes unis, là encore sous la pression des Pays-Bas. Car, en plus de ses trafics, il est l’auteur du vol de deux Van Gogh dans un musée d’Amsterdam. En Belgique, les autorités ont annoncé avoir conclu un accord avec les Émirats arabes unis, précurseur de nombreux retours. Mais rien ne se passe. Joris van der Aa, journaliste spécialiste de ces mafias pour le quotidien anversois «Gazet van Antwerpen», termine ironiquement tous ses articles par: «Baromètre des extraditions: 0.»

À Anvers, trente-sept actes de violence ont assombri l’été dernier. Lancers de grenades, voitures incendiées, façades criblées de balles… les occupations de jeunes cagoulés qui se trompent parfois de cibles et se moquent des caméras de surveillance. «La criminalité, pour l’instant sans victimes et heureusement ultra-ciblée, s’est déplacée des Pays-Bas en Belgique, souligne un policier anversois. On a laissé le trafic grandir, avec des peines encourues plus faibles. À La Haye, un simple transporteur a pris quatorze ans de détention!» De l’avis général, cette violence bête et irréfléchie est contreproductive: elle oblige le pouvoir politique à réagir. Les mafieux suivront peut-être un jour la maxime du successeur de Toto Riina, Bernardo Provenzano, surnommé le Comptable, qui martelait à ses troupes: «On n’assassine plus les juges, on le devient. » Un pas de géant vers le narco-État.

 

 

 

 

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En Belgique et aux Pays-Bas, les rois de la coke font régner la terreur

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